La FHF veut déclencher un plan de bataille pour les ressources humaines à l’hôpital

Publié le 6 février 2023 à 9h30 - par

Pour remédier aux importantes difficultés de ressources humaines que connaissent les hôpitaux publics, la FHF propose de renforcer rapidement et durablement leur attractivité.

La FHF veut déclencher un plan de bataille pour les ressources humaines à l'hôpital
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Même si les effectifs des établissements publics de santé ont augmenté de 3 % entre 2019 et mai 2022, reconnaît la Fédération hospitalière de France (FHF), la quasi-totalité (99 %) des hôpitaux déclare des difficultés de recrutement, avec néanmoins des situations variables d’un territoire et d’une spécialité à l’autre. Des difficultés structurelles persistent et les vacances de postes demeurent importantes à l’hôpital public. Il manque environ 15 000 infirmières et infirmiers (soit 5 à 6 % des postes), 5 000 aides-soignant(e)s (2,5 % des postes) et près de 30 % des postes de praticiens hospitaliers titulaires sont non pourvus ! À cela, s’ajoute un taux d’absentéisme moyen qui continue de progresser. Il est passé de 7,5 % en 2012 à 9 % en 2019, pour atteindre 10 % en 2022, avec un pic à 12 % durant l’été !

Au-delà des besoins quantitatifs de recrutements, le Comité éthique de la FHF a lancé une enquête auprès de 7 000 professionnels de l’hôpital public – infirmières et infirmiers, aides soignant(e)s, médecins, directeurs, chefs de pôle ou de service, cadres de santé, agents administratifs… – pour mesurer avec précision leurs attentes et vécus sur chaque sujet. Celle-ci révèle qu’une très large majorité des professionnels interrogés sont fiers de leur métier (80 %), et conscients de leur utilité (91 %). En revanche, une grande majorité considère que leur travail génère du stress (89 %), notamment du fait du manque de moyens humains et matériels et de la sur-sollicitation dont ils sont l’objet. La cohésion d’équipe et la qualité du management s’avèrent majeurs dans les critères de qualité de vie au travail exprimés par les professionnels. Près des trois-quarts d’entre eux ont « l’impression d’une transformation majeure de l’exercice de leur métier », laquelle appelle à des mesures structurantes pour redonner au service public de santé son attractivité. Il ressort de l’enquête que « la situation sur le plan des ressources humaines est difficile, mais aussi porteuse d’espoir, commente le président de la FHF, Arnaud Robinet. Plus de 4 professionnels sur 5 sont fiers de leur métier, métiers qui ont et auront toujours du sens. L’autre conclusion de cette enquête est que nous sommes à un moment de transformation des métiers, 75 % des professionnels estimant que leur exercice a changé. Nous devons donc tout repenser : modalités de formation, nombre de recrutements, respect de la vie personnelle, partage de la pénibilité ».

Sans attendre et pour nourrir le débat public, la FHF a élaboré « un plan de bataille pour les ressources humaines », présenté le 1er février 2023 et destiné aux ministres concernés. Pour la Fédération, c’est « l’urgence ». Pour permettre « d’engager des recrutements dans la durée et d’améliorer les conditions de travail », le plan de bataille concocté par la FHF s’articule autour de trois objectifs.

Premier objectif : Augmenter le nombre de professionnels formés

En premier lieu, la FHF préconise un élargissement « volontariste » des quotas de formation des infirmiers diplômés d’État (IDE) et des aides-soignants (AS), ainsi qu’un approfondissement du numérus apertus en médecine. En particulier, la Fédération recommande :

  • Que d’ici 2025, le nombre de places ouvertes en 1re année de formation soient portées à 40 000 pour les infirmières et infirmiers, 32 500 pour les aides-soignant(e)s et 12 000 pour les médecins ;
  • Que soient créés 1 000 postes hospitalo-universitaires, ainsi qu’un statut d’enseignant-associé pour les praticiens hospitaliers (PH), afin d’accroître les moyens des facultés et instituts de formation.

