Conseils de lecture, par Bruno Collignon, sapeur-pompier de carrière

Publié le 9 décembre 2020 à 9h38 - par

Chaque mercredi, nous demandons à un acteur public parmi ce qu’il a lu ou relu, vu ou entendu – livres, articles, vidéos –  quels sont les 3 médias qui ont le plus nourri sa réflexion pendant cette crise sanitaire. Cette semaine, Bruno Collignon, sapeur-pompier de carrière, deux fois président d’une organisation syndicale représentative, et toujours engagé pour la préservation du service public.

Conseils de lecture, par Bruno Collignon, sapeur-pompier de carrière

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Solidaire du service public
Covid-19 : des acteurs publics face à la crise sanitaire
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Bruno Collignon

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  • « Restez chez vous »

C’était lors du premier confinement, les parcs et jardins fermés par décision gouvernementale privaient les citadins d’un accès à tout espace de nature alors même que de nombreuses familles, vivant dans des conditions de logement parfois précaires, avaient tant besoin d’un espace de liberté.

Les librairies, tout comme les bibliothèques, n’étaient pas encore considérées comme non essentielles, mais elles avaient déjà fermé leurs portes.

« Restez chez vous », le message était pourtant clair.
Restez chez vous

C’était donc le moment idéal pour s’évader sur les traces de « La panthère des neiges », aux Éditions Gallimard, de Sylvain Tesson  : « Ce renoncement menait les bêtes à l’enclos, et les hommes à la ville. J’étais de cette race des hommes-bovins : je vivais dans un appartement. L’autorité régentait mes faits et gestes et s’impatronisait dans mes libertés de détail. En échange on me fournissait le tout-à-l’égout et le chauffage central – le foin, en d’autres termes. Cette nuit les bêtes rumineraient en paix, c’est-à-dire en prison. Pendant ce temps les loups fouilleraient la nuit, les panthères rôderaient, les mouflons trembleraient accrochés aux parois. Que choisir ? Vivre maigre sous les voix lactées ou ruminer au chaud dans la moiteur de ses semblables ? » (p.118).

C’est également à cette période que les Éditions Gallimard ont publié leurs « Tracts de crise » en accès libre durant le confinement, dont le numéro 23 publié le 30 mars et intitulé « Que ferons-nous de cette épreuve ? » fut confié au même Sylvain Tesson.

Lire en période de confinement, lorsque l’injonction « Restez chez vous » sonne comme une privation inéquitable de liberté, donne tout son sens à l’engagement des services culturels des collectivités territoriales qui, pour beaucoup d’entre elles, permettent un accès souvent gratuit aux bibliothèques et médiathèques réduisant d’autant les inégalités sociales en matière d’accès à la culture.

  • Lettres d’intérieur

Et puis il y eu les lettres d’intérieur, lues chaque jour sur l’antenne de France Inter à travers la voix d’Augustin Trapenard.

Des lettres qui toutes avaient comme point commun d’être écrites par des femmes et des hommes désireux de partager leurs sentiments en cette période si singulière.

Certaines d’entre elles ont été relayées sur les réseaux sociaux ou partagées au sein des groupes WhatsApp avec l’envie de créer un lien entre celles et ceux qui voulaient se retrouver autour du message qu’elles contenaient.

Des enseignants se sont inspirés de certaines de ces lettres pour animer une séquence de travail à distance avec leurs élèves.

Des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) rattachés aux centres communaux d’action sociale ont proposé des ateliers de lectures à partir de ces mêmes lettres.

De Radio France à l’Éducation nationale en passant par les établissements de prise en charge de la dépendance, les lettres d’intérieur ont contribué, à leur manière, à renforcer le lien intergénérationnel, véritable mission de service public qui a su résister aux contraintes imposées par la pandémie.

  • Mémoire de dette et cours de l’histoire

Il a également été question de conseil de défense, de situation de guerre et même de jours heureux au cours de ces derniers mois.

Le fameux « quoi qu’il en coûte » a replacé au centre du débat la question de la dette publique.

Souvenons-nous qu’en 2017, la dette de 32 000 € dont héritait chaque nourrisson semblait insupportable aux yeux des experts de Bercy.

Trois ans plus tard, Covid oblige, la question de la dette publique semble reléguée à d’autres temps, même si quelques économistes s’alarment des modalités de remboursement de cette dette.

Et puisqu’il a été question des jours heureux, il n’est pas inintéressant de se replonger dans ce qu’était la réalité économique de notre pays au moment des discussions relatives au programme du Conseil national de la résistance.

Sur ce sujet, les 4 émissions diffusées dans le cadre de la série « Le cours de l’histoire » sur France Culture sont particulièrement éclairantes.

Il y est notamment question de l’intérêt général, l’un des piliers du service public.

Propos recueillis par Hugues Perinel


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