Les salaires des fonctionnaires revalorisés de 1,2%, « insuffisant » pour les syndicats

Publié le 17 mars 2016 à 19h34 - par

La ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, a annoncé jeudi 17 mars une hausse de 1,2 % en deux fois du point d’indice servant à calculer les rémunérations des fonctionnaires, gelé depuis près de six ans, ce qui représente un coût de 2,4 milliards d’euros, a-ton appris auprès des syndicats et du ministère. Un « premier geste » jugé « insuffisant » par la plupart des syndicats.

Les salaires des fonctionnaires revalorisés de 1,2%, "insuffisant" pour les syndicats
Patrick KOVARIK / Copyright © AFP

Le gouvernement a décidé de donner un coup de pouce aux salaires des fonctionnaires, à un an de la présidentielle, en relevant de 1,2 % le point d’indice, ce qui représente « 2,4 milliards d’euros d’effort pour le budget de la France », dont 552 millions d’euros pour la Fonction publique hospitalière et 648 millions d’euros pour la Fonction publique territoriale, à l’issue d’une réunion de négociations avec les organisations syndicales.

Un « geste significatif », « juste » et « nécessaire », a déclaré la ministre. Les fonctionnaires, c’est « plus de 5,5 millions de Français au service de la communauté », « pas des privilégiés », a-t-elle ajouté en rappelant leur « participation solidaire au financement de l’assurance chômage » et leur effort de « sept milliards d’euros » au redressement des finances publiques.

Elle a regretté que la fonction publique « nourrisse beaucoup trop les fantasmes, les approximations et les idées reçues ».

La revalorisation annoncée interviendra en deux temps : + 0,6 % au 1er juillet et + 0,6 % au 1er février 2017.

Pour des agents comptant 10 ans d’ancienneté, la revalorisation représentera un gain annuel de 221 euros bruts dans le cas d’une ambulancière (catégorie C), 282 euros pour un infirmier (catégorie B) et 311 euros pour un enseignant (catégorie A).

CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CGC, FA-FP, ont participé à la réunion, qui a duré près de quatre heures. Ils avaient jugé « inacceptable » une première proposition d’1 % d’augmentation en novembre et mars 2017.

Pour Jean-Marc Canon de la CGT (1re force syndicale), la proposition de 1,2 % est une « mesure sérieuse mais pas suffisante ». Elle est également « tardive », a-t-il ajouté, en rappelant que les fonctionnaires avaient perdu en moyenne « 3 000 euros par an depuis 2010 » du fait de l’inflation, le gel depuis 2010 et l’augmentation des cotisations retraites.

La CGT appelle à « une semaine de mobilisation de la fonction publique du 21 au 25 mars », sans en préciser les modalités.

« Premier pas »

Même réaction pour Brigitte Jumel de la CFDT (2e), qui dit « voir et entendre le geste » du gouvernement, néanmoins « insuffisant ». Elle souhaite « une négociation salariale annuelle obligatoire » afin d’éviter une nouvelle période sans discussions sur les rémunérations. La CFDT décidera vendredi d’un éventuel appel à se mobiliser.

Bernadette Groison de la FSU (5e force, 1er syndicat enseignant) parle également d’un « premier geste, pas suffisant au regard des pertes subies ». La FSU a donc maintenu son appel à mobilisation pour « exiger des mesures de rattrapage » le 22 mars, « selon des modalités diversifiées ».

Quant à Christian Grolier de FO (3e), il affiche un « sentiment mitigé », satisfait de « sortir de la spirale » du gel du point d’indice mais estimant que cette revalorisation ne permettra pas de « compenser à la fois la perte de pouvoir d’achat « . FO appelle à « une journée de grève interprofessionnelle » le 31 mars, dans le cadre de la mobilisation contre le projet de loi Travail.

Pour Solidaires (6e), qui évalue à 7,2 % la perte de pouvoir d’achat depuis 2010, « c’est décevant ». Le syndicat appelle aussi à une mobilisation des agents les 24 et 31 mars, voyant aussi une « convergence des secteurs public et privé » face au projet de loi El Khomri.

Enfin l’Unsa (4e force syndicale) note de son côté un « premier pas, qui tourne la page du gel du point d’indice », saluant une « hausse significative qui se voit sur la feuille de paie des agents ».

S’exprimant au nom des employeurs territoriaux, Philippe Laurent, a pris « acte » tout en soulignant que « ce coup de pouce pèsera dans les budgets locaux » et demandé que l’État en tienne « compte dans l’effort » financier demandé aux collectivités pour 2016-2017.

La Fédération hospitalière de France (hôpitaux publics) a aussi rappelé sa demande d’une « compensation » pour la charge salariale supplémentaire.

En 2014, la masse salariale publique a atteint 278 milliards d’euros, près du quart de la dépense publique, selon la Cour des comptes.

 

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