En second lieu, la FHF demande la facilitation de l’accès à la formation continue et l’assouplissement des voies de passage entre les carrières médicales. Cela suppose de développer l’accès à la VAE et le recours à l’apprentissage, mais aussi d’ouvrir la possibilité d’une seconde carrière médicale avec des passerelles adaptées, notamment en direction des disciplines prioritaires en matière de santé publique (médecine du travail, gériatrie, médecine polyvalente…).

Afin d’être efficace, une telle stratégie devra faire l’objet d’une planification pluriannuelle concertée à l’échelle territoriale, associant ARS, régions et fédérations d’employeurs, insiste la Fédération.

Deuxième objectif : Améliorer la coordination et le travail en équipe des professionnels de santé

Pour accompagner cette nécessaire évolution, la FHF a identifié deux leviers :

  • L’évaluation des formations initiales et leur évolution, qui doit permettre : de mieux valoriser la coopération entre professionnels dès leurs études ; d’associer davantage, sous l’égide des CHU, les établissements publics non universitaires ; de valoriser les compétences transversales pour prendre en charge des patients de plus en plus polypathologiques ; et de revoir la nomenclature des actes pour inciter au choix de spécialités conformes aux priorités de santé publique ;
  • Accompagner l’évolution des métiers du soins, notamment en développant les équipes pluriprofessionnelles, les protocoles de coopération et les pratiques avancées, et en assurant une meilleure reconnaissance statutaire de la formation continue.

Dans ce cadre, la Fédération prône une campagne de communication massive à propos des professions de santé « pour nourrir la dynamique d’attractivité du service public de la santé, notamment en faisant mieux connaître les rémunérations, qui sont souvent l’objet d’idées reçues aujourd’hui ».

Troisième objectif : Amplifier les politiques d’attractivité et de fidélisation au sein des hôpitaux publics

La FHF appelle à « améliorer les conditions de travail des professionnels et mieux valoriser leur engagement exceptionnel. » La priorité doit être de tendre vers un meilleur partage des contraintes entre tous les acteurs de la santé et une revalorisation pérenne des rémunérations du travail de nuit et de week-end. Pour ce faire, la Fédération juge « impératif » :

  • D’instaurer un schéma de permanence des soins (PDS) commun entre établissements publics et privés et avec le secteur ambulatoire pour concrétiser la notion de « responsabilité collective » en cours d’inscription dans la loi ;
  • De revaloriser de manière pérenne les indemnités hospitalières de permanence des soins (maintien du tarif majoré de 50 % des sujétions), les indemnités de travail de nuit et de rénover le dispositif des astreintes pour aller vers davantage de forfaitisation ;
  • De donner aux établissements les mêmes possibilités d’ajuster les modalités de rémunération du temps de travail supplémentaire des médecins que celles qui existent pour les professions paramédicales en tension ;
  • De lutter contre les dérives de l’intérim en fixant des critères d’accès à ces missions ;
  • De favoriser l’exercice mixte public/libéral par l’extension à l’ensemble des professions paramédicales de l’exercice à temps non complet.

Selon la FHF, il convient ensuite de mieux valoriser l’engagement des agents via une refonte du régime indemnitaire autour des critères de la technicité du poste, du management, des contraintes d’exercice et de l’investissement individuel, et un maintien dans la durée des crédits pour financer les primes d’engagement collectif et d’inscrire dans le temps cette dynamique de projets. La question de la pénibilité doit également « être prise à bras le corps au moyen d’un meilleur financement de la prévention ».

La conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle constitue, par ailleurs, « un enjeu majeur dans un secteur soumis à des sujétions exorbitantes », rappelle la Fédération. Elle suggère donc d’aider financièrement les établissements pour créer davantage de solutions de gardes d’enfants dans les murs de l’hôpital, mais aussi de travailler avec les collectivités pour faciliter l’accès au logement des agents publics hospitaliers.

Enfin, il faut redonner de la souplesse aux établissements en confortant le binôme directeur/PCME comme tandem de pilotage et en améliorant la formation au management des chefs de service et des cadres de proximité, est convaincue la Fédération. « Nous attendons désormais des pouvoirs publics que ces propositions soient sérieusement discutées et qu’un plan d’action concret soit mis en œuvre par les pouvoirs publics », conclut le président de la FHF.
 

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Attractivité et recrutement de la fonction publique : conseils et retours d’expériences


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