Maire-DGS, un couple à l’épreuve de la reprise ?

Publié le 24 juillet 2020 à 10h00 - par

Didier Ostré, DGA de l’Association des Maires de France (AMF), ancien DGS, nous livre son analyse de l’évolution des relations entre les maires et les DGS. Entre la fougue politique post élection et confinement et la volonté administrative de tirer parti de l’expérience de la crise, une contradiction se fait souvent jour qu’il va falloir traiter.

Maire-DGS, un couple à l’épreuve de la reprise ?
© Didier Ostré, DGA de l’Association des Maires de France (AMF)

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Les acteurs publics face à la crise sanitaire
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Commençons par un constat : le niveau local s’est imposé pendant la crise et notamment le niveau municipal, quelle que soit la taille des communes d’ailleurs.

Un binôme incontournable

Par-delà la diversité des situations, il est reconnu aux maires et aux administrations locales d’avoir le plus souvent réussi à apporter les réponses concrètes aux défis d’inégalités (école à la maison et numérique par exemple) ou d’injustice (aide alimentaire) ou d’absence de PCA qu’il a fallu construire dans l’urgence et le dialogue.

Le début du confinement et le premier tour des élections ont quasiment coïncidé. Ce sont donc des maires élu.e.s, déchu.e.s, ou en campagne, qui ont dû gérer la crise avec des administrations parfois prises en étau entre deux édiles. Même si la crise a été au cœur de la campagne pour le second tour, les équipes municipales désormais installées, se projettent dans l’avenir avec une certaine impatience pour mettre en œuvre leur programme, anticiper les crises qui s’annoncent e répondre aux nouveaux enjeux que la ou le maire a cristallisés sur lui depuis la crise.

Souvenons-nous qu’il y a encore quelques années « nous ne donnions pas cher de la commune » et que beaucoup pariaient sur l’intercommunalité. Aujourd’hui, la commune est redevenue incontournable et le maire un personnage central de l’État. La crise a transformé le besoin de proximité en exigence de proximité. Les maires se doivent de répondre au besoin de contact et de substitution à l’État dès que celui-ci est défaillant. Ils sont identifiés comme les premiers interlocuteurs institutionnels. Si, jusque-là, les habitants avaient du mal à distinguer ce qui relevait de la responsabilité de la ou du maire ou d’autres échelons, aujourd’hui les habitants ne veulent plus se poser la question. Ils veulent s’adresser au maire, à elle ou lui de faire le lien ensuite.

La relation entre le DG et l’élu.e est forcément une relation de tension, mais au sens positif du terme

Cette mise en tension est nécessaire et se vit dans la complémentarité de leur profil et de leur fonction, entre le politique, d’une part et l’opérationnel, de l’autre.

Les équilibres varient mais les mélanges de genre ne s’opèrent pas. Je ne connais pas de DGS qui soit essentiellement politique ou de maire qui s’inscrivent uniquement dans l’opérationnel « même si certains sont plus dans l’opérationnel que d’autres » affirme Didier Ostré.

La crise a permis de nouveaux équilibres dans cette tension, ponctuels ou plus structurels, mais elle n’en a pas changé la nature. C’est un nouveau pas de deux entre le politique et l’opérationnel qui s’ouvre et que les processus de participation travaillent également.

Un nouvel équilibre doit se dessiner

De manière générale, il est évident que cette période de crise a été perçue par les élu.e.s comme une longue parenthèse qu’elles et ils souhaitent refermer le plus vite possible. Il y a donc de leur part une volonté d’aller vite, comme pour gommer cet épisode qui les a entravés. Cela se traduit par des changements de méthodes.

Concrètement, beaucoup d’élus, y compris ceux réélus, pensent qu’il faut changer de mode de gouvernance voire d’équipe, de DG et de DGS. Cela y compris dans les hypothèses où la crise a été gérée dans une vraie complicité entre élu.e.s et DGS, ce qui n’est donc pas sans créer de surprise.

Une sorte de dichotomie s’est ouverte entre l’administration locale et les DGS, d’une part qui souhaitent concrétiser un véritable retour sur expériences, et des élu.e.s, de l’autre, qui veulent avancer et non « regarder dans le rétroviseur », ce d’autant plus que les crises à venir justifient d’agir vite.

Si cette tension n’est pas encore équilibrée, il n’y a pas là une contradiction notoire pour Didier Ostré. C’est une question de méthode. En effet, pour être plus efficace il sera impératif de tenir compte des difficultés rencontrées pendant la crise, de pallier les faiblesses et de s’appuyer sur les forces identifiées de l’administration pour y répondre.

Les DGS doivent se faire entendre sur ce point pour que les élu.e.s comprennent qu’ils doivent prendre en compte la période écoulée. C’est tout simplement une condition pour l’efficacité de leur programme et des réponses apportées aux citoyens.

Séverine Bellina et Hugues Perinel, Réseau service public


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