L’évolution des rémunérations et des primes de pouvoir d’achat
Entre 2019 et 2023, la rémunération brute mensuelle des agents de la fonction publique territoriale a augmenté de 305 euros, soit une progression de 11,9 %. Cette hausse est principalement due aux revalorisations de la valeur du point en 2022 et 2023. Ces ajustements ont été essentiels pour compenser l’inflation et maintenir le pouvoir d’achat des agents. Cependant, en euros constants, cette hausse n’a fait que compenser la stagnation du pouvoir d’achat réel, montrant que l’augmentation nominale n’a pas généré de gains effectifs pour les agents.
La prime de pouvoir d’achat (PPA) a été versée par 50 % des collectivités à près de 146 731 agents, avec un montant moyen de 438 euros par équivalent temps plein (ETP). Ce dispositif, bien que tardif face à la baisse de l’inflation, a permis de soutenir temporairement le pouvoir d’achat, notamment pour les agents aux plus bas revenus. Près de 87 % des employeurs territoriaux ont respecté les plafonds fixés par l’État pour le versement de cette prime, mais certains n’ont pas atteint ces plafonds. Cela peut s’expliquer par des contraintes budgétaires locales ou une gestion prudente des ressources financières, ce qui a limité le montant des primes distribuées. Ces limitations ont des implications directes sur l’efficacité de la prime de pouvoir d’achat (PPA) en tant que levier de pouvoir d’achat, en particulier pour les agents les moins rémunérés.
Des disparités persistent selon les tranches de salaires. Par exemple, les agents dont la rémunération est inférieure à 23 700 euros ont reçu une prime moyenne de 616 euros, alors que le plafond prévu était de 800 euros. Cette variabilité montre que, bien que le cadre réglementaire soit précis, les différences locales influencent fortement l’attribution de ces primes.
L’égalité femmes-hommes et l’évolution des catégories d’emplois
L’égalité salariale reste un enjeu majeur dans la fonction publique territoriale. Entre 2019 et 2021, l’écart moyen de rémunération entre les hommes et les femmes s’est accru, atteignant 242 euros bruts par mois en faveur des hommes. Cette différence est principalement liée à une sous-représentation des femmes dans les postes à hautes responsabilités et aux emplois les mieux rémunérés. Pour combler cet écart, plusieurs initiatives ont été mises en place, telles que des plans d’actions pour la promotion des femmes aux postes de direction et des programmes de mentorat pour encourager leur avancement professionnel.
La dynamique salariale varie également selon les tranches d’âge. Les jeunes agents, notamment ceux entre 18 et 35 ans, connaissent une croissance plus marquée de leur rémunération, grâce aux déroulements de carrière plus rapides. En revanche, pour les agents de plus de 45 ans, l’évolution salariale est plus limitée, en raison des départs en retraite et des avancements plus espacés.
Les catégories d’emplois présentent également des écarts importants. Entre 2019 et 2023, la catégorie C, qui regroupe la majorité des agents (70 % des ETP en 2022), a vu ses rémunérations augmenter de 18,24 %. Cette progression est plus marquée comparée aux catégories A et B. Les hausses ciblées du minimum de traitement ont particulièrement bénéficié aux agents de catégorie C, expliquant ainsi ces différences de croissance salariale.
Les données de l’Observatoire de la masse salariale de la fonction publique territoriale Adelyce fournissent un éclairage précieux sur l’évolution des rémunérations et la gestion salariale des collectivités. Si des progrès ont été réalisés, notamment en termes de revalorisation des salaires et de soutien au pouvoir d’achat, des défis demeurent, tels que l’égalité salariale femmes-hommes et la gestion des disparités salariales par filière et par âge. Il appartient aux employeurs territoriaux d’utiliser ces données pour ajuster leurs stratégies, renforcer l’attractivité des postes et répondre aux attentes des agents.
Source : Observatoire de la masse salariale de la fonction publique territoriale, Adelyce, octobre 2024