Vaccination : les collectivités montent au front pour « combler » les carences de l’État

Publié le 6 janvier 2021 à 11h07 - par

Comme au printemps lors de la pénurie de masques, les élus locaux montent au créneau pour dénoncer les carences d’un État à leurs yeux trop centralisé et proposent leurs services pour accélérer la campagne de vaccination contre le coronavirus.

Vaccination : les collectivités montent au front pour "combler" les carences de l'État

« Tout remonte à Paris. C’est effrayant de centralisme », s’est emporté mardi 5 janvier 2021 le maire (LR) de Caen Joël Bruneau, alors que les élus grognent contre la gestion « hyper-centralisée » de la campagne de vaccination.
 
« Si je résumais l’État, je dirais que c’est un triangle des Bermudes avec trois sommets : l’incompétence de ceux qui nous dirigent, cette bureaucratie incroyablement paralysante, et cette hypercentralisation qui fait que ça ne vient pas dans les territoires », a-t-il souligné sur LCI.
 
Sur Franceinfo, le maire (PS) du Mans, Stéphane Le Foll, a affirmé avoir appris « par la radio » le début de la vaccination dans sa ville mardi soir. « Tout ça dans l’improvisation et sans discussion entre nous », a-t-il déploré.
 
Comme lui, d’autres élus enragent, comme Jean Rottner, le président (LR) d la région Grand Est, l’une des plus touchées lors de la première vague, qui a très vite dénoncé « un scandale d’État ».
 
« Des communes, départements et régions mobilisées pour réussir la vaccination à grande échelle contre le Covid… bloquées par l’inaction et l’échec de ce gouvernement », s’est aussi indigné sur Twitter le sénateur (PS) du Val d’Oise Rachid Temal.
 
Après leur intervention au printemps dans la commande et la distribution de masques pour faire face à la pénurie, les collectivités ont manifesté à plusieurs reprises au cours des dernières semaines leur disposition à épauler l’État pour la vaccination.
 
La crise sanitaire agit « comme un révélateur de lenteurs pourtant connues depuis des décennies », estime Romain Pasquier, politologue et directeur de recherche au CNRS.
 
Selon lui, « après les masques, le vaccin est le second sparadrap du capitaine Haddock pour l’État central ».
 
« Je pensais que le ministère de la Santé aurait appris de l’expérience douloureuse du printemps, avec un premier confinement qui a été géré d’une manière extrêmement jacobine, mais il n’en a rien été », analyse-t-il.
 
En première ligne, le ministre de la Santé Olivier Véran se défend d’avoir agi sans concertation : « Semaine après semaine, depuis plusieurs mois, je réalise moi-même les consultations », a-t-il affirmé sur RTL, rappelant l’existence de « cellules de coordination » dans les départements.
 

« Plus de temps à perdre »

Les élus font aussi des propositions, à l’image le président du département d’Indre-et-Loire, Jean-Gérard Paumier (LR), qui a remis une lettre à Emmanuel Macron lors de sa visite à Tours, dans laquelle il propose « une déconcentration au niveau des préfets pour organiser les campagnes de vaccination avec ordre et méthode dans tous les territoires ». 
 
Il faut que « les maires soient associés à l’organisation de la campagne de vaccination », a estimé l’Association des Maires de France (AMF) dans un communiqué.  
 
À l’instar d’autres villes, Paris propose d’ouvrir les mairies d’arrondissements ou d’autres locaux pour accueillir des lieux de vaccination. 
 
« Il n’y a plus de temps à perdre », s’exclame pour sa part l’association France Urbaine, qui regroupe la quasi-totalité des grandes villes et des métropoles françaises. 
 
L’Assemblée des départements de France (AdF) veut aussi « jouer un rôle majeur ». Elle propose l’implication des médecins territoriaux, du soutien logistique au transport du vaccin ou encore à « la mise en place de centres de vaccination dans les communes, dans les Ehpad privés et dans les établissements prenant en charge des personnes en situation de handicap ».
 
Face à la grogne des élus, M. Castex les a flattés lors d’un déplacement à Toulon : « Je veux leur dire ce matin combien je mesure leur implication au quotidien depuis le début de cette crise et combien je les en remercie. » 
 
Le Premier ministre a également assuré que le gouvernement « avait toujours privilégié la concertation au plus près du terrain, même si notre organisation institutionnelle, conjugué à la gravité de la situation donne le dernier mot à l’État responsable de la santé publique ».
 
Présent à Toulon, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Régions de France Renaud Muselier a annoncé la tenue d’une réunion mercredi 6 janvier avec les autres présidents de région pour formuler des propositions au gouvernement.

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