Le HCTS présente le Livre vert 2022 du travail social

Publié le 8 avril 2022 à 13h15 - par

Le Haut conseil du travail social veut redonner du sens aux métiers et aux formations du travail social.

Le HCTS présente le Livre vert 2022 du travail social

Le président du Haut conseil du travail social (HCTS), Mathieu Klein, a remis le 10 mars 2022 au ministre des Solidarités et de la Santé le Livre vert 2022 du travail social. Fruit de la mission confiée par Olivier Véran en janvier 2022 à cette instance consultative indépendante, ce document formule une série de constats sur le contexte social et économique, les évolutions du travail social, la situation actuelle des formations sociales et les enjeux d’attractivité des métiers, avant de dégager des pistes de travail pour valoriser et donner du sens à l’action des professionnels tout en engageant un chantier dans le champ de la formation. « Ce livre vert apporte un regard sur les actions menées et les perspectives à venir dans le secteur et entend être le socle d’un renouveau et de la reconnaissance des professionnels qui œuvrent, au quotidien, pour accompagner des personnes dans la prise en main de leur projet de vie », explique le HCTS.

Les pistes de travail développées dans ce livre vert concernent le champ de la formation, les pratiques professionnelles et les conditions d’emploi. Celles-ci s’organisent autour de deux grands axes.

Valoriser et donner du sens à l’action des professionnels

Pour le HCTS, la première priorité est de revaloriser les salaires de l’ensemble des travailleurs sociaux. S’agissant des métiers du travail social, l’instance suggère de dépasser les approches par catégories pour une meilleure reconnaissance des compétences professionnelles. Selon elle, il convient donc de penser une approche par mission / fonction plutôt que par catégories de métiers, afin de redonner du sens, et de renouveler les pratiques, notamment par :

  • La mobilisation de l’encadrement pour accompagner le renouvellement des pratiques ;
  • La valorisation des fonctions de coordination, ou de développement de projets… ;
  • Une meilleure articulation des fonctions des personnels administratifs et des travailleurs sociaux, afin que ces derniers se concentrent sur leurs missions d’accompagnement et sur les relations avec les autres intervenants, dans le cadre des parcours d’accompagnement ;
  • La refonte des catégories d’emplois vers une seule filière du travail social, en s’inspirant des travaux menés dans le cadre des métiers de la branche autonomie.

Parallèlement, le HCTS plaide pour améliorer la qualité de vie des professionnels. Au programme :

  • Engager des négociations sur de nombreux points touchant à l’organisation des services : horaires de travail, équilibre vie privée / vie professionnelle, mobilité géographique, lieu d’exercice adapté, prévention des risques, organisation d’un accueil pour les nouveaux professionnels, intégration et facilitation d’hébergement des professionnels, ou d’emploi pour le conjoint…
  • Renforcer la prévention des accidents psychosociaux et physiques pour lutter contre la sinistralité dans certains secteurs, notamment en renforçant la formation des cadres à l’approche QVT / sinistralité ;
  • Encourager les employeurs à mettre à disposition des espaces de réflexivité (dont les comités éthiques locaux) pour soutenir l’analyse des pratiques et donner un cadre d’expression aux professionnels, afin de clarifier, construire et assurer leur positionnement.

Enfin, le livre vert insiste sur la nécessité de « redonner une visibilité au secteur en affirmant le caractère valorisant des parcours professionnels » et de « penser enfin le travail social en partant de la personne concernée. »

Engager un chantier dans le champ de la formation

Le HCTS milite pour rapprochement des formations. Pour cela, il faut :

  • Identifier et développer l’acquisition de compétences « socles » transférables entre les différentes missions et métiers des travailleurs sociaux, matérialisant l’unicité des professionnels du lien social et de la relation aux autre ;
  • Développer les formations interinstitutionnelles et interprofessionnelles, afin d’approfondir les liens entre les différents professionnels dont les interventions sont imbriquées dans la prise en charge des personnes, y compris au niveau des cadres et managers, entre le réseau des INSET et l’École des hautes études en santé publique (EHESP) ou l’École nationale supérieure de sécurité sociale (EN3S).

Dans le même temps, le Haut conseil du travail social recommande de renforcer les différentes voies d’accès aux métiers du secteur (alternance, VAE…), de repenser l’articulation entre formation théorique et formation pratique et de poursuivre le rapprochement avec l’université et la recherche. Enfin, le livre vert met l’accent sur la participation des personnes accompagnées. Selon le HCTS, il est impératif de « continuer d’œuvrer à une réelle intégration de personnes accompagnées dans l’organisation des formations en travail social, en valorisant les expériences déjà fructueuses sur ce sujet. »

Ce livre vert « pose les prémices des réformes à venir », a déclaré le ministre des Solidarités et de la Santé. Saluant « la pertinence de ce travail », Olivier Véran a demandé au président du HCTS de préparer la réalisation d’un livre blanc relatif à la modernisation des métiers du travail social, une contribution au nouveau référentiel des formations fondé sur la connaissance des besoins actuels, ainsi qu’un appui pour la réalisation d’une vaste enquête auprès des travailleurs sociaux.