Facture d’énergie : les communes demandent de l’aide au gouvernement qui relativise

Publié le 1 avril 2022 à 8h55 - par

La flambée des prix de l’énergie fait s’envoler les factures de certaines communes qui demandent de l’aide au gouvernement, n’étant que peu concernées par le « bouclier tarifaire », mais l’exécutif relativise à ce stade l’impact de cette hausse sur leurs finances.

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« On a renouvelé notre contrat de fourniture d’énergie fin 2021 et on va passer d’une ligne budgétaire de 300 000 euros en 2021 à presque 900 000 euros en 2022 », raconte à l’AFP Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage dans la Drôme.

Cette élue a fait ses comptes : « ça fait + 200 % pour le gaz et + 100 % pour l’électricité », pour sa commune de 10 500 habitants.

« Pour nous c’est un triplement de la facture », avance aussi Christophe Bouillon, maire de Barentin (Seine-Maritime) et président de l’Association des petites villes de France (APVF).

Des cas qui sont loin d’être isolés, selon l’APVF. « On a tiré très tôt la sonnette d’alarme car on avait des remontées de maires qui voyaient les renégociations de contrats arriver avec des prix qui explosent », raconte à l’AFP André Robert son délégué général.

Si le gouvernement a bloqué les prix du gaz dès novembre 2021, et plafonné à + 4 % la hausse des tarifs de l’électricité en février, ces mesures ne concernent que les particuliers et certaines très petites collectivités en milieu rural.

« Les augmentations de coût de fourniture d’énergie s’échelonnent entre 30 et 300 % pour l’électricité et le gaz », indiquait en janvier dernier l’Association des Maires de France (AMF) dans un courrier adressé au Premier ministre, s’appuyant sur une enquête réalisée par la FNCCR, qui rassemble les communes et services publics gérant notamment les réseaux d’eau et d’électricité.

À partir du moment où le bouclier tarifaire existe, « il doit respecter un principe d’universalité e donc pouvoir s’appliquer aussi à toutes les collectivités locales », jugeait encore l’AMF dans un autre courrier à Jean Castex, datant du 22 février.

Festival annulé, subventions réduites

À Bourg-de-Péage, pour faire face, la maire ne va pas augmenter les impôts, « mais on va arrêter le festival de magie qu’on organisait tous les ans, c’est 92 000 euros d’économisé », réduire de 70 000 euros les subventions aux associations ou encore se passer de ses éducateurs sportifs.

À Barentin, le maire a donné la consigne à ses services de réduire de 7 % les dépenses générales, hors masse salariale, pour récupérer « quelques centaines de milliers d’euros ». Et la ville a baissé d’un degré le chauffage dans ses bâtiments.

Des communes ont elles décidé de fermer leur piscine municipale qui coûte cher en chauffage, rapportent encore des médias régionaux.

Alors que le gouvernement a débloqué près de 26 milliards d’euros pour les particuliers et les entreprises afin de limiter l’impact de l’inflation, rien n’est à ce stade vraiment prévu pour les collectivités.

Il n’y a « pas de dispositif spécifique pour les collectivités, par contre, elles s’inscrivent bien dans les dispositifs généraux », nuance-t-on de source gouvernementale, évoquant la baisse de la taxe énergétique sur l’électricité (TICFE) ou le gel du prix du gaz servant à alimenter les réseaux de chaleur installés dans certaines communes.

Interpellé mercredi et jeudi 31 mars 2022 par les sénateurs et députés lors d’auditions de leurs commissions des Finances, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a assuré que le gouvernement suivait « de près » le sujet. Mais « quelques éléments doivent nous inciter à relativiser » la situation des communes, a-t-il ajouté.

« Lorsque nous regardons ce que pèse dans le budget des collectivités locales le budget de l’énergie, pour les communes cela représente 3,35 % en 2020 des recettes réelles de fonctionnement » en moyenne, a-t-il pointé. Il a aussi rappelé que selon les chiffres de l’Insee, les comptes des collectivités locales étaient fin 2021 en excédent de 4,7 milliards d’euros.

« Même si ça ne représente que 4 à 5 % du budget d’une commune c’est autant d’argent qu’on mettra en moins dans nos investissements », rétorque Christophe Bouillon, qui rappelle que s’ajoute à cela l’augmentation à venir des rémunérations des agents publics décidée par le gouvernement, principal poste de dépense des communes.

L’APVF réclame ainsi une « dotation énergie » pour les collectivités, mais « fléchée vers les collectivités qui s’engagent à investir dans la rénovation énergétique », ajoute-t-il.

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