Les enseignants du premier degré peuvent, sous certaines conditions, devenir directeur d’école. Ils se voient alors confier de nouvelles missions, qui s’accompagnent d’éventuelles décharges d’enseignement, variables selon la taille de l’école. Parmi les 47 596 directeurs d’école totalement ou partiellement déchargés d’enseignement en 2021-2022, 43 418 exerçaient dans le secteur public et, parmi eux, 6 675 étaient affectés au réseau d’éducation prioritaire. Ces derniers exerçaient dans des écoles de plus grande taille, tout comme les 4 178 exerçant dans le secteur privé sous contrat, précise une récente étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (Note d’information n° 23.44 – octobre 2023).

Les enseignantes moins souvent directrices d’école

En 2021-2022, la population des enseignants du premier degré dans le secteur public était féminine à 86 %. C’est plus que parmi les enseignants assurant la fonction de directeur et enseignant simultanément (81 %), qualifiés de directeurs-enseignants, et beaucoup plus que parmi les directeurs totalement déchargés (59 %). Sur l’ensemble des enseignantes du premier degré ou directrices d’école déchargées d’enseignement, 11 % exercent ainsi des fonctions de directeur, contre 16 % pour les hommes. Cependant, la proportion des femmes parmi les directeurs totalement déchargés a connu une augmentation de plus de six points depuis 2015-2016, de quatre points pour les directeurs-enseignants et de deux points parmi l’ensemble des enseignants du premier degré, indique l’auteure de l’étude.

Par ailleurs, la part des femmes diminue lorsque la quotité de décharge augmente, observe la DEPP. Ainsi, les directeurs d’école sont 2,6 fois plus souvent totalement déchargés d’enseignement que les directrices d’école (17 % contre 7 %).

Si les femmes sont donc moins nombreuses à prendre des fonctions de direction d’école qu’elles ne le sont dans la population des enseignants du premier degré, en outre, quand elles prennent ces fonctions c’est plus souvent dans les plus petites écoles associées à des bonifications indiciaires (BI) et indemnités de sujétion spéciale (ISS) moindres. Plus le nombre de classes de l’école est important, plus le parcours professionnel évolue vers de nouvelles missions (moins d’enseignement et plus de direction d’école) et des niveaux de rémunération plus importants, plus la part des femmes diminue, même si elles restent majoritaires, constate l’étude.

Les directeurs d’école plus âgés que l’ensemble des enseignants

Comme attendu, les directeurs d’école totalement déchargés sont plus âgés et ont davantage d’ancienneté dans le métier que les directeurs-enseignants, qui sont eux-mêmes plus âgés et plus expérimentés que l’ensemble des enseignants du premier degré. Dans le secteur public, les directeurs d’école totalement déchargés ont, en moyenne, 51,4 ans et sont enseignants depuis 20 ans ou plus sept fois sur dix, tandis que les directeurs-enseignants ont, en moyenne, 46,1 ans et sont enseignants depuis 20 ans ou plus une fois sur deux. En comparaison, l’âge moyen des enseignants du premier degré est de 42,7 ans ; ils enseignent depuis 20 ans ou plus quatre fois sur dix.

Bien que les directeurs totalement déchargés dans le secteur public soient plus âgés et aient davantage d’ancienneté dans l’enseignement que les directeurs-enseignants, ils sont arrivés dans leur établissement plus récemment : depuis, en moyenne, 7,3 ans contre 8,7 ans pour les autres.

Les disparités territoriales des écoles induisent des profils différents de directeurs d’école

Dans le secteur public, la taille des écoles, le type de territoire dans lequel elles se situent et les caractéristiques des directeurs sont des dimensions très liées entre elles. Plutôt qu’une figure unique du directeur d’école, s’esquisse une variété de « profils ». Ce qui différencie le plus les directeurs du secteur public entre eux est le nombre de classes de l’école, qui est très lié au type de territoires et induit des conditions d’accès à la fonction différentes et une diversité des approches du métier de directeur, explique l’auteure de l’étude.

Dans les territoires ruraux où les petites écoles sont concentrées, les directeurs sont aussi plus jeunes (41 % ont moins de 40 ans contre 21 % dans l’ensemble des directeurs). N’étant pas ou peu déchargés, ils assurent à la fois les missions d’enseignement et celles de direction. En revanche, en milieu urbain et en éducation prioritaire, les écoles sont plus grandes et dirigées par des enseignants plus expérimentés. Leur activité se concentre alors sur les missions de direction.