Les habitants de Courbevoie financent la rénovation du réseau de chauffage de la ville

Publié le 11 avril 2019 à 15h00 - par

En novembre dernier, la ville de Courbevoie lançait, avec son délégataire Dalkia, le premier financement participatif en France pour un réseau de chaleur et de froid urbain. Grâce à leur épargne, les citoyens participent à la rénovation d’un équipement majeur.

Les habitants de Courbevoie financent la rénovation du réseau de chauffage de la ville

Dans le cadre de la nouvelle délégation de service public, et la rénovation du réseau de chauffage et de froid, Dalkia, filiale à 100 % du groupe Électricité de France (EDF), a proposé à la ville de Courbevoie (92) la mise en place d’un financement participatif. Un modèle de financement novateur qui a séduit les élus de la ville. C’est ainsi que les Franciliens, et les Courbevoisiens en particulier, étaient appelés à devenir les acteurs financiers de ce projet.

L’objectif de la levée de fonds, fixé à 500 000 €, a été atteint au terme de deux semaines, tandis que l’opération était prévue pour 60 jours. Fort de son succès, l’opération a été prolongée et portée à 700 000 € à la demande du délégataire, et réservée aux Courbevoisiens uniquement. Un franc succès ! Un record selon Laure Verhaeghe, la directrice générale de Lendosphère, première plate-forme de financement participatif en prêts dédiée à des projets de développement durable : « Non seulement l’opération a été clôturée plus tôt que prévu, mais Courbevoie bat un record en termes d’inscrits d’une même ville pour une seule opération : 200 Courbevoisiens ont contribué à hauteur de 75 % du montant levé ». La durée du prêt est fixée à quatre ans avec une rémunération de 5 % tous les trimestres. Les prêteurs seront informés des avancées du réseau, dont ils auront financé la rénovation et le verdissement.

Les clés du succès

Plusieurs facteurs expliquent le succès de cette première opération selon le directeur des services techniques de la ville, Gérald Chirouze. D’une part, les garanties apportées par le Groupe EDF, garant des emprunts de Dalkia à 100 %, sont solides ; quant à la durée de l’investissement, relativement courte, elle permet aux prêteurs de récupérer leur capital au bout de quatre ans. Enfin, la ville jouit d’une situation financière plutôt stable. Gérald Chirouze ajoute qu’« il n’existe pas de placement financier aussi bien rémunéré, ce qui explique pourquoi les gens s’y sont intéressés. Et ce produit financier présente un risque faible ». Des éléments rassurants pour des investisseurs en herbe qui participent par la même occasion à la réalisation d’un projet local, tout en bénéficiant, pour certains, des retombées économiques directes du projet. Les travaux envisagés portent, en effet, sur une extension du réseau de chauffage et de froid en vue d’alimenter un nouveau quartier de la ville qui sort de terre. Il s’agit également, à terme, d’alimenter le réseau à 50 % en énergies renouvelables dès 2020. Pour Gérald Chirouze, « verdir le réseau, c’est aussi proposer demain à la population une énergie pour le chauffage qui soit financièrement plus stable en termes de prix et beaucoup moins volatile que les énergies fossiles ».

Un financement singulier

« Le financement participatif est un outil intéressant pour sensibiliser et impliquer les administrés dans les projets de la ville et dans la transition énergétique, estime Laure Verhaeghe. On leur propose de placer leur épargne, avec des taux compris la plupart du temps entre 2 et 7 %. C’est ainsi un nouveau lien pérenne, qui se crée entre la collectivité et ses administrés ». La proximité géographique des projets et leur contribution à la transition énergétique, c’est aussi ce qui motive un grand nombre de contributeurs. Le financement participatif diffère des modes traditionnels. Les taux de rémunération sont plus intéressants, mais les montants par prêteur et la durée de l’emprunt sont limités. Dans le cas de Courbevoie, le volume financier était limité à 10 000 € par personne. « L’engouement que nous avons constaté est le signe que les citoyens, de plus en plus, souhaitent être associés aux projets de leur territoire », affirme le directeur des services techniques.

La communication, un volet essentiel

Selon Laure Verhaeghe, la communication s’est révélée essentielle pour cette opération de grande ampleur. Elle a permis aux habitants d’être informés et de franchir le pas de façon sereine. À Courbevoie, la ville a mis à disposition des salles pour les réunions d’information. Les grandes lignes de l’opération de financement ont été relayées sur l’ensemble des supports municipaux (bulletin municipal, affichage, site Internet ou réseaux sociaux). « Parallèlement, nous accompagnons le porteur de projet et la collectivité sur tous les supports, car il s’agit bien de communication financière, avec des informations susceptibles d’être rendues publiques et d’autres pas, précise la directrice générale de Lendosphère. Par ailleurs, nous coanimons les réunions et permanences pour apporter toutes les informations nécessaires aux particuliers ». Au regard du succès rencontré autour de cette première opération, la ville envisage de réfléchir, à l’avenir, au financement participatif pour d’autres projets. Reste que ce mode de financement, institué en France en 2015, est encore peu connu des collectivités, regrette-t-on chez Lendosphère, qui entend poursuivre son travail d’information et de sensibilisation auprès des élus.

Blandine Klaas

Source : RCL


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