Peut-on imposer un changement d’affectation d’office à un fonctionnaire ?

Publié le 23 août 2018 à 8h02 - par

La procédure de mouvements des fonctionnaires au sein d’une collectivité ou d’un établissement est prévue par l’article 52 de la loi du 26 janvier 1984, plus communément appelés mutations internes.

Peut-on imposer un changement d'affectation d'office à un fonctionnaire ?

Il revient à l’autorité territoriale de procéder aux mouvements des fonctionnaires au sein de la collectivité ou de l’établissement. Dans le cas où il s’agit de remplir une vacance d’emploi compromettant le fonctionnement du service, et à laquelle il n’est pas possible de pourvoir par un autre moyen, même provisoirement, la mutation peut être prononcée sous réserve d’examen ultérieur par la commission compétente. Seules les mutations comportant changement de résidence ou modification de la situation des agents sont soumises à l’avis des commissions administratives paritaires.

Un changement d’affection d’un agent peut intervenir d’office

Les changements d’affectation peuvent intervenir à la demande de l’agent ou d’office. Lorsqu’elle est prononcée d’office, c’est-à-dire à l’initiative de l’employeur, une mutation doit trouver sa justification dans des motifs liés à l’organisation ou à l’intérêt du service. La mutation d’office d’un fonctionnaire dans l’intérêt du service peut être décidée unilatéralement par l’autorité hiérarchique pour rétablir des conditions normales de fonctionnement d’un service.

La mutation d’office est justifiée non pas par le comportement du fonctionnaire mais par le fait que le service dysfonctionne. Cette mutation est une mesure prise en considération de la personne et à ce titre doit être précédée de la communication du dossier au fonctionnaire en application de l’article 65 de la loi du 22 avril 1905. La commission administrative paritaire doit ensuite être consultée.

Une décision de mutation d’office ne présente pas le caractère d’une sanction disciplinaire déguisée. Par ailleurs, l’obligation de mettre l’agent à même de consulter son dossier administratif est respectée dans la mesure où un entretien préalable à sa mutation a eu lieu. Le fait que l’agent n’ait pas demandé son dossier, alors qu’il en avait la possibilité, ne rend pas la procédure irrégulière (Conseil d’État, 22 février 2008, n° 296316).

Les conditions d’une mobilité d’office

Malgré les désagréments occasionnés par une mutation d’office dans sa vie personnelle, la décision portant changement d’affectation d’un fonctionnaire pour nécessité de service est légale, si les missions effectives qui lui ont été confiées sont, dans leur contenu, très différentes de celles qu’il assumait précédemment. Son positionnement hiérarchique n’a pas à être affecté par la mutation d’office.

Le maintien d’un agent dans ses fonctions antérieures, en raison de la dégradation de ses relations avec son supérieur hiérarchique, est considéré comme un obstacle au fonctionnement normal du service. La mutation d’office résultant principalement du comportement reproché à un agent dans l’exercice de ses fonctions est également considérée comme justifiée au regard du contenu des fiches de notation de l’intéressé qui actaient régulièrement d’un mauvais comportement.

Un fonctionnaire stagiaire peut aussi faire l’objet d’un changement d’affectation au cours de son stage. En effet, les agents stagiaires nommés dans un emploi ont vocation à être titularisés dans un grade auquel correspondent différents emplois. Ainsi dans le cadre de son pouvoir d’organisation des services, l’autorité territoriale peut décider de changer l’affectation d’un agent au cours de sa période de stage. Toutefois le stage de l’agent ne pourra pas être prolongé pour ce motif.

Le changement d’affectation d’office est encore une procédure administrative peu utilisée par les employeurs publics mais elle permet souvent la bonne régulation des dysfonctionnements de service.