Des policiers municipaux plus fréquemment armés, utilisant la vidéoprotection, les caméras-piéton et la géolocalisation : c’est le profil qui ressort du sixième panorama de la police municipale des Villes de France publié en septembre 2023. Cette enquête confirme que l’armement, létal ou non, se généralise et monte en gamme dans les villes moyennes. En effet, la plupart des policiers municipaux des villes interrogées (soit 44 villes sur 45) sont équipés d’armes non létales de type taser (pistolets à impulsion électrique – PIE) ou flashball ainsi que de gilets pare-balles. Lorsqu’ils sont armés, ils disposent le plus souvent de pistolets semi-automatiques chambrés en 9 mm (le calibre utilisé par les forces de l’ordre). « Le contexte d’insécurité urbaine, ou plus anciennement d’attaques terroristes est donc à l’origine d’un changement de nature de l’équipement des polices municipales, qui s’est accéléré ces dernières années », précise l’association d’élus. En un peu plus de dix ans, les villes dont les agents de ne sont pas équipés d’armes létales sont presque devenues une exception.
Alors qu’elle a suscité d’innombrables débats à ses débuts il y a une vingtaine d’années, la vidéoprotection est aujourd’hui « quasiment incontournable » pour renforcer la sécurité et prévenir la délinquance. Sa progression continue le montre. En 2023, 95 % des villes étudiées disposent d’un dispositif de vidéoprotection sur la voie publique ; elles étaient 92 % en octobre 2020 et 90 % en septembre 2018. Seules deux communes n’avaient aucun dispositif au moment de l’enquête. On compte en moyenne 111 caméras dans une ville-type de 35 000 habitants – 66 dans le panorama 2020. Un quart des villes analysées ont été confrontées à des dégradations, ponctuelles ou récurrentes, de certaines caméras. Quant aux opérateurs chargés de la vidéoprotection, ils sont en moyenne 5,8 en équivalent temps plein (ETP), contre 5,3 en 2020. Il faut noter que les deux tiers des villes équipées ont un dispositif de basculement immédiat des images vers la police ou la gendarmerie nationales. Insuffisant, selon Villes de France qui déplore qu’« encore un trop grand nombre de villes pourtant dotées de caméras ne disposent pas de cette possibilité, ce qui peut poser des problèmes de réactivité en cas de “flagrance” ou de menaces immédiates sur la population ».
En outre, certaines communes, confrontées à une circulation dense (Île-de-France…) ou situées dans les zones touristiques ou littorales, pratiquent la vidéo-verbalisation.
Les villes enquêtées sont également entrées « dans une période de modernisation » : plus d’une ville moyenne sur deux utilise la géolocalisation et les caméras-piéton qui permettent d’enregistrer les interventions. Plusieurs autres ont affirmé qu’elles se doteront de ces caméras « dans un proche avenir », « étant donné leur intérêt pour prévenir et gérer les conflits et garantir la transparence de l’action publique. »
Les services de police municipale emploient plus de 6,6 agents pour 10 000 habitants (4,6 en 2020) et leur budget global de fonctionnement (personnel inclus) s’élève en moyenne à 1,2 million d’euros. Selon le nombre d’agents et leurs missions, il en coûte à la ville entre 100 000 euros et plusieurs millions d’euros quand le service compte plus de cinquante agents. En 2022, elles ont dépensé en moyenne 55 000 euros pour les charges courantes de fonctionnement.
Quant aux investissements, très variables d’une année à l’autre, ils ont atteint 270 000 euros en moyenne en 2022, dus en grande partie aux dépenses de vidéoprotection (installation, entretien, suivi) qui ont représenté 191 000 euros en moyenne sur l’année.
Villes de France insiste sur le fait que la police municipale doit continuer à agir en complémentarité de la police nationale ou de la gendarmerie, et non s’y substituer. Pourtant, elle est de plus en plus sollicitée, lors d’événements festifs, de manifestations, ou pour les incivilités du quotidien.
Marie Gasnier
L’enquête L’enquête a été réalisée par écrit juste avant les émeutes du début d’été 2023. Elle restitue les réponses d’élus, DGS, DGA, directeurs de service ou dirigeant de police municipale de 46 villes moyennes, membres de Villes de France (qui regroupe les villes de 10 000 à 100 000 habitants et leurs intercommunalités). |