L’administration commence à expérimenter l’IA générative

Publié le 6 octobre 2023 à 8h30 - par

Le Gouvernement a officiellement lancé jeudi 5 octobre 2023 son expérimentation de l’intelligence artificielle (IA) générative dans l’administration française, qui doit permettre à terme d’améliorer les réponses aux questions des usagers des services publics.

L'administration commence à expérimenter l'IA générative
© Image par Slash RTC de Pixabay

« L’IA était déjà présente dans le service public, mais moins dans la relation avec les usagers », d’où l’intérêt de l’expérimentation annoncée dès le mois de mai, a indiqué le ministre de la Transformation publique Stanislas Guerini lors d’une table ronde à Paris avec des chercheurs et des experts de l’IA.

Depuis cet été, neuf réseaux de service public dont la CAF, l’Assurance maladie ou la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), alimentent en données un modèle d’IA générative développé par la start-up américaine Anthropic AI.

Au total, « plus de 5 000 fiches issues de la Direction de l’information légale et administrative (Dila) » et plus de 40 000 échanges en ligne entre l’administration et les usagers sont venues enrichir le modèle d’IA utilisé pour l’expérimentation, détaille auprès de l’AFP Laurent Blanc, chargé de piloter l’expérimentation au sein de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP).

« Dans certains cas et dans certains réseaux », les tests réalisés cet été ont montré que le délai de réponse de l’administration était divisé par deux, voire par six », poursuit M. Blanc.

Pas question pour autant de remplacer des fonctionnaires par des machines, a pris soin de préciser le ministre.

Face au sentiment d’éloignement croissant des services publics, « les usagers demandent des voix et des visages en face d’eux. L’erreur fondamentale serait d’opposer la numérisation des services publics et l’humanisation de nos services publics », a théorisé M. Guerini.

Invité à la table ronde, l’entrepreneur et docteur en IA Gilles Moyse a abondé dans le même sens.

« Ce qui relève de l’empathie, de la compréhension, du bon sens ne sera pas remplacé » par l’IA, a-t-il soutenu. L’IA a davantage vocation à « libérer les humains pour qu’ils aient du temps humain avec des humains. »

Jeudi 5 octobre, des agentes d’une caisse parisienne de la Cnav ont montré à M. Guerini le fonctionnement de leur nouvel outil de travail.

Moins d’une seconde après que l’une d’elles a cliqué sur un gros bouton vert, une suggestion de réponse à un assuré de la Cnav apparaît sur son écran.

« C’est plus facile de répondre à partir d’un brouillon que d’une feuille blanche », se félicite-t-elle.

Plusieurs agents des réseaux impliqués dans l’expérimentation ont profité de la visite du ministre pour faire remonter les imperfections du modèle d’IA utilisé.

Au début de l’expérimentation, les formulations des réponses suggérées étaient « très ampoulées », relève une agente de la préfecture de l’Essonne.

Chaque proposition de réponse se terminait ainsi par une signature très formelle et impersonnelle (« L’agent du service public »), renchérit une autre testeuse du modèle.

L’expérimentation doit permettre de corriger ces imperfections, et le Gouvernement espère élargir son périmètre à certaines Maisons France Services avant la fin de l’année.

L’administration cherche aussi à élaborer d’ici la fin 2023 un modèle français d’IA générative pour remplacer celui d’Anthropic.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2023


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Institutions et administration territoriale »

Voir toutes les ressources numériques Institutions et administration territoriale