Un vote de confiance rejeté : François Bayrou contraint à la démission
Le 8 septembre, à l’Assemblée nationale, François Bayrou a défendu devant les députés son diagnostic sur l’état des finances publiques, qui engage « le pronostic vital » du pays, selon lui.
Sans conjurer le sort promis depuis quinze jours. Au terme d’un débat marqué par un sévère réquisitoire des oppositions, seuls 194 députés (macronistes, MoDem, Horizons et Républicains) ont voté pour la confiance. Largement insuffisant face aux 364 voix conjuguées de ses opposants, allant du Rassemblement national à La France insoumise. Plus dommageable pour la coalition gouvernementale, 27 députés LR ont voté pour la confiance mais 13 ont voté contre, et 9 se ont abstenus.
Et si le résultat était attendu, il n’en reste pas moins historique : François Bayrou devient le premier chef de gouvernement de la Ve République à échouer sur tel vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter, moins d’un an après la censure du gouvernement de Michel Barnier.
Une demi-heure après le vote, l’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron recevrait mardi 9 septembre le chef du gouvernement pour « accepter la démission de son gouvernement ». Cette annonce intervient alors que le climat politique est marqué par un « mouvement dégagiste » selon les mots de Jean-Luc Mélenchon sur France 2, qui ajoute : « Nous avons besoin, à la suite d’un mouvement dégagiste, d’un moment refondateur. Seule l’élection présidentielle le permet ».
Après Bayrou : quels scénarios possibles ?
« Un nouveau gouvernement, au vu de l’équation politique, ne passera probablement pas la discussion budgétaire », a affirmé Marine Le Pen, martelant que « la dissolution n’est pas pour Emmanuel Macron une option, mais une obligation ». La cheffe de file de l’extrême droite, qui a appris lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, lui ayant valu une inéligibilité (13 janvier au 12 février 2026), se dit prête à « sacrifier » son mandat de députée pour porter son parti à Matignon.
L’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale est cependant rejetée par plusieurs membres de la majorité qui explorent une autre voie : celle d’un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre. « Le plus stable, c’est le socle commun qui dialogue avec les socialistes », estime un proche du président. Pour obtenir cet accord, Emmanuel Macron doit accepter « qu’il n’a plus de majorité » et qu’il « doit revoir ses politiques fiscales pour permettre la stabilité », a estimé sur LCI le leader de Place Publique, Raphaël Glucksmann. Plusieurs noms circulent : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian…
Autre solution proposée dans les couloirs du Palais Bourbon lundi 8 septembre, un négociateur chargé de trouver un accord budgétaire. Le président de Renaissance Gabriel Attal a notamment plaidé pour un « accord d’intérêt général » de dix-huit mois jusqu’à la présidentielle.
De son côté, Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, appelle à « recevoir les chefs des partis de gauche avant de nommer le prochain Premier ministre ». Le Parti socialiste se dit prêt : « Les socialistes sont prêts », a martelé à la tribune le chef de leur groupe, apostrophant Emmanuel Macron : « qu’il vienne nous chercher ». Mais dans l’entourage du Président, peu voient Emmanuel Macron nommer le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui rejette lui-même l’idée d’un gouvernement « commun » avec des macronistes. Sur TF1, il a indiqué ne pas avoir été contacté par le président.
Pressions budgétaires et sociales : un calendrier sous tension
L’agenda gouvernemental est sous haute pression. Le débat autour de la loi de finances 2026 s’annonce particulièrement délicat dans un contexte de défiance généralisée.
Les événements sociaux à venir renforcent l’urgence d’une solution rapide. Dès le 10 septembre, le mouvement « Bloquons tout » prévoit des mobilisations, suivi de manifestations syndicales le 18 septembre. Par ailleurs, l’agence de notation Fitch rendra le 13 septembre sa décision concernant la note de la dette française, pouvant aggraver la situation en cas de dégradation.
La transition devra donc être rapide. « Une passation la plus fluide possible pour que très rapidement, la prochaine équipe puisse se mettre au travail », a indiqué Matignon.
