Temps de travail à l’AP-HP : une expertise critique sur le projet

Publié le 24 mars 2016 à 6h00 - par

Une expertise sur le projet de réorganisation du temps de travail dans les hôpitaux parisiens (AP-HP), commandée par les syndicats et révélée mercredi 23 mars, souligne que la « balance » entre les gains attendus et le coût en termes de conditions de travail des agents paraît « très déséquilibrée ».

La moitié des dirigeants hospitaliers ont été témoins de discriminations envers des tiers

« L’ensemble des économies attendues par la réforme de l’organisation du travail représente (…) 1 % des dépenses de personnel de 2014 (hors médecins) au compte du résultat principal », écrit le cabinet Secafi dans un rapport consulté par l’AFP, divulgué par le site spécialisé Hospimedia.

« La balance entre les gains nets qui devraient être réalisés » et les coûts pour les agents, « notamment au niveau de leurs conditions de travail, paraît très déséquilibrée », ajoute l’audit demandé par les syndicats – CGT, SUD, FO, CFE-CGC, CFTC et Unsa – opposés à la réforme du temps de travail au sein des 39 hôpitaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

La nouvelle organisation, voulue par le directeur général Martin Hirsch, repose sur des suppressions de RTT et des temps de travail modifiés pour les 75 000 agents de l’institution, avec entre autres le passage de 7h36 (50 % des agents) à 7h30 de travail.

Selon l’audit, la direction de l’AP-HP a évalué à 48,4 millions d’euros brut les économies générées par la réforme entre 2016 et 2019, et à 41,1 millions les gains réalisés en termes de remplacement (intérim, remplacement, heures supplémentaires).

La direction mise sur un gain de 1 406 équivalents temps plein, un scénario reposant sur le postulat que « l’absentéisme » n’augmente pas, ce « qui relève aujourd’hui plus du pari que de la certitude », souligne le rapport.

Il « semble indispensable d’accepter de discuter emplois et de proposer des contreparties en personnel si l’objectif de la direction est de revoir l’organisation du temps de travail », écrivent les experts.

La réforme, qui prévoit également la suppression au 1er septembre du régime horaire en 7h50 pour le remplacer par celui en 7h36, « pose la question de l’intensité quotidienne du travail », selon l’audit.

« Les soignants auront-ils le temps de faire ce qu’ils ont à faire si l’amplitude horaire du travail se réduit ? », interroge le rapport qui préconise de « renforcer » les équipes et d’étudier l’opportunité de mettre en place des badgeuses pour mesurer le temps de travail quotidien.

En réponse, dans une note au comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT), la direction générale de l’AP-HP indique que dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie au travail, un plan de lutte contre l’absentéisme sera mis en place avant l’été.

Quant aux dépassements horaires, elle souligne que l’intégration de la pause repas de 30 minutes dans le temps de travail par rapport « aux nombreux hôpitaux publics qui ne la mettent pas œuvre de manière aussi large », peut-être considérée « implicitement » comme une « compensation ».

Ces propositions seront présentées le 29 mars devant le CHSCT. Estimant que ce « texte est la reprise intégrale de celui proposé initialement », l’intersyndicale appelle à un rassemblement le même jour devant le siège de l’AP-HP.

Un avant-projet de réforme avait été signé à l’automne par la seule CFDT.

 

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