Suppression de l’aide médicale d’État au Sénat : les hôpitaux dénoncent « une hérésie »

Publié le 9 novembre 2023 à 11h45 - par

La suppression de l’aide médicale d’État (AME) réservée aux sans-papiers, adoptée mardi 7 novembre 2023 au Sénat, est « une hérésie humanitaire, sanitaire et financière », dénonce, mercredi 8 novembre 2023, la Fédération des hôpitaux publics, pointant le risque de « conséquences dramatiques » sur le système de santé, déjà en souffrance.

Suppression de l'aide médicale d'État au Sénat : les hôpitaux dénoncent "une hérésie"
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Le Sénat a adopté mardi 7 novembre 2023 la suppression de ce dispositif – qui couvre intégralement les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois – et l’a transformé en « aide médicale d’urgence » à l’occasion de l’examen du projet de loi immigration. Le Gouvernement ne s’est pas opposé à cette réforme, introduite par la droite.

« La FHF dénonce avec force une suppression qui risquerait d’avoir des conséquences dramatiques sur un système de santé déjà en grande souffrance. Elle appelle l’Assemblée nationale, qui se penchera sur le texte à partir du 11 décembre 2023, à rétablir ce dispositif protecteur essentiel », écrit dans un communiqué la Fédération hospitalière de France (FHF).

La FHF pointe d’abord des « risques majeurs en termes de santé publique », alors que ces personnes sont « souvent plus précaires et sujettes aux maladies infectieuses ». Cette réforme « revient à affaiblir notre système de santé, à rebours du virage préventif souhaité par tous les acteurs », juge-t-elle, déplorant que « les leçons de la pandémie de Covid-19 semblent oubliées ».

« Sur le plan financier, la suppression de l’AME fragiliserait de façon extrêmement forte un hôpital public soumis à de fortes tensions budgétaires » en le privant « des financements associés à la prise en charge des personnes malades, qui continueraient d’être soignées », poursuit la fédération.

« L’ensemble de la communauté scientifique, médicale et économique s’accorde à dire qu’une prise en charge précoce des problèmes de santé est souvent moins onéreuse qu’une prise en charge tardive », « aux effets désastreux pour les personnes », ajoute-t-elle.

La fin de l’AME placerait enfin les soignants « dans une situation de dilemme éthique et déontologique inacceptable : refuser des soins nécessaires et un soulagement de la souffrance ou soigner en dégradant la situation budgétaire de leur établissement », déplore encore la FHF.

« J’appelle les parlementaires qui examineront le texte à l’Assemblée nationale à suivre la voix de la raison et à rétablir ce dispositif », plaide le président Arnaud Robinet.

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