Des propositions pour redynamiser le secteur de la petite enfance

Publié le 2 octobre 2024 à 10h00 - par

Terra Nova insiste sur la nécessité d’une meilleure attractivité des formations et des métiers de la petite enfance.

Des propositions pour redynamiser le secteur de la petite enfance
© Par Engin_Akyurt - Pixabay.com

Faibles rémunérations, métier difficile et peu valorisé, perspectives d’évolution insuffisantes… Depuis plusieurs années déjà, le secteur de la petite enfance fait face à des difficultés de recrutement. « Pourtant l’évolution des connaissances en neurosciences, en économie et en sciences sociales a souligné l’importance de la qualité de l’accueil des jeunes enfants et l’investissement social dans la petite enfance est désormais un levier reconnu dans la lutte contre les inégalités sociales », pointe la directrice générale adjointe de Terra Nova, Suzanne Gorge, qui a signé le 19 septembre 2024 une note intitulée : « La petite enfance : un secteur à bout de souffle en mal d’attractivité ».

Alors que les élus, les partenaires sociaux, les politiques s’accordent sur la nécessité de créer de nouvelles places en crèches, et à quelques semaines de la mise en place du service public de la petite enfance (SPPE), dans lequel les communes auront une place prépondérante, le think tank formule plusieurs propositions pour « revaloriser financièrement et culturellement le rôle des professionnels de la petite enfance, mieux reconnaître leur apport à la société et donner envie aux jeunes femmes et aux jeunes hommes de s’engager dans cette voie ».

Terra Nova insiste, en particulier, sur la nécessité d’une meilleure attractivité des formations et des métiers de la petite enfance. De fait, la moitié des 21 propositions de son rapport y est consacrée. Le think tank recommande, tout d’abord, d’améliorer la qualité de la formation initiale et continue. Il invite, notamment, les pouvoirs publics à créer un cadre national de formation pour uniformiser les enseignements et y ajouter plus de pratiques, plus de stages. Ce cadre de formation devrait être basé sur un référentiel national clair et régulièrement actualisé et sur la Charte nationale pour l’accueil du jeune enfant, précise Suzanne Gorge. Elle suggère également d’y intégrer les avancées en sciences cognitives et les nouvelles connaissances sur les besoins fondamentaux de l’enfant.

Plusieurs autres propositions visent à renforcer des formations jugées « encore trop peu attractives ». Au programme :

  • création de bourses pour inciter les étudiants à se diriger vers ces formations, sous réserve d’exercer ensuite durant plusieurs années :
  • une formation obligatoire à l’entrée en établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE), pour le personnel « qualifié » (notamment les titulaires d’un CAP) ; instaurer une obligation d’un stage en EAJE dans le cadre du diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture ;
  • créer un diplôme de niveau bac dans la filière éducative dédié à l’accueil de jeunes enfants, entre le CAP Accompagnant éducatif petite enfance (AEPE) et le diplôme d’éducateur de jeunes enfants (EJE) ;
  • changer le regard sur ces métiers, via une communication faite dès le collège pour les valoriser, attirer très tôt les potentiels talents et diversifier les profils dans le secteur en attirant, notamment, davantage d’hommes ;
  • faciliter l’accès à la validation des acquis de l’expérience (VAE) ;
  • multiplier les passerelles de formation pour que ceux qui entrent avec peu de qualifications puissent obtenir les qualifications nécessaires ;
  • mise en place d’un CAP évolutif pour permettre aux AEPE de devenir auxiliaires de puériculture (sous réserve d’avoir 3 à 4 ans d’expérience dans leur poste) ;
  • diffusion chaque année par la CAF d’un questionnaire sur les postes vacants, pour centraliser et mieux cartographier les besoins selon les communes et les métiers.

Terra Nova invite, par ailleurs, à améliorer les conditions de travail, notamment en alignant les obligations de qualification des professionnels des micro-crèches sur celles des autres EAJE. Le think tank prône également de miser sur le temps hors enfants et de faire primer le programme éducatif.

Autres propositions : instaurer davantage de contrôles dans l’ensemble des EAJE (a minima tous les deux ans) ; renouveler le modèle de financement des crèches.

Enfin, le rapport rappelle que les métiers de la petite enfance nécessitent d’être davantage valorisés et mieux rémunérés. Terra Nova préconise ainsi de mobiliser des moyens supplémentaires pour financer les hausses de salaire. Ainsi, outre leur contribution générale au financement de la branche Famille, le think tank milite pour l’instauration d’une obligation de prise en charge partielle par les employeurs des frais d’accueil des jeunes enfants de leurs salariés.


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