Pour un service public de l’adaptation au changement climatique

Publié le 31 janvier 2024 à 17h00 - par

Un institut de recherche suggère la création d’un service indépendant, porte d’entrée unique, pour accompagner les démarches d’adaptation des différents acteurs.

Pour un service public de l’adaptation au changement climatique
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Après plus d’un an de travail préparatoire autour de la Trajectoire de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) proposée par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, l’année 2024 est celle de la préparation du 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3). Son adoption puis sa mise en œuvre vont conduire de très nombreux acteurs publics et privés à lancer ou mettre à jour leurs démarches d’adaptation. Tous vont avoir besoin d’être accompagnés dans les premières étapes de ces démarches. L’I4CE (Institute for climate economics), institut de recherche à but non lucratif, a donc publié, mi-janvier, une étude détaillant ces besoins d’accompagnement et analysant différentes options de réponse, notamment à partir de dispositifs existants dans d’autres pays.

Selon l’I4CE, des milliers d’acteurs publics et privés vont devoir rapidement se lancer dans la définition de plans d’adaptation aux impacts du changement climatique. « Pour parvenir à des plans d’adaptation pertinents et opérationnels, qui permettent réellement d’assurer la résilience des activités et du patrimoine face à des aléas climatiques plus intenses et fréquents, ce sont de véritables démarches stratégiques que ces acteurs vont devoir réaliser, insistent les deux auteurs de l’étude, Morgane Nicol et Vivian Dépoues. Il s’agit de se poser vraiment la question de ce qui pourrait évoluer avec le climat, par exemple ce qui pourrait affecter la continuité du service ou de l’activité. L’adaptation est donc tout autant un défi organisationnel, de “conduite du changement” qu’un défi scientifique et technique. Il n’y aura pas de réponse automatique et “sur étagère”, y compris pour des entreprises du même secteur et des collectivités de la même échelle. Adapter son organisation aux impacts du changement climatique sera le fruit de choix stratégiques qui devront être portés par les décideurs. »

Aussi, pour combler les différents manques de l’offre existante de services pour l’adaptation aux impacts du changement climatique, qui portent essentiellement sur les données climatiques et d’ingénierie technique, l’I4CE préconise la création d’un service indépendant. Un service apte à remplir les six rôles synthétisés ci-dessous.

  • Répondre au besoin d’un interlocuteur en premier ressort, porte d’entrée unique vers l’offre de services pour l’adaptation.
  • Répondre au besoin d’être accompagné dans l’étape de cadrage de la démarche d’adaptation.
  • Répondre à des besoins ponctuels de conseil scientifique et technique indépendant des organisations vendant des données et services climatiques.
  • Permettre une mutualisation de la demande en production de nouvelles données et services climatiques et accompagner la co-construction de ces projets de R&D.
  • Proposer des solutions pour la pérennisation des services climatiques.
  • Animer, certifier et orienter vers les offres de service publiques et privées de qualité.

Ce nouvel acteur et l’équipe qui le compose devront être agiles, c’est-à-dire capables d’adapter leur offre d’accompagnement aux besoins spécifiques de chaque acteur, à son organisation interne, à son niveau de maturité sur le sujet et aux compétences potentiellement préexistantes, soutiennent les deux auteurs de l’étude. « Cet acteur ne pourra se contenter d’appliquer un processus figé d’accompagnement aux différents acteurs le sollicitant, sous peine que le service proposé ne réponde pas aux besoins », assurent ainsi Morgane Nicol et Vivian Dépoues. Toutefois, la structure portant ce nouveau service indépendant devra s’appuyer sur l’écosystème existant, suivre de près les développements de nouvelles offres de service, et ne viendra pas développer des offres lorsque celles portées par d’autres acteurs existent déjà.

L’I4CE a repéré des structures jouant déjà ce rôle dans d’autres pays. Selon l’institut de recherche, celles-ci ont permis d’accélérer les démarches d’adaptation au changement climatique. Ces exemples étrangers peuvent inspirer ce qui pourrait être mis en place en France, plaide-t-il. L’étude de l’I4CE analyse principalement trois de ces organisations. À savoir : Sniffer, en Écosse ; l’équipe « science » d’Ouranos, au Québec ; UKCIP, en Grande-Bretagne.


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