Les bâtiments de l’État, un « angle mort » de l’adaptation au changement climatique selon la Cour des comptes

Publié le 12 mars 2024 à 9h15 - par

Les 200 000 bâtiments de l’État sont un « angle mort » de la politique française d’adaptation au changement climatique, estime mardi 12 mars 2024 la Cour des comptes dans son rapport public annuel.

Les bâtiments de l'État, un "angle mort" de l'adaptation au changement climatique selon la Cour des comptes
© Image par Tumisu de Pixabay

Avec 95 millions de mètres carrés répartis notamment entre bureaux (24 %), bâtiments d’enseignement et de sport (22 %) et logements (19 %), le parc immobilier de l’État est « très vaste » et « très diversifié ».

Du fait de son étendue, il est aussi exposé à des risques très différents selon les endroits : « températures extrêmes, tempêtes, inondations, élévation du niveau des mers (…), retrait-gonflement des sols argileux », etc. Or, l’État a une connaissance « insuffisamment fine » de ses bâtiments et peine à « mobiliser les ressources nécessaires à leur entretien et à leur rénovation », déplore la Cour des comptes.

Surtout, la politique immobilière de l’État s’est jusqu’ici concentrée sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui concourt à atténuer le changement climatique, sans se soucier assez de leur adaptation à ce changement.

« L’immobilier de l’État constitue encore un angle mort de la politique d’adaptation », résume l’institution. Les magistrats financiers préconisent donc d’affiner la connaissance des risques climatiques auxquels chaque bâtiment de l’État est exposé.

Maintenant que l’enjeu de l’adaptation est « clairement identifié », le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), attendu pour le début de l’été, « devra impérativement décrire la stratégie immobilière à adopter » par l’État, ajoutent-ils.

Enfin, au vu des dizaines de milliards d’euros à mobiliser pour adapter le parc immobilier dans un contexte budgétaire contraint, l’institution appelle l’État à faire des choix.

« Une hiérarchisation des priorités devra être établie, en fonction des types de bâtiments, de l’intensité et de la probabilité de l’exposition aux risques selon les localisations ou du caractère essentiel des services publics concernés, par exemple, vis-à-vis des populations les plus fragiles (enfants, malades, personnes âgées) », détaille la Cour. « Il devient urgent d’agir », conclut-elle.

Dans sa réponse à la Cour, le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE, rattaché à Matignon) assure qu’il « partage les grands constats ». Néanmoins, « la formulation L’immobilier, angle mort du plan national d’adaptation au changement climatique mérite d’être nuancée », avance le SGPE, pour qui « des premiers outils et actions ont été mis en place », sans être détaillés pour autant.

Le PNACC 3 permettra aussi de « définir et d’opérationnaliser notre stratégie d’adaptation », argumente encore le SGPE.

Dans le rapport annuel, sur plusieurs centaines de pages, les magistrats soulignent « la nécessité que l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique soit transparente, cohérente et efficiente ». Une exigence qui se décline en 16 chapitres allant de l’immobilier aux cultures céréalières, du rôle des banques à l’avenir du réseau électrique… Et qui concerne aussi bien l’État que de grandes entreprises publiques, comme la SNCF et EDF, qui doivent adapter le réseau ferré ou les centrales nucléaires à des températures toujours plus élevées à long terme.

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