Directeur de cabinet : un métier de terrain où la polyvalence prend tout son sens

Publié le 9 septembre 2020 à 9h41 - par

Entretien avec Hervé Alloy, président de l’association de directeurs de cabinet DIRCAB depuis 2016 ; un siège qu’il a également occupé de 2008 à 2011. Il est depuis cette année 2020 maire de la commune de Guîtres (Gironde).

Directeur de cabinet : un métier de terrain où la polyvalence prend tout son sens
Interview d’Hervé Alloy, président de l’association de directeurs de cabinet DIRCAB
Hervé Alloy,
Président de l’association de directeurs de cabinet DIRCAB.

Pouvez-vous nous présenter votre association ?

L’association DIRCAB (à l’origine « Association des directeurs de cabinet des collectivités territoriales à direction socialiste et républicaine ») est née en 1978 sous l’impulsion de Michel Delebarre, son président fondateur et de collègues de Lille, Nantes et Grenoble, désireux de se rassembler pour créer un lieu de rencontres et d’échanges. DIRCAB était alors plutôt une amicale qui s’est ensuite structurée pour offrir des services professionnels aux collaborateurs de cabinet tout en y maintenant une belle convivialité quasi légendaire.

Aujourd’hui, DIRCAB compte environ 500 membres à son actif et s’étend sur l’ensemble du territoire national mais également Outre-mer. En dehors de son bel esprit de convivialité, l’association est un véritable réseau professionnel qui alimente activement une plateforme de recrutement à destination des collaborateurs de cabinet.

Véritable espace collaboratif, notre association met à l’honneur les échanges d’expériences professionnelles au travers de notre compte WhatsApp où nous proposons des services très concrets à nos adhérents. C’est dans cette perspective qu’au cours de la récente campagne municipale, nous avons conclu un partenariat avec Philippe Bluteau, avocat réputé en matière de droit public [ndlr : et auteur expert WEKA sur les questions de droit électoral et de vie politique locale], afin de pouvoir répondre très précisément aux divers questionnements des des membres de l’association.

DIRCAB travaille également de concert avec Dextera autour de la mise en valeur et l’évolution du statut des collaborateurs de cabinet.

Comment décririez-vous le métier de directeur de cabinet ?

Ce métier ne se décrit pas et ne s’apprend pas. Il y a autant de manière de l’exercer qu’il y a de directeurs de cabinet et d’élus. Avant tout, le dircab est un homme ou une femme seul(e), constamment confronté(e) aux questionnements. C’est là que nos associations sont nécessaires puisqu’elles favorisent les échanges et rompent a minima cet « isolement ».

Nous avons longtemps été issus du militantisme et la manière de pratiquer en découlait. S’il fallait tout de même caractériser le métier de directeur de cabinet, il faudrait souligner sa grande polyvalence : préparation des dossiers, être/rester accessible pour l’élu ou le conseiller tout en les accompagnant et les protégeant, avoir l’oreille et les yeux en éveil, sentir « les coups » bons et mauvais, etc. Le dircab évolue sur une courroie de transmission et agit tel un amortisseur ou parfois un fusible. Il se doit d’être avant tout omniprésent. La confiance que place en lui l’élu est indispensable. Mais encore faut-il la gagner et la préserver !

Aujourd’hui, cependant, la recherche des élus a quelque peu évolué et ces derniers misent sur des profils de techniciens, des cabinets plus spécialisés, moins polyvalents et sans doute plus experts. C’est une nouvelle génération de collaborateurs de cabinet qui s’installe avec des compétences plus techniques mais sans doute sont-ils moins militants et politiques qu’auparavant.

Comment les directeurs de cabinet ont-ils vécu la crise sanitaire ? Y a-t-il eu des impacts profonds dans la pratique de la fonction ?

Parmi les principales qualités recherchées chez un dircab, figurent en bonne place son adaptabilité et sa réactivité. Les directeurs de cabinet ont eu l’occasion d’en user et en usent encore en ces temps de crise sanitaire. Il a fallu se confronter aux obligations, à la nécessité de réagir rapidement, à l’incompréhension, souvent, des préconisations. Plus que jamais, le dircab est en responsabilité ! Souvent seul, comme je l’ai dit plus haut. Notre compte WhatsApp a largement démontré son utilité, en particulier ces derniers mois, concernant les échanges d’expériences et la recherche de conseils au sein de notre communauté. D’autant que pour certains directeurs de cabinet, cette période de crise a coïncidé avec la campagne du second tour des municipales. Une situation complexe à gérer mais je ne pense pas qu’il y ait eu des impacts profonds dans la pratique de la fonction. Le dircab doit savoir répondre à tout !

De directeur de cabinet à la communauté urbaine de Dunkerque vous êtes devenu récemment maire de la commune de Guîtres en Gironde. Avec votre expérience des deux fonctions, de quelle manière, selon vous, un directeur de cabinet doit-il se positionner vis-à-vis de l’élu ?

Complicité, c’est le mot-clé de cette fonction ! C’est de là que découle la confiance mutuelle. Il faut s’entendre mais ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille être d’accord sur tout. Le dircab doit aussi savoir replacer son élu sur les bons rails si, d’aventure, il s’en déviait quelque peu. C’est le principe même de la discussion, du dialogue constant. J’ai travaillé 16 ans avec Michel Delebarre à Dunkerque et c’était cette connivence qui nous caractérisait. Nous parlions beaucoup mais il n’y avait pas besoin de longs discours pour nous comprendre ! Malheureusement notre complicité était telle que nos habitudes sont aussi devenues indestructibles. Je pense, avec le recul, que notre défaite de 2014 aurait peut-être pu être évitée si au lendemain de notre victoire au premier tour de 2008, Michel Delebarre avait choisi un nouveau dircab, apte à maintenir sa motivation tout en brisant ses habitudes. Parfois, quoi que dise la formule, il faut savoir changer une équipe qui gagne. Personnellement, je n’ai pas de directeur de cabinet. Premièrement, parce que je n’en ai pas les moyens au sein de ma petite commune. Ensuite, je crois que nous ferions un peu doublon. Je connais si bien ce métier que je ne lui laisserai pas suffisamment d’espace pour générer cette complicité si indispensable à notre relation.

Propos recueillis par Julien Prévotaux


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