À 2 ans des élections municipales de 2026, près de sept maires sur dix (69,3 %) affichent leur satisfaction en tant qu’élu. C’est le principal enseignement de la recherche conçue et financée par l’Observatoire AMAROK, association à but non lucratif, et le LABEX Entreprendre de l’Université de Montpellier, en collaboration avec l’Association des maires ruraux de France (AMRF). L’association a révélé le 30 août 2024 les résultats de cette étude inédite sur la santé des maires, à laquelle ont participé plus de 1 700 édiles et qui a permis de collecter 300 600 données. À l’inverse, un petit tiers (31,4 %) des maires font face à un début d’épuisement, observent les auteurs de l’étude. 3,48 % présentent même un « risque sévère d’épuisement », soit environ 1 200 maires à l’échelle nationale, sur la base d’un échantillon représentatif. Bien que ce chiffre puisse paraître préoccupant, il demeure néanmoins inférieur à ce que AMAROK a pu observer par le passé au sujet de l’épuisement des dirigeants de PME. Autre constat issu de la recherche : les femmes maires ont un risque de burn-out significativement plus élevé que leurs collègues masculins. Par ailleurs, l’isolement du maire constitue un facteur aggravant.
Les responsables de la recherche ont bâti deux outils de mesure novateurs : le « stressomètre » et le « satisfactomètre » des maires. À savoir :
- 34 évènements positifs, les « satisfacteurs », ont été catégorisés et hiérarchisés pour construire un « satisfactomètre » des maires. Outre les aspects familiaux, les « satisfacteurs » les plus intenses sont la « fin/réussite d’un projet/dossier », les « cérémonies/célébrations » et la « bonne entente avec le conseil municipal ».
- 34 évènements négatifs, les « stresseurs », ont été catégorisés puis hiérarchisés pour construire un « stressomètre » des maires. Les « stresseurs » les plus intenses s’avèrent la « complexité/lourdeur administratives », la « charge de travail de la fonction/manque de temps » et les « difficultés liées aux subventions ».
Ces deux outils sont valides et prédictifs du risque de burn-out des maires et de leur état de bien-être, assurent ses concepteurs. Ils vont ainsi permettre de bâtir « AMAROK e-SANTÉ Maires », un dispositif inédit de prévention contre le burn-out des maires, avec une cellule d’écoute intégrée, indique l’AMRF.
« À l’AMRF, nous sommes attentifs au mal être des maires depuis plusieurs années, mais nous avons aussi la conviction qu’il faut parler du bien-être, explique son président, Michel Fournier. À la lecture de ces données scientifiques, nous pouvons affirmer qu’exercer le mandat de maire est une aventure exceptionnelle sur le plan humain. Mais pour caractériser cela, il est important d’en objectiver les évènements négatifs et positifs. » La perspective de l’association, « c’est de parler de 2026 et de changer les règles et les choses pour rendre cette fonction plus attractive et résoudre les points négatifs. Notre rôle est de peser sur les conditions d’exercice du mandat et, notamment, sur le statut de l’élu, poursuit le président de l’AMRF. Cette étude montre que nos combats sont pertinents mais que l’on peut sans doute insister davantage auprès de l’État, des collectivités et de leurs partenaires, sur les contraintes administratives auxquelles sont confrontées les élus. »
« J’adhère amplement à la conclusion de cette recherche, « une République mature est une République qui protège ceux qui la servent », complète le secrétaire général de l’association, John Billard. Le rôle de l’AMRF, au-delà de a question de la ruralité, est aussi de contribuer à des réflexions sur la fonction de maires et d’apporter des solutions efficaces au profit des élus locaux. » Avec AMAROK, grâce aux deux outils validés au cours de la recherche, l’AMRF « va pouvoir mettre en place un dispositif de prévention des risques psychosociaux des maires, mais aussi de sensibilisation des élus aux évènements qui leur procurent de la satisfaction. Le volet positif est aussi important que le négatif », insiste son secrétaire général.