Créer du « bien faire au travail » et par conséquent du bien-être au travail

Publié le 2 avril 2019 à 12h00 - par

Dans le cadre du colloque organisé par les Éditions WEKA et le Centre de Gestion de la Martinique, le 2 avril 2019, en partenariat avec la CASDEN Banque populaire, MNT et BRED Banque Populaire, Josiane Aurore, directrice générale du Centre de Gestion Martinique, répond à nos questions sur les enjeux du management public et du bien-être au travail.

Créer du « bien faire au travail » et par conséquent du bien-être au travail

Pourquoi avoir retenu pour ce colloque le thème de l’impact du management sur la santé au travail ?


Josiane Aurore :
En Martinique, nous vivons dans un contexte actuellement difficile économiquement, socialement, où les managers sont attendus sur leur accompagnement fort dans la gestion des ressources humaines dont le vieillissement est plus prononcé que dans les autres régions françaises (56 % des agents territoriaux ont plus de 50 ans). Aussi, il me semblait important que nous puissions partager nos pratiques professionnelles, la réalité de notre situation de travail, notre définition du management et l’impact sur les conditions de travail et par conséquent sur la santé au travail.

Y-a t-il une situation spécifique ou des RPS spécifiques à la Martinique ?


Josiane Aurore :
La Martinique est marquée par le vieillissement de sa population, positionnée au 2e rang de la région française la plus âgée. Notre population territoriale a une moyenne d’âge de 43 ans rendant fragiles nos organisations territoriales. Notre population territoriale est confrontée à des problématiques telles que les troubles musculo-squelettiques, les risques psychosociaux, le handicap, l’absentéisme, les restrictions d’aptitude.

D’autre part, l’exiguïté de notre territoire doit être pris en compte dans la régulation du travail. Les espaces de vie privée et professionnelle se chevauchent et les réseaux informels peuvent conduire à des effets négatifs ou positifs dans les collaborations de travail.

Notre histoire est particulière, nos relations de travail difficiles. Ces éléments peuvent expliquer, selon moi, l’absence d’une culture managériale, visible et partagée permettant de créer du « bien faire au travail » et par conséquent du bien-être au travail.

 

Quel sont le rôle et les actions du CDG dans ce domaine ?


Josiane Aurore :
Des obligations fortes pèsent sur nos employeurs locaux pour la préservation de la santé et de la sécurité de leur personnel. Le rôle du CDG Martinique est d’accompagner et de conseiller les élus et leurs encadrants au quotidien face aux nouveaux enjeux du management. Aussi, les actions des services dans ce domaine se concentrent sur l’animation de réseaux d’échanges de pratiques, l’accompagnement dans l’élaboration de méthodes de travail, d’outils juridiques et techniques, la réalisation de formations et d’information des cadres (droit de retrait, évaluation des risques professionnels…).

 

Certaines collectivités martiniquaises ont-elles mis en place des outils innovants ?

Josiane Aurore : Nous avons connaissance de l’implication de certaines collectivités dans leur démarche de mise en place de qualité de  vie au travail. Nous observons l’émergence d’actions novatrices telles que l’organisation de l’accueil des nouveaux arrivants, la mise en place de réseaux de cadres en interne, l’organisation de séminaire RPS, le déploiement du travail en mode projet ou encore le développement de la convivialité au sein des équipes.

 

Quels sont selon vous les leviers dont devraient disposer les managers publics pour agir sur les conditions de travail de leurs équipes et donc leur santé ?

Josiane Aurore : Pour agir sur les conditions de travail, un des leviers serait de faire évoluer nos méthodes de travail de manager. Travailler en transversalité s’avère nécessaire en proposant aussi souvent que nécessaire la mise en place d’espaces collaboratifs (partage d’informations), des groupes de travail interservices afin de parvenir à une cohésion d’équipe.

Aussi, travailler en mode projet favoriserait une cohésion d’équipe conduisant à diminuer le facteur de RPS.

De plus, permettre aux nouveaux encadrants experts d’être accompagnés par de la formation obligatoire sur l’animation de groupe, l’écoute active, la résolution de conflits, s’avère indispensable afin d’améliorer leur profil de manager débutant.

Agir sur les conditions de travail, c’est aussi mettre en place un dispositif d’évaluation qui permettrait d’avoir un éclairage sur les actions réalisées et de valoriser le travail des équipes.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

 

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