Quels retours des acteurs sur la prise en compte des RPS ?

Publié le 5 février 2013 à 0h00 - par

Les collectivités partagent les mêmes difficultés à définir et à délimiter le champ d’intervention des acteurs du dispositif des risques psychosociaux.

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Les risques psychosociaux (RPS) ne sont définis, ni juridiquement, ni statistiquement. Ils sont à l’interface de l’individu et de sa situation de travail d’où le terme de risque psychosocial. Tout le monde s’accorde à souligner leur plurifactoralité qui caractérise l’organisation du travail et les relations interindividuelles. Les facteurs à l’origine des RPS sont connus et mis en évidence dans les collectivités. Rares sont cependant les études qui relatent le point de vue des acteurs de ce dispositif.
 

Les risques psychosociaux constituent un champ de tension

Les risques psychosociaux constituent un champ de tension pour les directions des Ressources humaines. Les services du personnel expriment souvent leur malaise à se sentir dans un entre-deux, à être à la fois juges et parties entre l’analyse d’un problème et les solutions préconisées pour le résoudre. Ils s’interrogent également sur la légitimité de leur position et sur leur rôle, dès lors qu’ils interviennent sur les aspects organisationnels et managériaux.

La prise en compte des risques psychosociaux tend à faire évoluer leurs pratiques au-delà de la mise en œuvre et du suivi des dispositifs. Au côté des médecins et des psychologues, les services emplois-compétences, formation, carrière sont davantage mobilisés par les démarches et les commissions liées au reclassement, à l’accompagnement des mobilités ou au maintien dans l’emploi des agents.

Les encadrants quant à eux ont très souvent le sentiment d’être pointés du doigt dès lors que nombre de situations de risques psychosociaux renvoient directement ou indirectement à des aspects organisationnels et managériaux. Ils s’estiment sous pression, pris en tenaille entre leur charge de travail et des objectifs de performance toujours plus contraignants.
 

Les acteurs de la prévention, des syndicats et les élus sont peu convaincus

Le positionnement des médecins de médecine professionnelle n’est pas simple dans les dispositifs RPS mis en place. Ils pointent la difficulté à cerner les notions de mal-être au travail et leur imbrication avec la sphère privée. Les psychologues partagent avec les médecins, cette difficulté déontologique à s’inscrire à la fois au niveau du suivi individuel et au plan collectif en matière de diagnostic et d’intervention.

Les préventeurs pensent que les risques psychosociaux restent le parent pauvre de la prévention. Selon eux, les risques psychosociaux incitent, comme pour les méthodes d’accidentologie, à appliquer des méthodes d’analyse systémique et des approches pluridisciplinaires dans lesquelles les questions d’organisation et de conditions de travail sont plus présentes.

Les organisations syndicales regrettent que les dispositifs soient trop centrés sur les aspects individuels et sur la médicalisation des suivis. Elles dénoncent le déni affiché parfois par les directions générales et les services des ressources humaines vis-à-vis des problèmes de risques psychosociaux.

Même si les positions évoluent, les élus sont quant à eux considérés comme étant souvent réticents à s’engager directement dans la gestion des risques psychosociaux. Leur vigilance et leur mobilisation à l’égard des risques psychosociaux tendent toutefois à s’accroître.

Fortes du constat mitigé des acteurs du dispositif, les collectivités ont aujourd’hui tendance à renforcer leur « outillage » RPS. Pour ce faire, elles mettent en place des observatoires des conditions de travail pour compléter les indicateurs existants et pour mieux évaluer et anticiper les risques professionnels.