Une étude évalue le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050

Publié le 16 novembre 2023 à 8h45 - par

Selon la CCR, quel que soit le scénario retenu, les montants des dommages dus aux aléas vont augmenter à horizon 2050 en raison d’une hausse de l’intensité des événements climatiques.

Une étude évalue le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050
© Par Hans - pixabay.com

En partenariat avec Météo-France, la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public en France, a réalisé une étude visant à estimer l’évolution des dommages assurés due au changement climatique sur le territoire français. Cette analyse se concentre sur les principaux périls du régime Cat Nat (catastrophes naturelles) : inondations par ruissellement et débordement, submersion marine, sécheresse géotechnique. Les deux autres périls majeurs relevant du régime (séismes et cyclones) sont intégrés pour disposer d’une vision multi-péril.

Publiée en septembre, l’étude repose sur deux scénarios d’émissions de gaz à effet de serre définis par le GIEC. Le premier (RCP 4.5) prévoit une augmentation modérée des émissions, suivie d’un plafonnement puis d’une diminution au cours du 21e siècle. Il peut être considéré comme un scénario médian. Le second (RCP 8.5) correspond à un scénario à fortes émissions de gaz à effet de serre tout au long du 21e siècle. Il est retenu afin d’estimer une borne supérieure de l’évolution des dommages assurés à l’horizon 2050, précise la CCR.

Les résultats combinent la chaîne de modélisation élaborée chez CCR avec une méthodologie innovante de simulations climatiques effectuée par Météo-France : la simulation dite « climat constant ». « L’association de ces deux expertises permet de construire une chaîne de modélisation robuste allant de la simulation de l’aléa jusqu’à l’évaluation des dommages assurés à horizon futur », explique la Caisse centrale de réassurance.

L’étude conduite par la CCR met en évidence quatre principaux résultats. À savoir :

  • Depuis l’année 2000, le climat a évolué et on observe déjà une dérive de la sinistralité avec une augmentation du niveau des dommages moyens annuels. Si la sinistralité due à l’inondation reste stable, les dommages annuels moyens dus à la sécheresse géotechnique ont augmenté de 23 % entre le climat 2000 et aujourd’hui du fait du climat. À cela vient s’ajouter l’effet des réformes récentes et en cours (loi Baudu, loi dite « 3DS ») portant la hausse de la sinistralité sécheresse à 56 % au global.
  • Quel que soit le scénario RCP du GIEC, les montants des dommages dus aux aléas vont augmenter à horizon 2050 en raison d’une hausse de l’intensité des événements climatiques.
  • L’accroissement des enjeux assurés à horizon futur, en particulier dans les zones à risques, augmente d’autant plus le coût des dommages.
  • Quels que soient les scénarios, la sécheresse géotechnique apparaît comme le péril le plus préoccupant compte tenu du montant des dommages qu’elle engendre et de leur forte évolution à horizon futur.

Cependant, quelques différences existent sur l’évolution des périls selon les scénarios du GIEC. L’intensité de la sécheresse géotechnique est plus importante selon le scénario RCP 8.5. L’augmentation du montant des dommages est estimée à 162 % en raison de l’aléa et 190 % en intégrant l’évolution des biens assurés en 2050. Ces événements d’une extrême sévérité, dont le cycle s’allonge à horizon futur, posent la question de la mise en place d’une politique nationale de prévention, estime la CCR. En parallèle, on anticipe une hausse des dommages causés par les inondations qui serait plus importante selon le scénario RCP 4.5 et serait due à l’augmentation de la fréquence des crues rapides. Enfin, la hausse du niveau marin entraînerait une augmentation de la fréquence et de l’intensité des submersions marines. Au global, l’étude « estime une hausse des dommages comprise entre 27 % et 62 % à l’horizon 2050 du seul fait du changement climatique. »

« Face à l’augmentation des dommages assurés, le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles devra relever le défi du changement climatique, afin de préserver le principe de solidarité nationale sur lequel il repose », assure la CCR. Ainsi, la Caisse centrale de réassurance envisage trois pistes pour garantir la pérennité du régime. Au programme :

  • renforcer les efforts en matière de prévention, en particulier de la sécheresse géotechnique et du ruissellement ;
  • recentrer les critères de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sur le principe législatif originel, soit la couverture des événements d’intensité anormale ;
  • augmenter le taux de surprime, afin de permettre au régime Cat Nat de retrouver un équilibre technique et à la CCR de jouer son rôle d’amortisseur de chocs.

« Ces solutions combinées permettraient à la société de s’adapter aux risques futurs », soutient la Caisse centrale de réassurance.


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