Les secrétaires généraux de mairie, dont plus de neuf sur dix sont des femmes, sont des maillons essentiels des petites collectivités. Une fonction « caractérisée par un fort investissement, un grand professionnalisme et une capacité d’adaptation remarquables », selon une étude nationale publiée en avril 2025 par l’Association nationale des directeurs et des directeurs adjoints des centres de gestion de la fonction publique territoriale (ANDCDG), fondée sur 4 400 réponses.
L’étude pointe « un métier d’engagement et de sens, porté par des professionnels dévoués, mais exposés à de fortes tensions », en raison notamment d’une charge de travail très élevée et d’un environnement sans cesse plus complexe. Malgré ses avantages (faciliter les démarches, tracer, archiver…), la dématérialisation n’arrange rien : portails et mots de passe multiples, rigidité, exigence d’immédiateté peuvent être perturbants. Sans compter l’incapacité à joindre un interlocuteur en cas de difficulté, qui augmente le sentiment d’isolement des secrétaires généraux de mairie et diminue leur contact avec la population. Or, près de 93 % d’entre eux trouvent du sens à leur travail en raison de son utilité sociale, source de motivation et d’investissement au quotidien.
Ils apprécient leur autonomie, la nature de leurs tâches, la qualité des relations avec les élus. Mais, outre la charge de travail, les niveaux de rémunération et le manque de reconnaissance par les élus, agents et usagers tendent à démotiver les secrétaires généraux de mairie. Ils sont nombreux à constater une récente dégradation de leurs contacts avec le public et soulignent la complexification des tâches, liée aux transferts de compétences et au désengagement des services de l’État dans les territoires.
Engagés au côté des élus, les secrétaires généraux de mairie sont très mobilisés au service de l’administration de leur collectivité : plus de 9 sur 10 assistent au conseil municipal, où leur expertise est largement sollicitée (85 %). Quant aux réunions de service, dans deux tiers des cas, elles sont animées par le maire, les élus et le secrétaire général. Pourtant, la coordination avec l’élu est le plus souvent informelle (point « impromptu », café rituel du matin…), mais elle peut aussi être programmée. Lorsque l’élu est peu disponible, les échanges ont lieu par messagerie ou SMS. Les relations étroites et constructives avec le maire représentent un aspect très positif de la fonction : échanges faciles ou très faciles avec le maire et les élus (93,6 %), soutien décisionnel du maire et des élus en cas de problème (87,5 %), bonne information des décisions du maire (87,4 %), ou encore faculté d’exprimer librement une opinion (85,9 %).
Un management jugé « inutile »
L’étude souligne paradoxalement le faible développement des pratiques de management : 52 % des petites collectivités ont un organigramme, 20 % un plan de formation et 76 % une fiche de poste actualisée pour chaque agent. De nombreux répondants considèrent que, « dans la collectivité, chacun sait ce qu’il a à faire » et que toute pratique de management serait donc « inutile », y compris l’entretien annuel qui « ne servirait à rien » lorsqu’on se croise tous les jours.
Quant au plan de formation, il est souvent jugé peu utile pour une structure de quelques personnes. Les secrétaires généraux de mairie et les agents avouent manquer de emps. Ils doivent assurer la continuité du service public, rattraper la charge de travail après une absence, et parfois affronter la réticence des élus.
La prévention des risques professionnels et de la santé-sécurité au travail apparaît très hétérogène. Les collectivités sont peu nombreuses à disposer d’un document unique actualisé ou d’un règlement intérieur, mais elles réalisent des actions ponctuelles (achat et mise à disposition de matériel).
Parmi les missions obligatoires des centres de gestion, figure désormais l’animation du réseau départemental des secrétaires généraux de mairie. Une « opportunité forte » face à leur isolement, souligne l’étude. Au-delà d’un espace d’échange informel, il conviendrait que ces réseaux proposent divers services : outils mutualisés, accompagnement juridique, analyse des évolutions réglementaires. Ils pourront aussi formaliser des pratiques (procédures, fiches de tâches, modes opératoires…), y compris sur les actes essentiels de la collectivité ne souffrant pas d’interruption dans la continuité de service : état civil, urbanisme…
Marie Gasnier