Coronavirus et continuité de service : témoignage de Thomas Cellier, DGS de la ville de Canteleu (76)

Publié le 20 mars 2020 à 15h14 - par

Face à la gestion de la crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19, les collectivités doivent s’organiser pour maintenir une continuité d’activité et protéger les agents. Thomas Cellier, Directeur Général des Services de la commune de Canteleu (15 000 habitants, 300 agents), répond à nos questions et nous fait part de son expérience.

Coronavirus et continuité de service : témoignage de Thomas Cellier, DGS de la ville de Canteleu (76)

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Covid-19 : des acteurs publics face à la crise sanitaire
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Quelles sont les premières urgences que vous avez eues à gérer devant la crise du coronavirus, eu égard à votre type de collectivité et au territoire ? Quels sont les services publics essentiels que vous maintenez ?

Thomas Cellier – DGS ville de Canteleu (76) Thomas Cellier

Les premières urgences à gérer ont été rencontrées dès l’annonce du président de la République de fermer les écoles. Il a fallu gérer administrativement et individuellement la situation des agents qui se retrouvaient obligés de rester chez eux pour garder leurs enfants. Nous avons au même moment décidé de développer le télétravail pour les agents qui le pouvaient, ce qui n’est habituellement pas une pratique de la collectivité.

Face à toutes ces modifications dans les effectifs des services, il s’est avéré nécessaire d’adapter rapidement notre plan de continuité de l’activité des services.

À ce jour, les services essentiels que nous avons maintenus sont l’accueil téléphonique, l’État civil (dont le funéraire sur rendez-vous) ; la Police municipale, l’accueil des enfants des parents de profession prioritaire, l’entretien voirie, la gestion paie des agents et le paiement des factures des entreprises .

Dans quels domaines considérez-vous que votre organisation était prête à réagir au mieux et ce qu’il faudrait améliorer, voir créer ?

En matière d’organisation des moyens humains et matériels nous étions prêts. Ce qui nous a le plus posé de problèmes a été de trouver les bons positionnements administratifs des agents en fonction des spécificités de chacun (arrêt maladie, congés, autorisation spéciale d’absence, télétravail…). Nous n’avions pas anticipé toutes ces modalités d’organisation.

Une crise est souvent révélatrice. À ce stade, qu’a-t-elle révélé sur vos forces et vos faiblesses ?

Suite à l’incident de l’usine SEVESO Lubrisol en septembre dernier, la collectivité a malheureusement déjà eu à réfléchir à son fonctionnement en période de crise et notamment de confinement. Ce dramatique incident nous a permis de nous interroger et de revoir nos procédures. La mise en œuvre des différents dispositifs dans le cadre du Covid-19 s’en est trouvée facilitée.

Beaucoup de citoyens et d’entreprises prennent conscience de l’importance d’un service public qui allie solidarité et efficacité, quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

Nous essayons au quotidien de développer un service public répondant à ces deux objectifs. La situation, que nous connaissons actuellement, montre à quel point les services publics locaux et notamment communaux, sont flexibles et adaptables et permettent d’accompagner le fonctionnement des autres services publics. Par ailleurs, c’est dans ces moments qu’on matérialise encore plus à quel point les agents territoriaux sont dévoués et attachés aux valeurs du service public.

Cette crise, comme celle rencontrée plus récemment (incendie Lubrisol) montre à quel point les services publics locaux sont la cinquième roue du carrosse. Il nous est demandé beaucoup de choses, et c’est légitime, mais les collectivités doivent passer leur temps à aller chercher de l’information et lorsque des directives sont passées (arrêtés ou circulaires), on s’aperçoit que la Fonction publique territoriale est régulièrement oubliée.

Propos recueillis par Hugues Perinel