Plan de relance : les régions main dans la main avec l’État

Publié le 28 septembre 2020 à 9h59 - par

Les régions, dont les relations avec l’État s’étaient dégradées pendant le confinement, sont désormais prêtes à marcher main dans la main avec Jean Castex pour relancer l’économie française, oubliant les différends avec son prédécesseur Édouard Philippe.

Plan de relance : les régions main dans la main avec l'État

« Nous allons répondre présent », s’est empressé d’affirmer à l’AFP Renaud Muselier, le président (LR) de Régions de France et de la région Sud (Provence-Alpes-Côte-d’Azur), juste après la présentation début septembre par M. Castex du plan de relance de 100 milliards d’euros sur deux ans.

Le ton a changé par rapport à fin mai 2020, quand les régions avaient claqué la porte d’une réunion avec le gouvernement, s’estimant oubliées d’un plan d’urgence de 4,5 milliards d’euros principalement fléché vers les communes et départements.

Ce rapprochement – qui n’empêche pas les collectivités de reprocher à l’État un manque de concertation pour lutter contre le coronavirus – s’est produit à six mois des élections régionales.

L’arrivée à Matignon de Jean Castex, début juillet 2020, paraît avoir débloqué la situation. « Je m’entendais très bien avec Édouard Philippe, mais tous les arbitrages étaient négatifs pour les territoires », a déploré M. Muselier, qui ne cache pas les bonnes relations qu’il maintient avec son successeur.

Plusieurs sources reconnaissent au Premier ministre de bien connaître les collectivités, pour avoir été conseiller régional et départemental, ainsi que maire de Prades (Pyrénées-Orientales) jusqu’à son accession à Matignon.

« Il les connaît parfaitement bien et il sait très bien que l’on ne fait rien sans les collectivités », a expliqué à l’AFP l’entourage d’un ministre, admettant le rôle essentiel que les régions peuvent jouer dans la relance.

Dotées d’importantes compétences en matière d’emploi, formation, transport et économie, elles seront des relais précieux pour sa mise en œuvre du plan.

Un rôle clef qu’elles entendent jouer, après avoir démontré leur utilité pendant le confirnement, notamment pour trouver des masques pour leurs concitoyens.

Plus de solutions verticales

Les régions se posent ainsi en partenaires incontournables pour l’État, comme l’a souligné récemment François Bonneau, président PS de la région Centre-Val-de-Loire.

« Les solutions ne fonctionnent plus lorsqu’elles sont verticales », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. « Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas d’État », a-t-il toutefois nuancé.

« On appartient à un territoire et à un pays », a expliqué, pour sa part, M. Muselier, convaincu que la crise du coronavirus a renforcé le rôle des régions. « Elle a facilité la compréhension de notre rôle, l’identification de la population à la région », a-t-il affirmé.

Mais ce qui a le plus étonné les régions, c’est le « style Castex ». « Avec lui, nous sommes parvenus à régler les problèmes en souffrance depuis près de trois ans », a affirmé M. Muselier.

Une réunion tenue fin juillet à Matignon est significative à cet égard, comme l’a expliqué à l’AFP l’entourage d’un participant, dont les propos ont été confirmés par une autre source.

« Il n’y avait que quatre personnes dans le bureau : le Premier ministre, Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, Renaud Muselier et un collaborateur de M. Castex. Bercy n’était pas présent », a-t-elle expliqué.

Lors de cette rencontre, M. Castex a accepté le déblocage d’une enveloppe de 600 millions d’euros à destination des régions, afin de préserver leurs capacités d’investissement après la crise du coronavirus, dans le cadre d’un « accord de méthode ».

En échange, les régions se sont engagées à investir massivement dans la relance, jusqu’à 20 milliards d’euros. Présenté à l’époque comme une « révolution partenariale » par les régions, cet accord est né d’une première réunion de travail à Matignon.

« Cet accord montre que le Premier ministre s’appuie sur les régions », a-t-elle ajouté, « c’est le retour du politique qui décide et les autres qui obéissent », a souligné la source.

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