Olivier Ducrocq
- Loung Ung, prix Nobel de la paix 1997
Son livre « D’abord ils ont tué mon père », où la petite fille qu’elle était ronge des os pour survivre nous effraie lorsqu’il nous fait prendre conscience de la folie des hommes, capables d’exterminer un quart de leur population, au motif d’une théorie politique apprise sur les bancs de la Sorbonne à  Paris. C’était il y a 40 ans seulement, au Cambodge. Mais cette lecture nous rassure aussi, d’une part sur la résilience et d’autre part, sur la situation sanitaire que nous vivons aujourd’hui, qui pour dramatique qu’elle puisse être, doit être relativisée, au regard du bonheur que nous avons de vivre dans un pays démocratique, et accessoirement riche, qui est certes, champion du monde de l’imposition, mais aussi et surtout champion du monde de la redistribution sociale.
- Douglas Kennedy
Ces temps de confinement et de couvre-feu sont aussi des temps de prise de recul vis-Ă -vis de la dictature de l’immĂ©diatetĂ© que nous impose Internet et les rĂ©seaux sociaux. J’en ai profitĂ© pour me dĂ©lecter d’une lecture originale de Douglas Kennedy, habituellement Ă©crivain de thrillers psychologiques. Dans son livre « Toutes ces grandes questions sans rĂ©ponse », il nous invite Ă Â une rĂ©flexion, tantĂ´t au cĹ“ur de la jungle urbaine ou tantĂ´t isolĂ© au milieu d’une foret enneigĂ©e, et Ă Â nous demander si « réécrire notre histoire la rend-elle plus supportable » ou « pourquoi le pardon est-il malheureusement la seule et unique option ». Ces pensĂ©es sur la philosophie de la vie nous la rend plus profonde, plus intense, moins superficielle, Ă Â un moment où la crise sanitaire, elle aussi, nous impose une nouvelle introspection.
- Sur une note plus légère
Une vie est guidĂ©e par l’enfance et l’adolescence, leur lĂ©gèretĂ©, leurs frustrations, leurs joies simples et pour les plus privilĂ©giĂ©s d’entre nous, par les liens familiaux indĂ©fectibles qui nous unissent Ă Â nos parents. J’ai donc Ă©prouvĂ© une grande joie Ă redĂ©couvrir « les Ritals » de François Cavanna et les trois tomes des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, en commençant par « la gloire de mon père ». Le fils d’immigrĂ© italien, qui aimait tellement la France et le fils d’instituteur et de couturière d’Aubagne, nous font partager avec un si grand talent les merveilleux souvenirs de l’enfance, comme des biens sacrĂ©s et fondateurs de nos existences.
Propos recueillis par Hugues Perinel