La semaine de quatre jours dans le secteur public : quelques recettes

Publié le 13 mars 2024 à 9h30 - par

Modalités, contraintes, expérimentations… La plateforme Profil public a étudié l’adoption de la semaine de quatre jours dans le service public. Retours d’expérience et témoignages apportent des clefs aux collectivités pour tester le projet.

La semaine de quatre jours dans le secteur public : quelques recettes
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Quatre jours en 32 heures, cinq jours condensés en quatre jours, avec ou sans RTT… La « semaine de quatre jours », expérimentée depuis quelques années, recouvre diverses modalités. « Derrière un même intitulé se cache une large palette d’intentions et d’attentes », précise Léa Roux, responsable médias de Profil public, une plateforme d’emploi innovante dédiée au secteur public, à l’origine d’une étude sur le sujet. Ce qui est sûr, c’est que tous les agents veulent être plus libres d’organiser leur vie.

Contrairement au secteur privé, l’employeur public doit s’inscrire dans des règles auxquelles il ne peut déroger : dans la fonction publique, la durée du travail légale est de 35 heures par semaine et 1 607 heures par an, et elle est limitée à 8 heures par jour et à 40 heures par semaine.

L’étude s’appuie sur le témoignage de 100 employeurs publics dont 57 de la fonction publique territoriale ; 86 d’entre eux souhaitent mettre en place la semaine de quatre jours. Les retours d’expérience d’institutions publiques qui l’expérimentent apportent certains enseignements. En particulier, la nécessité d’établir un cadre défini, d’échanger en amont avec les managers et d’anticiper le suivi. La collectivité peut notamment s’inspirer des expérimentations en cours (benchmark).

Réduire la durée de travail implique de repenser l’organisation du travail. Il ne faut pas aller trop vite et il convient de soigner la préparation de l’expérimentation, en procédant par étapes – commencer par un ou deux services, par exemple – pour susciter l’intérêt des autres agents. À la métropole de Lyon, une équipe projet pluridisciplinaire regroupant des psychologues, des spécialistes du temps de travail et des représentants des services d’accompagnement aux managers et à la transformation publique a défini le cadre de l’expérimentation. Cadre que les chefs de service doivent pouvoir ajuster. Il faut discuter avec les organisations syndicales, étudier les habitudes et l’organisation du travail des services et lancer une consultation auprès des collaborateurs éligibles à la semaine de quatre jours. Des ateliers thématiques peuvent avoir pour objet d’entendre et de concilier les contraintes métiers et les aspirations de tous les agents.

Valoriser la semaine de quatre jours dans les recrutements

Certains écueils doivent être pris en compte : anticiper les craintes et le besoin d’accompagnement des managers et responsables de service, assurer qualité et continuité du service public sans recruter, garantir la cohésion d’équipe et organiser le travail au sein des services et entre services. Mais aussi, garantir l’équité de la démarche alors que certains métiers ont des aménagements de temps et d’organisation du travail spécifiques, liés à leurs missions.

Le mieux est de proposer la semaine de quatre jours aux agents volontaires qui peuvent arrêter si le rythme ne leur correspond plus. L’employeur devra veiller au risque de surcharge de travail, de fatigue et de stress, car ils auront moins de temps pour accomplir la même quantité de travail. Et la semaine de quatre jours impose un nouveau rythme qui nécessite un temps d’adaptation pour mieux gérer son sommeil, raccourcir la pause déjeuner… Enfin, la collectivité pourra valoriser cet atout dans ses offres de recrutement.

Marie Gasnier


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