Quelles sont les conditions de recours à la procédure concurrentielle avec négociation pour les marchés de conception et de travaux ?

Publié le 12 mars 2018 à 13h30 - par

La réglementation 2016 a créé une nouvelle procédure formalisée, la procédure concurrentielle avec négociation.

Quelles sont les conditions de recours à la procédure concurrentielle avec négociation pour les marchés de conception et de travaux ?

Fonctionnement sur une logique de procédure restreinte, la procédure concurrentielle avec négociation se définit comme la procédure par laquelle un pouvoir adjudicateur négocie les conditions du marché public avec un ou plusieurs opérateurs économiques autorisés à participer aux négociations. Elle ne peut cependant être mise en œuvre que dans certaines hypothèses limitativement énumérées à l’article 25-II du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016. Une réponse ministérielle apporte des éléments sur les conditions d’utilisation pour les marchés comportant des prestations de conception qui pourrait intégrer notamment tout type d’étude permettant la création d’un projet, qu’il s’agisse de travaux neufs, de réhabilitation ou d’infrastructures) ou d’équipements mobiliers divers (services d’ingénierie).

Une procédure ouverte à toutes les prestations d’étude ou d’ingénierie

Les pouvoirs adjudicateurs peuvent utiliser la procédure concurrentielle avec négociation lorsque le besoin ne peut être satisfait par le biais d’une solution immédiatement disponible sur le marché, c’est-à-dire sans effort d’adaptation ou de conception. Dans ce cas, la procédure concurrentielle avec négociation peut être utilisée pour leur passation, quel que soit le degré d’adaptation ou de conception nécessaire.

Selon le ministre de l’Économie, « les marchés publics relatifs à des prestations d’études ou d’ingénierie peuvent, par principe, être passés selon la procédure concurrentielle avec négociation, quelle que soit l’importance des prestations de conception ». Il en va de même pour les marchés de maîtrise d’œuvre d’un montant supérieur aux seuils européens, hormis ceux qui sont soumis à l’obligation d’organiser un concours.

Une utilisation plus limitée pour les marchés de travaux

Par définition, le marché public doit nécessiter des prestations de conception ou d’adaptation. Ainsi, si le pouvoir adjudicateur lance un marché public d’études afin de déterminer la solution la mieux à même de répondre à son besoin puis, compte tenu de ses résultats, un marché public de travaux, le premier peut être passé selon la procédure concurrentielle avec négociation du seul fait qu’il comporte des prestations de conception. Le marché public de travaux qui suivra pourra lui aussi être passé selon cette procédure, à condition qu’il présente des caractéristiques permettant de le faire entrer dans l’un des cas de recours à cette procédure prévus au II de l’article 25 du décret n° 2016-360. Enfin, les marchés publics de  conception-réalisation et les marchés publics globaux prévus, comportant des prestations de conception ou présentant un caractère de complexité, peuvent être passés selon la procédure concurrentielle avec négociation.

Rappelons, en complément à cette réponse ministérielle, que le pouvoir adjudicateur doit pouvoir justifier que les conditions de recours à la procédure concurrentielle avec négociation, qui doivent s’interpréter strictement, sont remplies. À défaut, le marché est entaché d’une nullité que le juge est tenu de soulever d’office.

Dominique Niay

Texte de référence : Question écrite n° 4001 de Mme Agnès Firmin Le Bodo (UDI, Agir et Indépendants – Seine-Maritime), publiée le 19 décembre 2017, Réponse publiée au JOAN le 6 mars 2018, p. 1911