Décentralisation de la BPI : les présidents de région inquiets d’un « recul »

Publié le 29 novembre 2012 à 0h00 - par

Les présidents de région se sont insurgés contre le « recul » qui se prépare, selon eux, sur les modes d’organisation de la Banque publique d’investissement (BPI), réclamant « un réel poids » des régions qu’ils considèrent comme les mieux placées pour soutenir les PME.

Décentralisation de la BPI : les présidents de région inquiets d’un « recul »

À quelques heures du début de la discussion du projet de loi à l’Assemblée nationale, les présidents de région (26 au total, tous de gauche sauf l’Alsace) en ont appelé devant la presse au Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour qu’il « reprenne la main » sur ce dossier. La BPI, qui sera spécialisée dans le financement des PME prometteuses, disposera de 42 milliards d’euros et doit débuter son action début 2013. Elle doit réunir dans chaque région, sous un guichet unique, les services du Fonds stratégique d’investissement (FSI), qui prend des participations dans des sociétés françaises stratégiques, ceux de la banque publique des PME et de l’innovation Oséo et ceux de CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts.

La BPI sera présidée par Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la CDC, mais son véritable patron sera Nicolas Dufourcq, venu de l’entreprise CapGemini et promis au poste de directeur général.

Pour Alain Rousset, président de l’Association des régions de France (ARF), qui tenait mercredi 28 novembre 2012 son assemblée générale annuelle, « la régionalisation de la BPI est une condition indispensable de son succès ». « Ceux qui savent accompagner les entreprises », en tout cas les PME, « ce sont les régions », a souligné M. Rousset. Président de la région Aquitaine, il a été désigné par ses pairs pour prendre la tête du comité national d’orientation, dont le projet de loi confie la présidence aux régions.

Entre autres, l’ARF veut trois sièges sur quinze, et non deux, au conseil d’administration de la BPI et souhaite que les acteurs régionaux soient une « force de proposition pour le choix des membres des comités régionaux d’orientation ». Elle s’étonne que le texte, depuis son examen en commission, ne prévoie plus que ces comités régionaux soient présidés par un représentant des régions. « Nous devons être au cœur du dispositif », a-t-il dit, ce qui permettra notamment « une rapidité de décision ». Sur ces points, « nous avons des inquiétudes. Les engagements signés avec le Premier ministre sous l’autorité du président de la République nous semblent reniés, parfois remis en cause », a affirmé M. Rousset.

Un point positif, et porté au crédit du ministre de l’Économie Pierre Moscovici, le fait que « 90 % des décisions » sur le financement des entreprises « seront prises au niveau régional ».

Selon Jean-Paul Huchon, président de l’Île-de-France, « il faut donner une réelle participation et un réel poids aux régions », sinon « ça ne marchera pas ». M. Rousset a demandé « au Premier ministre de reprendre la main ».

Les présidents ont vanté « le sérieux et la compétence » des régions, chefs de file du développement économique dans les territoires de par la loi. « Notre stratégie n’est pas d’accompagner des canards boiteux mais d’anticiper les mutations industrielles », a argumenté M. Rousset.

« Bercy fait comme si nous étions soit des analphabètes, soit des clientélistes », a pesté M. Huchon. « On est devenus incontournables. Il y a des gens à qui ça ne fait pas plaisir », a-t-il lâché.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2012


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Finances et comptabilité »

Voir toutes les ressources numériques Finances et comptabilité