Transformation des zones commerciales périphériques : l’État accompagnera les projets de trente territoires

Publié le 20 septembre 2023 à 9h45 - par

Le Gouvernement mobilisera 24 millions d’euros pour transformer les zones commerciales qui défigurent les entrée de ville et correspondent à un style de vie révolu. Des projets qui devront être élaborés avec les acteurs économiques et les élus locaux afin de « s’inscrire en complémentarité du centre-ville ». Les collectivités intéressées doivent contacter la préfecture.

Transformation des zones commerciales périphériques : l'État accompagnera les projets de trente territoires
© Par renis - stock.adobe.com

Faire des zones commerciales des quartiers de vie. C’est l’objet de l’appel à manifestation d’intérêts, lancé le 11 septembre 2023 par le Gouvernement pour expérimenter la transformation d’une trentaine de zones commerciales périphériques en sites de qualité mêlant logements, services, commerces, espaces verts, ou encore activités industrielles ou logistiques. Pour ces projets pilotes, l’État mobilise 24 millions d’euros – une enveloppe cumulable avec d’autres aides de l’État comme le Fonds vert, Action cœur de ville ou Petite ville de demain. Ils devront répondre aux nouveaux défis environnementaux, territoriaux et économiques (cf. encadré).

On compte aujourd’hui plus de 1 500 zones commerciales, principalement en entrée de ville, sur près de 500 000 000 m2, où les Français dépensent 72 % des achats qu’ils effectuent en magasin (contre 15 % en centre-ville). Un gisement pour les collectivités, notamment pour y construire des logements, ce qui est devenu difficile en zone tendue : cherté du foncier, multiplication des recours, coût net pour les services publics, zéro artificialisation nette (ZAN). Mais elles ne disposent pas de la maîtrise foncière.

En novembre 2022, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, ont réuni un groupe d’experts (élus locaux, foncières, commerçants, aménageurs, architectes et urbanistes) pour « dessiner la zone commerciale des soixante prochaines années ». Tous ont témoigné de la difficulté de mener, en l’état du droit, des projets d’une grande complexité juridique et technique.

En réponse à leurs observations, le projet de loi Industrie verte, actuellement en procédure accélérée devant le Sénat et l’Assemblée nationale, vise à faciliter, accélérer et sécuriser les projets de transformation des zones commerciales. Il prévoit notamment des dispositions spécifiques pour les projets ayant le statut de « grande opération d’urbanisme » (GOU)  et raccourcit les délais de procédures. La GOU permettra, par exemple, de rendre compatibles avec le projet l’ensemble des documents d’urbanisme (plan local d’urbanisme/PLU, Scot…). Avec, à la clef, un gain de deux à cinq ans.

De plus, les maires qui souhaitent conserver leur compétence droit des sols pourront accepter de recourir à la GOU pour mener le projet. Cela n’entraînera plus le transfert automatique de leur compétence vers les présidents d’EPCI. Il sera également possible de transférer des droits commerciaux, au sein d’une zone, et d’y autoriser des projets dérogeant aux règles du PLU.

Toutefois, pour Intercommunalités de France, la somme de 24 millions d’euros est « modeste au regard des enjeux de réindustrialisation du pays » et il est « essentiel de permettre aux acteurs économiques, main dans la main avec les élus, de trouver des terrains sur lesquels s’implanter ». En effet, une étude de l’association d’élus montre que les deux tiers des intercommunalités ont dû refuser des projets d’implantation. Craignant que les dispositifs annoncés ne puissent pas bénéficier à tous les territoires, Intercommunalités de France propose notamment de créer un fonds dédié aux friches commerciales pour les outiller face à la transformation des zones commerciales et de doter les collectivités d’un fonds d’intervention pour le remembrement des zones commerciales.

Marie Gasnier

L’aide pourra atteindre 150 000 euros

Une trentaine de territoires (grandes agglomérations, espaces ruraux…) seront d’abord identifiés. Les porteurs de projets (collectivité territoriale, établissement public local, établissement public foncier, société d’économie mixte, entité privée…) doivent se rapprocher de la préfecture. Leurs projets devront être sans impact sur la vitalité du centre-ville et contribuer à rationaliser le foncier commercial, améliorer le cadre de vie en diversifiant les usages et renforcer la sobriété foncière en optimisant les surfaces. L’opération envisagée doit être suffisamment avancée pour être réalisée avant le 31 décembre 2027. Les préfectures présélectionneront une trentaine de projets, qui seront instruits par les ministères impliqués. Deux vagues de lauréats sont attendues : en novembre 2023 (pour les agglomérations ayant des projets déjà engagés ou matures) et début 2024. Les territoires retenus bénéficieront d’une aide pouvant s’élever à 150 000 euros pour mener des études préalables et d’un appui à la conduite de projet. Pour les projets les plus matures, une seconde subvention permettra ensuite de couvrir jusqu’à 50 % du déficit de l’opération commerciale. Une dizaine de démonstrateurs seront retenus pour cette seconde phase.


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