Roues arrières, zigzags, circulation sur les trottoirs… Les auteurs de « rodéos urbains » utilisent intentionnellement des véhicules terrestres motorisés (deux-roues, voitures, quads) pour effectuer des manœuvres dangereuses et répétées sur la voie publique, au mépris du Code de la route. Outre les nuisances sonores qu’elles occasionnent, ces pratiques délictuelles mettent en grand danger les riverains et les usagers. On l’a vu début mai 2025 à Évian-les-Bains (Haute-Savoie, 9 481 habitants), lorsqu’un pompier volontaire percuté sciemment a failli perdre la vie. D’autant que ces rodéos sont parfois des phénomènes de groupes, impliquant de très nombreux véhicules.
Dans une circulaire du 9 mai 2025, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, demande aux procureurs de la République de confisquer les véhicules ayant servi à ces comportements irresponsables. « Vous veillerez à faire procéder systématiquement à toutes investigations permettant la saisie des véhicules afin de permettre leur confiscation au moment du prononcé de la condamnation », précise le ministre de la Justice, pour qui la confiscation obligatoire des véhicules ayant servi à commettre l’infraction est un « outil incontournable dans la lutte contre la récidive ». Les magistrats du siège doivent être associés « étroitement » à la mise en œuvre de cette politique pénale.
Fourrières municipales
Le ministre de la Justice souhaite aussi que les procureurs de la République signent des protocoles avec les collectivités locales qui disposent de fourrières, afin de « favoriser une prise en charge à titre gracieux des véhicules saisis ».
Par ailleurs, en application de l’article 41-5 du Code de procédure pénale, Gérald Darmanin leur demande de procéder « à la destruction ou à la vente avant jugement » des véhicules utilisés pour commettre ces infractions. Le garde des Sceaux se réfère notamment à une circulaire du 20 juillet 2023, dans laquelle son prédécesseur Éric Dupont-Moretti appelait déjà à une politique pénale ferme à l’égard des auteurs d’infractions mettant gravement en danger les autres usagers de la route, précisant que les faits les plus graves et les refus d’obtempérer devaient faire l’objet d’une comparution immédiate.
Le syndicat de policiers Alternative Police réclame également, pour éradiquer les rodéos, de renforcer la vidéosurveillance, de sanctionner la diffusion d’images de rodéos sur les réseaux sociaux, ou encore de transposer la méthode anglaise du « contact tactique » ou du « tampon », qui consiste à percuter le véhicule pour interpeller l’auteur du délit.
Marie Gasnier
Depuis 2018, le Code de la route (articles 236-1 et suivants) définit les rodéos urbains, pour lesquels il prévoit des sanctions spécifiques. Les auteurs de ce délit sont passibles d’un an d’emprisonnement, de 15 000 euros d’amende et d’un retrait de six points sur le permis de conduire. Les faits commis en réunion, par une personne alcoolisée ou sous l’emprise de stupéfiants, ou encore l’absence de permis de conduire créent des circonstances aggravantes qui portent les sanctions à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. L’article 236-2 crée également un délit d’incitation au rodéo et l’article 236-3 prévoit la confiscation obligatoire des véhicules ayant servi à commettre les infractions. |