Ressources en eau : la Lozère ne veut pas revivre “Manon des Sources”

Publié le 18 octobre 2022 à 11h15 - par

À l’occasion d’un débat organisé sur les ressources en eau du département le moins peuplé de France (76 000 habitants), dans le cadre du Salon des maires organisé par le Centre de gestion de la fonction publique territoriale 48 et l’AMF départementale, les élus se sont posés la question de savoir comment faire face à la raréfaction de l’eau dans un territoire où les sources sont pourtant nombreuses. Pas simple.

Ressources en eau : la Lozère ne veut pas revivre “Manon des Sources”

D’abord, quelques éléments de contexte s’imposent. La sécheresse historique de cet été a mis en lumière la vétusté des canalisations en France. Plus d’une centaine de communes françaises ont en effet manqué d’eau, nécessitant ainsi leur approvisionnement par citernes. L’état des canalisations est montré du doigt. Pourtant, le réseau n’est pas si vieux : 60 % des tuyaux ont été installés il y a moins de 50 ans, d’après la Fédération nationale des collectivités concédantes et des régies (FNCCR). Le rendement, à savoir l’écart entre l’eau consommé et l’eau versé dans le réseau, prête cependant à débat : 80 % de l’eau seulement sont utilisés ; 5,1 milliards de mètres cubes disparaissent dans la nature, une déperdition tutoyant 50 % dans certaines communes rurales. En Lozère, le préfet Philippe Castanet a suivi de près ce sujet tout au long de l’été. « Les mesures d’adaptation doivent venir du terrain. La seule vérité viendra des seules territoires », assure-t-il, désireux de ne pas être dans une verticalité honnie par les maires de ces petites communes, « qui mettent souvent la main à la patte pour trouver les solutions les plus adéquates », rappelle-t-il.

Rénover les canalisations, vite…

La communauté de communes Gorges Causse Cévennes a décidé « d’accélérer le calendrier », comme l’explique son président, Henri Couderc. En effet, les communes doivent céder leur compétence « eau » aux intercos avant 2026. « Nous considérons qu’il est plus judicieux d’être les premiers wagons raccrochés que les derniers. L’Agence de l’eau va financer une partie des travaux nécessaires à la remise en état des canalisations de nos 17 communes, qui ont donc accepté le principe du transfert de cette compétence bien en amont », indique-t-il. « Le calendrier a été pensé pour intégrer l’urgence, avec des priorités bien définies sur les 13 ans à venir. Soit la mobilisation de 10 M€ pour sécuriser totalement l’approvisionnement en eau des communes. Il faut aller vite car le réchauffement climatique accélère la raréfaction des ressources hydriques. Sur le Causse Méjean, nous sommes vraiment sur la corde raide », conclut le président de la CC.

Julien Tuffery, maire de La Panouse (100 habitants), ne l’entend pas de cette oreille : « Nous voulons conserver cette compétence car nous savons répondre aux situations extrêmes. L’éloignement de cette compétence compliquerait un peu plus la résolution des problèmes », assure-t-il. Des Assises de l’Eau, organisées le 25 octobre, permettront d’établir un schéma d’ensemble pour répondre à la diversité des situations. « Car nous savons tous que les épisodes de canicule se renouvelleront dans les prochaines années », conclut le préfet.

Stéphane Menu


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