Quand les préventeurs de collectivités s’organisent en réseau pour mutualiser leurs actions et leurs connaissances

Publié le 19 avril 2016 à 14h15 - par

Les gestionnaires de risques professionnels, conseillers ou assistants de prévention et préventeurs, sont des acteurs de la prévention en santé et sécurité au travail, formés et présents depuis de nombreuses années au sein des collectivités. Certains font le choix de se regrouper pour former de véritables réseaux d’homologues désireux de travailler de concert sur des problématiques communes et de favoriser le partage de bonnes pratiques.

Travailler en réseau

Qu’il soit délimité à une zone géographique (un département…) ou constitué selon une typologie de structures (SDIS, collectivités de taille importante, établissements hospitaliers…), un réseau de mutualisation est un système organisé de relations entre les acteurs impliqués. Il doit donc avoir une structuration adaptée à sa taille, à son ambition, au périmètre géographique… (ce qui sous entend d’être vigilant au nombre de membres, aux temps de trajet pour se réunir, à la disponibilité de chacun…). Le partage d’objectifs communs, l’établissement de règles de fonctionnement et la désignation d’une fonction de pilotage seront autant de points essentiels pour que le travail en réseau résiste à l’épreuve du temps.

Travail en réseau : quels enjeux, quelles finalités

Échanger et partager entre pairs pour progresser

L’un des premiers intérêts d’un réseau est de faciliter les échanges de bonnes pratiques à mettre en œuvre ou le partage de problématiques communes. Les acteurs du réseau y trouveront la possibilité de comparer leurs approches, leurs résultats et l’occasion d’en tirer une valeur ajoutée. En complément, le partage et la mise en commun d’expériences et d’outils développés par ailleurs, qu’ils soient innovants ou non, doivent pouvoir profiter à l’ensemble du réseau. L’idée est de ne pas repenser des outils déjà disponibles. Ce soutien possible au sein d’un collectif est souvent favorable aux personnes nouvellement en poste ou s’intéressant à une thématique qu’elles n’ont pas encore appréhendée. Les technologies modernes d’information et de communication sont facilitatrices.

Coopérer pour produire efficacement

Travailler en réseau ne se limite pas à communiquer, à échanger ou à mettre en commun. Savoir travailler en réseau peut aussi aller jusqu’à produire ensemble pour gagner en efficience. Les acteurs du réseau devront alors travailler en coopération, constituant ainsi un véritable groupe de travail. Qu’il s’agisse de supports de communication, d’outils, de méthodes de travail… les résultats obtenus lors de cette mutualisation devront permettre d’apporter une valeur ajoutée aux structures d’appartenance des préventeurs.

L’appui des partenaires

Des interlocuteurs réguliers des collectivités ou établissements peuvent jouer un rôle auprès de ces réseaux : par exemple, les fournisseurs de matériels, de produits ou de services, les centres de gestion de la Fonction publique territoriale… Ces partenaires sont des vecteurs d’informations et d’outils sur les problématiques de santé et de sécurité au travail. Ils peuvent aussi avoir un rôle direct sur la structuration, la coordination et le pilotage du réseau.

L’exemple du réseau des préventeurs des SDIS Bretagne-Pays de la Loire-Poitou

Constitué à l’origine des préventeurs de 5 SDIS, ce réseau s’est peu à peu élargi pour devenir l’actuel réseau constitué de 11 SDIS (Côte d’Armor, Finistère, Ille et Vilaine, Loire-Atlantique, Morbihan puis Vendée, Maine et Loire, Mayenne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vienne).

Ce réseau vise à améliorer l’efficacité des démarches globales de prévention de leur SDIS par la mutualisation des connaissances, des expériences et des résultats. Réseau de partage et d’échange, il permet également de travailler à des productions communes, facilement exploitables par chaque SDIS. La direction de chaque SDIS soutient le réseau en permettant à son conseiller de prévention de s’impliquer dans les travaux. Un partenaire du réseau, constitué de consultants en santé au travail, participe également aux échanges.

Principes de fonctionnement :

Les conseillers de prévention se réunissent à raison de 3 réunions plénières par an afin de faire un point d’avancement sur les projets et de partager des retours d’expériences (analyses d’accident, actions mise en place au sein d’un SDIS, accidentalité…). En parallèle, des réunions en groupe de travail sont organisées, en fonction des besoins, pour avancer sur les travaux communs. Périodiquement, une rencontre avec les directeurs permet de fixer les orientations du réseau. Ce réseau dispose d’une plateforme de partage permettant de capitaliser sur des productions internes à chaque SDIS. Chaque SDIS garde son autonomie sur sa démarche de prévention et sur ses priorités.

Le premier projet commun a permis d’aboutir à l’élaboration de 10 affiches « Les SDIS face au risque routier » mis à la disposition de tous les SDIS de France. Les contributeurs du réseau ont également produit une mallette de formation en santé-sécurité au travail comportant 5 contenus (risque routier, addictions, prévention des risques liés aux activités physiques, santé et sécurité au travail, équipements de protection individuelle). Derniers travaux en date : la réalisation de l’évaluation des risques lors des activités opérationnelles. Chaque année, des formations à destination des assistants de prévention des SDIS du réseau sont organisées. Un partage des indicateurs d’accidentalité à l’échelle du réseau apporte un éclairage intéressant.

Le réseau BPLP partage avec les autres réseaux inter-SDIS régionaux (Réseau Santé et Sécurité des SDIS du Grand Centre et Rhône-Alpes) et contribue à la plateforme d’échange du Portail National des Ressources et des Savoirs. Le travail du réseau BPLP profite ainsi à la progression des questions de santé et sécurité au sein des SDIS de France.

S’agissant de réseaux traitant des questions de prévention des risques professionnels et de santé au travail, il faut y voir une réelle opportunité de contribuer à la performance de chaque structure membre. À condition de maintenir un environnement permettant au réseau de fonctionner de façon optimale. « On a tout à gagner à s’enrichir des autres » tel est l’enseignement du travail en réseau aujourd’hui chez les SDIS. C’est aussi la capacité à innover ensemble.

par Xavier JORON, Consultant en prévention et conditions de travail

Source : blog Expertises publiques