Salaires petite enfance : des revalorisations salariales pas égales pour tous

Publié le 18 mars 2024 à 13h40 - par

La revalorisation des salaires dans le secteur de la petite enfance représenterait, en moyenne, 150 euros par mois dans le secteur privé associatif et marchand et 100 euros dans le secteur public.

Salaires petite enfance : des revalorisations salariales pas égales pour tous
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La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ont annoncé, le 5 mars 2024, un accompagnement financier des branches professionnelles qui accorderaient des augmentations salariales de 150 euros net par mois en moyenne pour les professionnels des métiers de la petite enfance. L’État couvrira, à hauteur de 66 %, des augmentations comprises en moyenne entre 100 et 150 euros net par mois, 34 % restant à la charge des gestionnaires.
S’inscrivant dans le cadre de la Convention d’objectifs et de gestion (COG) de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), cette mesure bénéficiera aux salariés des crèches financées par la branche famille de la Sécurité sociale. Elle sera effective dès son vote par le conseil d’administration de la Cnaf, prévu le 3 avril.

Revalorisation des salaires des professionnels de la petite enfance

« Cette annonce vient concrétiser l’engagement du gouvernement en faveur des professionnels de la petite enfance, reconnaissant ainsi leur contribution indispensable au bien-être et au développement des jeunes enfants », se félicitent Catherine Vautrin et Sarah El Haïry. À travers cette revalorisation, l’exécutif réaffirme « sa volonté d’améliorer l’offre d’accueil en matière de petite enfance et agit sur l’attractivité des métiers ». Le gouvernement se fixe pour objectif de créer 200 000 nouvelles solutions d’accueil d’ici à 2030, mais aussi de rendre les métiers de la petite enfance plus attrayants grâce à des parcours de formation et d’accompagnement individualisés, rappellent les deux ministres. En parallèle, le gouvernement s’engage à améliorer la qualité de l’accueil en petite enfance, en élaborant un référentiel qualité et en renforçant les inspections et contrôles des crèches, ajoutent Catherine Vautrin et Sarah El Haïry.

« Pour le secteur public, cette sous-augmentation de 100 euros, soumise au bon vouloir et à la délibération des employeurs territoriaux, via l’augmentation du régime indemnitaire, est bien en-dessous des besoins des agents et générera une nouvelle fois des inégalités entre les territoires », dénonce la CGT. L’organisation syndicale revendique avant tout la revalorisation des grilles indiciaires des agent(e)s du secteur à hauteur de leurs compétences et qualifications. Pour la Fédération des services publics, cette augmentation de salaire « au rabais » se situe « en dessous des enjeux et besoins criants du secteur public de la petite enfance ».

Une augmentation de salaire au rabais laissée au bon vouloir des employeurs territoriaux pour la fédération CGT des Services publics

« + 100 euros net mensuel d’augmentation pour les agentes et agents du secteur public travaillant dans les établissements d’accueil de jeunes enfants, via une hausse du Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel (RIFSEEP), contre une augmentation de 150 euros nets mensuels dans le secteur privé associatif et marchand de la petite enfance ! », a réagi la fédération CGT des Services publics, le 13 mars 2024. Dans la Fonction publique territoriale, cette augmentation du régime indemnitaire sera accordée au bon vouloir des employeurs territoriaux, qui n’ont aucune obligation de l’appliquer, et ne comptera pas pour le calcul du montant de la retraite des agents, confirme la fédération.

« Une honte pour le gouvernement qui se targue de développer un soi-disant service public de la petite enfance. Avec ces mesures, le gouvernement porte un nouveau coup de couteau à l’égalité de traitement des agent·es et des territoires, mais aussi à l’attractivité de la Fonction publique », s’indigne la fédération CGT des Services publics. Selon elle, ces annonces sont donc loin de répondre aux exigences portées par les professionnels du secteur de la petite enfance et du besoin urgent de création de 200 000 places de crèches.

Pour la CGT, « la ligne rouge est franchie ! La colère des professionnels ne s’éteindra pas avec des mesurettes ! » C’est pourquoi, la fédération CGT des Services publics revendique :

  • La revalorisation des grilles indiciaires et l’attribution immédiate du Complément de traitement indiciaire (CTI), soit 189 euros nets mensuels pris en compte dans le calcul des montants des retraites pour l’ensemble des agent(e)s de la petite enfance ;
  • La prime pouvoir d’achat obligatoire pour tous les agent(e)s de la territoriale ;
  • La revalorisation du point d’indice à 6 euros ;
  • La prise en compte de la pénibilité permettant un départ anticipé à la retraite avant 60 ans, avec 75 % du salaire des 6 derniers mois ;
  • L’amélioration des conditions de travail et une véritable reconnaissance des qualifications des métiers de la petite enfance ;
  • Pour la qualité d’accueil des enfants : un taux d’encadrement réglementé, à savoir 1 agent qualifié pour 4 enfants quel que soit l’âge, pas d’occupation horaire, ni d’accueil en surnombre au quotidien ;
  • L’abrogation immédiate de l’arrêté du 29 juillet 2022 relatif aux personnels autorisés à exercer dans les crèches, ainsi que la loi dite de transformation de la Fonction publique ;
  • Une politique ambitieuse de la petite enfance, un investissement pour l’avenir des enfants et de notre société par la création d’un véritable service public de la petite enfance, seule alternative à la marchandisation du secteur.

Pour porter ces revendications, la fédération CGT des Services publics appelle les agentes et agents de la petite enfance à faire grève et à rejoindre les manifestations de ce mardi 19 mars 2024, partout en France à l’appel de l’ensemble des syndicats de la Fonction publique.


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