Virginie Haldric : « La mise en place, dès les derniers jours de février, d’un dispositif de vigilance, puis la structuration d’une cellule de crise, a été déterminante »

Publié le 2 avril 2020 à 9h05 - par

Face à la gestion de la crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19, les collectivités doivent s’organiser pour maintenir une continuité d’activité et protéger les agents. Virginie Haldric, Directrice générale adjointe modernisation et performance de l’administration au département du Var, répond à nos questions et nous fait part de son expérience.

Interview Virginie Haldric, Directrice générale adjointe modernisation et performance de l’administration Département du Var
Virginie Haldric, Directrice générale adjointe modernisation et performance de l’administration au département du Var

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Covid-19 : des acteurs publics face à la crise sanitaire
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Quelles sont les premières urgences que vous avez eues à gérer devant la crise du Coronavirus ? Quels sont les services publics essentiels que vous maintenez ?

Au département du Var, trois problématiques ont été traitées immédiatement :

  • La mise en place de processus et la prise de décisions pour répondre à toutes les difficultés liées à la survenance de la crise, à l’évolution des instructions, à la détection de cas, à l’inquiétude d’agents ;
  • Le retrait de tous les agents identifiés comme potentiellement fragiles et la mise en télétravail de tous les agents dont la présence auprès du public n’était pas impérative ; la collectivité, bien que peu familière avec le télétravail, a opéré sans crainte ce grand saut dans un mode de fonctionnement totalement différent du sien ;
  • Le soutien (RH, moyens, conseils, etc.) aux services qui doivent demeurer actifs auprès des publics : l’aide sociale à l’enfance, particulièrement, qui n’avait pas été suffisamment prise en compte dans le traitement de la crise au niveau national, et l’ensemble des accompagnements des publics fragiles.

À ce stade dans quels domaines considérez-vous que votre organisation était prête à réagir au mieux et ce qu’il faudrait améliorer, voir créer ?

Je n’ai pris mon poste de DGA que deux mois auparavant. Mais il me semble que l’organisation a réagi avec beaucoup d’engagement et de détermination. Très peu de manifestations de résistance ont eu lieu. Les organisations syndicales ont contribué à cette bonne réaction et les agents se sentent soutenus par le président, qui leur adresse, régulièrement, des messages de soutien. L’encadrement, animé par le DGS, a été particulièrement mobilisé et actif pour régler les problèmes qui se sont posés. La mise en place, dès les derniers jours de février d’un dispositif de vigilance, puis la structuration d’une cellule de crise, a été déterminante, tout autant que la qualité de l’animation de cette cellule et l’engagement de chacun de ses membres à traiter l’information et à prendre des décisions.

Une crise est souvent révélatrice. À ce stade, qu’a-t-elle révélé sur vos forces et vos faiblesses ?

La crise démontre, sans nul doute, la forte capacité des agents à se mobiliser, particulièrement les encadrants, mais aussi l’ensemble de nos collaborateurs. Des propositions de contributions bénévoles d’agents moins mobilisés (car peu susceptibles de télétravailler) témoignent de l’importance de leur engagement. Certaines directions, certains services, qui avaient connu des vicissitudes par le passé et qui avaient à reconquérir une image malmenée, se sont totalement révélés dans l’épreuve. Une cohésion régénérée s’ensuit : ce sera un formidable point d’appui pour l’après.

Beaucoup de citoyens et d’entreprises prennent conscience de l’importance d’un service public qui allie solidarité et efficacité. Quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

Un message d’espoir dans les femmes et les hommes qui contribuent au service public. Ce sont de vrais convaincus qui ne mettent pas longtemps à se mobiliser au service des autres, sans trop s’embarrasser d’aspects matériels : bien loin des caricatures qu’on se plait à brocarder ! Je suis certaine que nos concitoyens voient cela et révisent l’image déformée qu’ils ont, parfois, du service public. Les soignants, les forces de l’ordre, les ripeurs qui nettoient la ville, les agents qui s’efforcent de préserver le bien-être des plus fragiles, etc. Tous sont animés d’une belle volonté de servir la communauté.

Enfin, le soutien des services de l’État et la synergie entre acteurs public pourraient être mieux structurés localement pour traiter rapidement des difficultés qui deviennent vite lourdes. Par exemple, le service du casier judiciaire ne délivre plus d’extrait depuis 5 jours, empêchant ainsi qu’on recrute des agents. Or, c’est un besoin impérieux pour faire face aux maladies ou confinement des agents ou des publics, notamment ceux du service d’aide à l’enfance.

Propos recueillis par Hugues Perinel


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