Covid-19 : la baisse des émissions n’aura aucun effet sur le climat

Publié le 12 août 2020 à 8h00 - par

La chute sans précédent des émissions de gaz à effet de serre pendant les confinements ne serviront à « rien » pour ralentir le réchauffement climatique, selon une étude, qui insiste sur la nécessité de s’éloigner durablement des énergies fossiles.

Covid-19 : la baisse des émissions n'aura aucun effet sur le climat

Les émissions mondiales de CO2 responsables du dérèglement climatique pourraient diminuer jusqu’à 8 % en 2020, en raison des mesures imposées à travers le monde pour ralentir l’épidémie de Covid-19.

Mais en l’absence d’un changement systémique en matière d’énergie et d’alimentation, ces économies d’émissions de gaz à effet de serre pourraient être insignifiantes, préviennent les auteurs de cette étude publiée dans Nature Climate Change.

Les chercheurs ont calculé la façon dont 10 gaz à effet de serre différents avaient été affectés dans 120 pays entre février et juin 2020. Le CO2 ou les oxydes d’azote ont par exemple diminué entre 10 et 30 %.

Mais ces « changements majeurs de comportements » sont temporaires. Et même si les restrictions de voyages, en particulier aériens, et la distanciation physique se poursuivent jusqu’à fin 2021, cela permettrait seulement d’économiser 0,01 °C de réchauffement d’ici 2030, estiment les chercheurs.

« Le confinement a prouvé que nous pouvons changer, et vite, mais il a aussi montré les limites des changements comportementaux », a commenté Piers Forster, co-auteur de l’étude et directeur du Centre international pour le climat Priestley à l’université britannique de Leeds. « Sans un changement structurel, nous n’y arriverons pas », a-t-il indiqué à l’AFP.

L’accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement à + 2 °C, voire 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais la planète a déjà gagné au moins + 1 °C, entraînant déjà une multiplication des événements météo extrêmes, et les promesses de réduction des émissions des États, si elles étaient respectées, conduisent toujours vers un monde à + 3 °C.

Pour respecter l’objectif idéal de l’accord de Paris, il faudrait réduire les émissions de CO2 de 7,6 % par an chaque année entre 2020 et 2030, selon l’ONU.

Un chiffre similaire à la baisse prévue pour cette année. Mais avec la crise économique sans précédent qui a découlé de ces mesures, il serait surprenant que cela se reproduise de sitôt, s’inquiète Piers Forster.

« Si je suis tout à fait honnête, il est peu probable que le monde se décarbone à un rythme compatible avec + 1,5 °C », insiste le chercheur.

L’étude passe également en revue divers scénarios de relance post-Covid, qui offre une opportunité d’opérer des changements économiques radicaux.

Un coup de pouce « vert », qui verrait 1,2 % supplémentaire du PIB investi dans des technologies bas-carbone, pourrait réduire les émissions de moitié d’ici 2030, par rapport à une relance basée sur les énergies fossiles, selon les chercheurs.

« La baisse des émissions observée pendant le Covid-19 est temporaire et ne fera rien pour ralentir le changement climatique », a insisté Corinne Le Quéré, de l’université d’East Anglia. « Mais les réponses des gouvernements pourraient être décisives s’ils se concentrent sur une relance verte », a ajouté la climatologue, présidente du Haut Conseil pour le climat en France.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2020


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