L’action publique en faveur de la mixité des emplois reste insuffisante

Publié le 23 mai 2017 à 5h38 - par

Il existe peu de politiques publiques pour promouvoir la mixité professionnelle. Une mission menée par l’Igas et l’IGAENR formule des propositions pour améliorer ces actions.

L'action publique en faveur de la mixité des emplois reste insuffisante

Affirmée depuis de nombreuses années, la mixité des emplois reste globalement un vœu pieux, selon la mission d’évaluation des actions publiques relatives à la mixité des métiers, menée par l’Igas (Inspection de l’administration générale) et l’IGAENR (Inspection générale de l’administration, de l’éducation nationale et de la recherche). Dans un rapport* à mi-parcours, publié en avril, elle relève en effet « une affirmation constante de l’objectif de promotion de la mixité, mais des résultats mitigés et un manque de moyens pour conduire les actions publiques ».

Le pilotage des actions publiques dédiées à la mixité ne permet pas d’impulser une dynamique dans les différents réseaux territoriaux, et l’investissement en matière d’égalité professionnelle varie selon les territoires, poursuit la mission. En outre, en l’absence de recensement des actions publiques, il est impossible de mesurer quelle part des cibles potentielles des politiques de mixité est réellement touchée, mais c’est sans doute marginal. Les actions, souvent ponctuelles, de lutte contre les stéréotypes et de sensibilisation à la mixité des métiers, contribuent à faire évoluer les mentalités, mais il manque une politique à long terme.

Les intervenants rencontrés par la mission estiment qu’il faut en priorité sensibiliser tous ceux dont les pratiques professionnelles pourraient avoir un effet sur l’information, l’orientation et la formation des jeunes et des adultes, ainsi que sur le recrutement et l’encadrement dans les entreprises. Ils soulignent aussi la difficulté à convaincre les parents d’élèves et les chefs d’entreprise. Par ailleurs, pour éviter toute position de rejet ou de déni, la question des stéréotypes ne doit pas être abordée de front ou en culpabilisant les personnes. Les méthodes interactives peuvent être utilisées avec succès dans le cadre scolaire, ainsi que le théâtre interactif et l’humour dans les entreprises. En matière d’orientation, l’échange direct avec des professionnels qui ont effectué des choix atypiques semble efficace.

La mission considère qu’une politique de mixité professionnelle ne portera ses fruits qu’en combinant cohérence et constance des actions à long terme, et en ciblant toutes les personnes en contact avec les jeunes scolarisés et les adultes à la recherche d’un emploi ou d’une reconversion professionnelle.

Elle préconise aussi de distinguer la mixité des métiers – qui vise l’égalité professionnelle, la liberté effective des choix de vie, et présente un enjeu économique – de la parité dans les organes de décision.

Une campagne de communication grand public et des plans d’action, respectivement sur les métiers du numérique et sur les métiers sanitaires et sociaux, apporteraient davantage de visibilité à cette politique. Par ailleurs, tous les ministères doivent contribuer à promouvoir la mixité, en amplifiant des politiques telles que la lutte contre le sexisme ou la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale…

Il conviendrait aussi de créer un indicateur synthétique d’écart à la mixité pour améliorer la mesure des évolutions.

 

Marie Gasnier

 

* Source :  Évaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers, Rapport, avril 2017