Fonction publique : Laurent Marcangeli joue l’apaisement

Publié le 10 janvier 2025 à 11h05 - par

Le nouveau ministre de l’Action publique, de la fonction publique et de la simplification défend une méthode de « respect et d’écoute ». Lors des vœux du CSFPT, il a évoqué ses principaux chantiers et promis d’avancer rapidement sur le la PSC dans la territoriale. Une réponse au président du CSFPT, Philippe Laurent, regrettant que l’accord du 12 juillet 2023 n’ait toujours pas abouti. Ce dernier s’est aussi alarmé de « la perte accélérée de l’attractivité de la FPT ».

Fonction publique : Laurent Marcangeli joue l'apaisement
© Photo DR / Catherine Vautrin, Philippe Laurent et Laurent Marcangeli, le 8 janvier 2025 lors des vœux du CSFPT.

L’anti-modèle Kasbarian. Le nouveau ministre de l’Action publique, de la fonction publique et de la simplification, Laurent Marcangeli, continue de jouer sur ce registre. Lors des vœux du Conseil supérieur de la FPT (CSFPT), le 8 janvier 2025, il a tenu à redire, comme lors de sa passation de pouvoirs avec son prédécesseur, le 26 décembre, sa déclaration d’amour aux agents publics : « Je vous aime et je crois en vous ». Un exercice de câlinothérapie, après une période de fortes tensions, étayé par une volonté « d’humilité, de respect et d’écoute ».

« Agir avec humilité »

Évoquant une méthode de « dialogue et de concertation », il se définit comme le ministre « qui veut protéger et simplifier la vie » des fonctionnaires et leur rappeler « à quel point ils doivent être fiers de ce qu’ils font ». « Ayant été employeur territorial [NDLR : maire d’Ajaccio de 2015 à 2022 et président de la communauté d’agglomération du pays ajaccien de 2017 à 2022], je connais vos problèmes et je sais que nos institutions ne peuvent pas tenir sans vous », lance-t-il.
Reconnaissant qu’il « arrive dans une période de fortes turbulences institutionnelles, avec dans la fonction publique une vraie crispation et des sujets difficiles », Laurent Marcangeli dit le « comprendre et l’entendre ». Il plaide pour « agir avec humilité » et promet de « faire de son mieux ». « Les rencontres actuelles avec les organisations syndicales sont riches et se poursuivront avec l’ensemble des employeurs territoriaux », précise-t-il.

« Perte accélérée de l’attractivité de la FPT »

Parmi ses chantiers, le ministre cite en haut de la liste l’attractivité de la fonction publique en évoquant notamment le besoin d’une « meilleure accessibilité des concours qui doivent s’adapter davantage à la pratique professionnelle ». Il évoque aussi la nécessité de « remettre sur la table la question de la progression de carrière des fonctionnaires territoriaux ».
Quelques minutes plus tôt, Philippe Laurent, le président du CSFPT, s’était alarmé de « la perte accélérée de l’attractivité de la FPT ». « S’agissant des rémunérations, tout le monde s’accorde à dire que les mesures à prendre doivent prioritairement mettre fin au tassement des grilles qui aboutit à de profondes injustices au détriment de l’attractivité des métiers et du déroulement des carrières, a-t-il déclaré. Un travail est nécessaire pour redonner du sens aux grilles indiciaires et éviter de trop recourir aux mesures catégorielles ou ponctuelles qui ne peuvent tenir lieu d’une politique de rémunération juste, pérenne et attractive ».
Au-delà, le maire de Sceaux regrette que les propositions du rapport Icard-Desforges-Laurent de février 2022 sur l’attractivité de la FPT « restent lettre morte » : « trois ans plus tard, la situation n’a malheureusement pas vraiment évolué, voire même s’est détériorée ».

« Une transcription rapide » de l’accord sur la PSC

Sur la protection sociale complémentaire (PSC), Laurent Marcangeli se dit « disponible dès à présent pour aller le plus vite possible sur le sujet afin de rattraper le retard ». Une réponse à Philippe Laurent qui a dénoncé, une nouvelle fois, que la traduction réglementaire et législative de l’accord sur la PSC du 11 juillet 2023, signé entre les employeurs territoriaux et les organisations syndicales, n’ait toujours pas abouti. Affirmant « une vraie détermination sur le sujet », le ministre de la Fonction publique promet « une transcription rapide de cet accord ». Et d’évoquer l’option d’une proposition de loi sénatoriale qui transposerait l’accord dans une prochaine niche parlementaire.
Concernant le contexte budgétaire difficile, Laurent Marcangeli affirme qu’il ne fera pas de « promesses irréalisables » et annonce des discussions collectives d’ici les prochaines semaines. Sur sa façon de fonctionner, il s’engage « à ne faire aucune annonce et à ne pas lancer de ballons d’essai tant que le dialogue se poursuit ».
Dans ses chantiers, il cite aussi l’agenda social qui « doit permettre d’ouvrir des sujets de fond comme l’évolution des métiers et des carrières, avec la refonte des grilles indiciaires, par exemple ».

Situation alarmante de la CNRACL et de l’Ircantec

Philippe Laurent regrette aussi que les choses ne bougent pas sur la création d’un fonds de prévention de l’usure professionnelle dans la FPT malgré les nombreuses relances des organisations syndicales et de la coordination des employeurs territoriaux (CET) qui le réclame depuis plus de deux ans.
Sur le financement de l’apprentissage, il continue de pointer le « désengagement total de France Compétences et de l’État dès 2025 alors même que les demandes de financement dépassent largement les prévisions et témoignent de l’intérêt, si ce n’est de la nécessité, de ce dispositif pour les collectivités confrontées à une inédite perte d’attractivité ». Un désengagement de l’État « extrêmement dommageable, selon lui, compte tenu de la volonté fortement marquée des employeurs territoriaux à développer l’apprentissage, démarche de formation particulièrement bien adaptée à de nombreux métiers de la fonction publique territoriale ».
Autre sujet de préoccupation important : la situation de la CNRACL et de l’Ircantec. « L’augmentation envisagée d’une ampleur inédite de la contribution CNRACL et la modification par voie réglementaire de la gouvernance de l’Ircantec ont été annoncées sans concertation préalable », dénonce-t-il. Et d’appeler à « une remise à plat du système de retraite des agents de la FPT auquel appartiennent l’Ircantec et la CNRACL pour « en garantir la lisibilité, la cohérence et la pérennité ».

Philippe Pottiée-Sperry

Bilan 2024 du CSFPT

Sur l’année 2024, le CSFPT s’est réuni en séance plénière neuf fois, et 38 fois toutes formations spécialisées confondues pour examiner 16 textes sur des sujets très divers (décrets d’application de la loi « secrétaire de mairie » du 30 décembre 2023, décrets relatifs au régime indemnitaire de la police municipale et des gardes-champêtres, au forfait mobilités durables, aux formations statutaires obligatoires des agents territoriaux, au transfert définitif des services ou parties de services chargées des compétences de l’État à certaines collectivités, à l’index de l’égalité professionnelle, etc.). Au total, 77 amendements ont été déposés.
Par ailleurs, le président du CSFPT met en avant la poursuite du travail en auto-saisine, en citant notamment l’adoption du rapport sur le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Les formations spécialisées ont également travaillé sur d’autres sujets : bilan de la mise en œuvre du RSU (rapport social unique), les agents faisant fonctions dans la FPT, les ASFAM et les ASMAT, l’évaluation du fonctionnement des nouveaux conseils médicaux et leurs effets sur les agents, les conditions de  travail des agents territoriaux à Mayotte. Certains rapports devraient être présentés début 2025.


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