8 mars 2024 : un sceau sur l’IVG, des manifestations pour l’égalité femmes-hommes

Publié le 8 mars 2024 à 8h30 - par

Avant les manifestations prévues dans toute la France pour défendre l’égalité femmes-hommes et les « salariées essentielles mal payées », le 8 mars va être l’occasion d’un moment rare : la pose du sceau sur la Constitution où sera désormais mentionnée la liberté de recourir à l’IVG.

8 mars 2024 : un sceau sur l'IVG, des manifestations pour l'égalité femmes-hommes
© Par Fox_Dsign - stock.adobe.com

La cérémonie du scellement de la Constitution révisée aura lieu à partir de midi, en présence d’Emmanuel Macron, devant le  ministère de la Justice, place Vendôme. Elle sera accessible au public, une première, à l’occasion de cette Journée internationale pour les droits des femmes.

Le président, qui doit s’exprimer, souhaite « une cérémonie populaire, la plus ouverte possible », selon son entourage, afin de marquer « l’aboutissement de ce combat collectif », quelques jours après l’approbation lundi 4 mars 2024 par le Congrès de l’inscription de la « liberté garantie » de recourir à l’avortement. La France est le premier pays à inscrire explicitement l’interruption volontaire de grossesse dans sa Constitution.

La presse avec laquelle sera apposé le sceau date de 1810. Habituellement placée dans le bureau du Garde des Sceaux, elle a été utilisée pour sceller 14 textes depuis 1958, date de naissance de la Ve République, dont la loi sur l’abolition de la peine de mort en 1981.

Auparavant, Emmanuel Macron fera fleurir les tombes de « grandes figures » du féminisme ayant contribué à la révision de la Constitution, dont Françoise Giroud, Gisèle Halimi, Joséphine Baker, Louise Michel, Simone de Beauvoir et Simone Veil.

Revaloriser les métiers féminisés

Pour les associations féministes, invitées à la cérémonie, le 8 mars c’est d’abord « l’occasion de prendre la rue » pour donner de la visibilité et défendre les droits des « salariées essentielles mal payées », des « premières de corvées » et des « femmes victimes de violence », lance Anne Leclerc, membre du collectif.

Une cinquantaine d’organisations, dont des associations et des syndicats, appellent aussi à la grève du travail et des tâches domestiques, à l’image de celles qui ont eu lieu en Espagne ou en Islande, pour réclamer des mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes.

Des manifestations sont prévues dans près de 200 lieux en France, des villes majeures comme Bordeaux, Lyon et Marseille, comme des plus petites, telles Quimper ou Belfort. À Paris, le cortège partira à 14h00 de la place Gambetta vers Bastille.

Les manifestants et manifestantes dénonceront notamment les inégalités salariales, qui existent « dans toutes les entreprises et dans toutes les administrations », souligne Myriam Lebkiri, de la CGT.

Globalement, le revenu salarial moyen des femmes dans le privé est inférieur de 23,5 % à celui des hommes (19 980 euros annuels nets contre 26 110 pour les hommes). Cet écart s’explique en partie par un volume de travail moindre, les femmes étant moins souvent en emploi au cours de l’année et davantage à temps partiel.

Mais à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 14,9 % à celui des hommes. Cet écart s’est réduit au fil du temps, notamment parce que la part de femmes cadres a augmenté : en 1995, le taux était de 22,1 %.

Dans une étude également publiée mardi 5 mars, la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) fait état d’un écart de rémunération de 9,1 % en 2023 entre les hommes et les femmes au sein des fonctionnaires des ministères, à temps de travail identique.

« Depuis dix ans, cet écart a diminué » puisqu’il était de 12,6 % en 2013, constate la DGAFP, dont l’étude couvre 90 % du million et demi de fonctionnaires que compte la fonction publique d’État.

À l’échelle de l’ensemble de la fonction publique (5,7 millions d’agents), les données les plus récentes datent de 2021 et font état d’un écart de 11,3 % entre le salaire net moyen des hommes (2 622 euros) et des femmes (2 326 euros), à quantité de travail équivalente.

Dans le privé, « les différences de salaire s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions », explique l’Insee. Les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs.

Quand les postes sont comparables (profession identique au sein d’un même établissement), l’écart de salaire en équivalent temps plein se réduit à 4 % (contre 4,3 % en 2021), indique l’Insee.

L’étude relève en outre que les femmes sont peu représentées parmi les hauts salaires.

En 2022, elles occupent 41,8 % des emplois dans le secteur privé en équivalent temps plein.

Cette proportion est toutefois « nettement plus élevée parmi les salariés à bas salaires », note l’Insee. Elle atteint « jusqu’à 54,6 % pour des niveaux de salaire autour de 1 340 euros nets mensuels », puis diminue ensuite à mesure que les salaires augmentent. Parmi les 1 % de salariés les mieux rémunérés, leur part n’est plus que de 22,8 %.

Travail domestique inégalitaire

Pour réduire ces différences de revenus, organisations féministes et syndicales réclament une revalorisation des minima sociaux, une hausse des salaires des métiers féminisés comme ceux de l’éducation, du soin ou du nettoyage et l’interdiction du temps partiel imposé.

Dans la sphère privée, les femmes sont « en première ligne » pour l’éducation des enfants et le soin aux proches, relève Julie Ferrua, de Solidaires.

Elles sont donc pénalisées par le manque de crèches ou d’Ehpad publics, dénoncent également associations et syndicats. Ils demandent « la création de services publics de la petite enfance et de la perte d’autonomie ».

Le gouvernement estime qu’il manque environ 200 000 places d’accueil pour les jeunes enfants et a promis de les créer d’ici 2030.

« Quand les parents ne trouvent pas de solution d’accueil, ce sont surtout les mères qui se chargent d’une garde parentale non choisie », confirme une récente étude de la Drees.

Pour tendre vers un meilleur équilibre dans le couple à l’arrivée d’un enfant, le gouvernement planche sur une réforme du congé parental, envisageant un congé plus court mais mieux indemnisé, à hauteur de 50 % du salaire, avec des règles de répartition entre les deux parents.

De manière générale, « la division du travail domestique reste fortement inégalitaires », regrette Soad Baba Aïssa, de l’association Femmes Solidaires. Faire grève « permet aussi de démontrer combien tout ce que nous faisons est essentiel ».

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