Les femmes fonctionnaires dans les ministères toujours moins bien payées que les hommes

Publié le 30 mars 2023 à 10h45 - par

Une récente étude mesure les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes fonctionnaires dans les ministères en 2022.

Les femmes fonctionnaires dans les ministères toujours moins bien payées que les hommes

L’an dernier, les femmes fonctionnaires dans un ministère percevaient, en moyenne, une rémunération mensuelle brute de 3 342 euros, inférieure de 417 euros à celle des hommes (3 758 euros), soit – 11,1 %, révèle une étude publiée mi-mars par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques. Cet écart s’est toutefois réduit de 5 points entre 2011 et 2022, observe son auteure, Deborah Massis.

Les causes des différences de rémunération

Les sources de différences de rémunération sont multiples, explique l’étude de la DGAFP. Le temps partiel, plus répandu chez les femmes, explique 77 euros de cet écart. Pour les 340 euros restants, plus de la moitié relève d’un effet de ségrégation, un quart d’un effet démographique et un cinquième correspond à un effet « primes », détaille Deborah Massis.

L’effet de ségrégation est lié au fait que les femmes n’occupent pas, le plus souvent, les mêmes emplois (observés au travers des corps de fonctionnaires) que les hommes. Elles sont globalement surreprésentées dans les corps ayant une rémunération en dessous de la moyenne d’ensemble et, à l’inverse, sous-représentées dans ceux qui rémunèrent au-dessus. L’effet démographique, quant à lui, rend compte des différences de répartition des femmes et des hommes dans les grades et échelons au sein d’un même corps. On peut l’interpréter comme un effet d’« ancienneté », nuancé des écarts de promotions internes et des interruptions de carrière. L’effet démographique en défaveur des femmes traduit souvent un processus de féminisation d’un corps : les femmes sont surreprésentées sur les postes en début de carrière, ce qui explique en partie la différence de rémunération. Enfin, l’effet « primes » correspond aux écarts de rémunération à corps, grade et échelon identiques. Ils sont d’origines variées : ils peuvent aussi bien être liés au temps de travail (heures supplémentaires ou surrémunération liée au temps partiel) qu’au lieu d’exercice (primes de géographie) ou encore correspondre à des spécificités de poste (sujétion).

Au final, l’écart de rémunération hors effets temps partiel, ségrégation et démographiques est de 1,8 % en défaveur des femmes, a calculé l’auteure de l’étude.

Des écarts de rémunération dans toutes les catégories

La rémunération moyenne des femmes est inférieure à celle des hommes quelle que soit la catégorie hiérarchique, confirme l’étude. C’est parmi les fonctionnaires de catégorie A (à l’exclusion des enseignants), où les femmes sont minoritaires, que l’écart est le plus important : – 16,3 % en rémunération brute payée. Ces agents occupent les emplois les plus rémunérateurs : 4 346 euros en moyenne mensuelle pour les femmes et 5 191 euros pour les hommes. Les fonctionnaires de catégorie B présentent l’écart le plus faible : – 10,1 % en rémunération brute payée. C’est aussi la catégorie où les femmes sont le moins représentées (44 % contre 63 % pour l’ensemble des fonctionnaires des ministères).

Les policiers représentent la moitié des effectifs de fonctionnaires de catégorie B. Ce sont majoritairement des hommes et leur rémunération est supérieure à la moyenne de la catégorie. Les emplois de catégorie C sont, pour leur part, très peu mixtes. Les moins rémunérateurs, comme les métiers administratifs, sont occupés par les femmes, tandis que les emplois liés à la surveillance et à la sécurité, plus rémunérateurs, sont très masculins.

L’effet de ségrégation explique une part particulièrement importante de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes fonctionnaires de catégorie C (75 %) et de catégorie A hors enseignants (69 %). Concernant l’effet démographique, il explique seulement 9 % de l’écart de rémunération chez les fonctionnaires de catégorie C, alors qu’il est plutôt comparable dans les autres groupes (entre 22 % et 24 %). Parmi les fonctionnaires de catégorie A hors enseignants, l’effet primes explique seulement 8 % de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, alors qu’il renseigne sur 24 % de celui des enseignants.


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