Les 13 grandes régions aux urnes en mars, avec des promesses pas toujours tenues

Publié le 25 septembre 2020 à 14h24 - par

Les 13 grandes régions métropolitaines nées il y a cinq ans, s’apprêtent à retourner aux urnes en mars 2021 sans avoir tenu toutes leurs promesses ou trouvé leur identité, mais la crise du Covid leur a donné l’occasion de démontrer leur importance économique.

Les 13 grandes régions aux urnes en mars, avec des promesses pas toujours tenues

À six mois des élections, voici un tour d’horizon des régions au terme de leur premier mandat :

La quête de l’identité

Née de la réforme territoriale menée sous le quinquennat de François Hollande, les 13 grandes régions métropolitaines ont remplacé les 22 existantes auparavant au prix d’importantes fusions, même si certaines comme la Bretagne ou PACA n’ont pas changé. Depuis leur naissance formelle lors des élections de décembre 2015, certaines ont connu un mariage heureux, à l’image de la Normandie, née de la fusion de la Basse et de la Haute-Normandie. Pour d’autres, en revanche, souvent les plus étendues géographiquement, la quête d’une identité commune est « toujours un sujet », comme l’a reconnu auprès de l’AFP l’entourage d’un ministre.

« L’échec typique, c’est Grand Est », a assuré à l’AFP Romain Pasquier, politologue et directeur de recherche au CNRS. L’Alsace, qui avait rejoint la Lorraine et la Champagne-Ardenne en trainant les pieds, « est parvenue à faire resurgir cette entité historique grâce à d’habiles pressions politiques », assure le spécialiste des territoires. En effet, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin fusionneront le 1er janvier pour donner naissance à la « Collectivité européenne d’Alsace » (CEA), renforçant leur poids dans Grand Est.

Pour Renaud Muselier, président de Régions de France, la crise du coronavirus a toutefois permis aux habitants de s’identifier à leur région. « Dans l’esprit des gens, les territoires se sont matérialisés pendant le confinement. Ils ont vu la carte où leur région avait une couleur. Cela a facilité la compréhension de notre rôle », a-t-il assuré.

Économies pas au rendez-vous

La réforme territoriale, menée après la crise financière de 2008, avait un grand objectif : réduire les dépenses des 22 régions métropolitaines. Des économies qui se font toujours attendre comme l’a déploré la Cour des comptes dans un rapport dévastateur publié il y a un an. Selon ce document, seules trois régions avaient réduit leurs dépenses par rapport à 2015 : Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France et Hauts-de-France. Dans toutes les autres, elles ont augmenté. La réforme territoriale tablait pourtant sur des économies ambitieuses de 12,5 milliards d’euros au total. « Nous sommes loin du compte. Les fusions font rarement des économies, en tout cas à court et moyen terme », constate M. Pasquier.

Des colosses aux pieds d’argile ?

La réforme a aussi voulu des régions dont le poids économique les rapproche de leurs consœurs européennes comme les länders allemands ou la Catalogne, les exemples donnés à l’époque pour justifier les fusions. Comme le souligne M. Muselier, elles ont ainsi été en mesure de jouer un rôle clé dans la distribution de masques et la riposte économique « pour amortir le choc de la crise du coronavirus ».

M. Pasquier n’est pas convaincu pour autant et s’interroge sur les résultats de la réforme : « À quoi a-t-elle servi ? On a fait des grandes régions qui ne sont pas tellement puissantes, car leurs budgets n’ont pas vraiment augmenté, leurs capacités politique et leurs compétences n’ont quasiment pas bougé ». À ses yeux, cette réforme a d’ailleurs « contribué au sentiment de déclassement social ». « Si nous avons eu les gilets jaunes trois ans plus tard, ce n’est pas complètement un hasard ».

Un tremplin pour 2022

Les élections régionales de mars seront probablement un tremplin pour la présidentielle de mai 2022. « On peut imaginer que certains candidats sortent du bois à cette occasion. On peut penser aux écologistes ou d’autres qui feraient de ces grandes régions une vitrine pour la présidentielle 2022 », souligne M. Pasquier.

A droite, elles pourraient départager des candidats potentiels Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes), Valérie Pécresse (Île-de-France) et Xavier Bertrand (Hauts-de-France). Au Rassemblement national, qui avait frôlé la victoire dans les Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’azur, ce scrutin pourrait aussi renforcer la candidature de Marine Le Pen à l’Élysée. Du côté des écologistes, on attend la confirmation de la vague verte qui a déferlé ce printemps sur les municipales. Et à gauche, la recherche d’un candidat capable de la fédérer.

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