L’eau plus chère l’été : Toulouse passe à la tarification saisonnière

Publié le 5 avril 2024 à 10h30 - par

Toulouse et 36 communes voisines ont voté jeudi 4 avril 2024 en faveur d’un nouveau tarif de l’eau à partir de juin, plus cher sur la période estivale pour inciter à l’économie, et plus bas le reste de l’année, une première pour une grande métropole française.

L'eau plus chère l'été : Toulouse passe à la tarification saisonnière
© Par Eleatell - Pixabay.com

La délibération a été adoptée en fin d’après-midi par le conseil des 133 élus de Toulouse Métropole, l’établissement public qui regroupe Toulouse et ses voisines, un bassin de population de 850 000 habitants.

Elle valide un nouveau tarif saisonnier qui entrera en vigueur dès le 1er juin 2024 et qui prévoit, jusqu’en octobre, c’est-à-dire durant les mois de la période d’étiage (en hydrologie, le débit minimal d’un cours d’eau, ndlr) une hausse de 42 % du prix du mètre cube d’eau et une baisse de 30 % sur les sept mois restants, du 1er novembre au 30 mai.

« Il y a eu une solide majorité d’élus métropolitains qui ont compris la réforme et qui l’ont adoptée et je suis content surtout parce qu’on va pouvoir l’appliquer de suite », a affirmé le maire DVD de la quatrième ville de France et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc. « On nous annonce un été 2024 assez inquiétant : les retenues d’eau qui alimentent le débit d’étiage de la Garonne pendant l’été sont véritablement au plus faible niveau qu’elles n’ont jamais connu », a-t-il dit, alors que le fleuve est la principale source d’approvisionnement en eau de la métropole.

« Pionniers »

« Toulouse Métropole, parmi les 22 métropoles françaises, est la première à décider cela, donc nous sommes pionniers, nous sommes innovants », s’est félicité M. Moudenc. « La ressource en eau, c’est pour beaucoup la consommation nécessaire à la production agricole, mais c’est aussi les grandes villes, les métropoles, il y a 850 000 habitants sur la métropole, penser qu’ils ne devraient pas faire d’effort ou qu’ils devraient envisager des efforts pour plus tard, ce ne serait pas très responsable et pas très solidaire vis-à-vis du monde rural », a-t-il jugé.

La nouvelle tarification et la méthode adoptée par la majorité pour la mettre en place ont été critiquées par l’opposition au sein de Toulouse Métropole, et notamment par Karine Traval-Michelet, la maire PS de Colomiers, 2e commune la plus peuplée de l’agglomération. Le nouveau tarif, a-t-elle estimé, « n’est pas incitatif, mais c’est clairement punitif, cela tombera sur les personnes les plus en difficulté ». « Nous aurions souhaité un temps pour la communication, la responsabilisation et le débat avec la population », a-t-elle ajouté, fustigeant une tarification « inéquitable », « absolument pas innovante » et dont il n’est pas démontré qu’elle permettra de faire des économies d’eau.

Tarification progressive

Sur ce dernier point, Hélène Magdo, conseillère métropolitaine et municipale pour La France Insoumise (LFI), s’est également dite perplexe, évoquant une « mesure cosmétique ». « Ayez l’honnêteté de dire que c’est une grande campagne de communication avec de l’argent en plus pour Veolia », a-t-elle également lancé alors que l’opposition au sein du conseil s’est interrogée sur l’étendue des compensations dont pourrait bénéficier l’entreprise, délégataire de service public, pour la gestion de l’eau.

Une large part de l’opposition plaidait également en faveur d’une tarification progressive de l’eau, jugée plus sociale, car elle permettrait de faire payer plus cher ceux qui consomment plus, mais, selon l’exécutif métropolitain, elle se heurte au fait que les compteurs d’eau sont à 70 % collectifs et ne permettent pas d’individualiser les consommations.

Côté associations d’usagers, la tarification saisonnière laissait également songeur : « cela doit pousser à économiser davantage en été, mais c’est tout le temps qu’il faut économiser l’eau », a souligné Lucien Sanchez, du collectif Eau Secours 31 qui voit dans la baisse du tarif sur la période « hivernale » un signal désengageant pour les citoyens.

Et alors que la baisse de la consommation, sans modification de tarif, a déjà été de 7 % sur la métropole en 2023, « est-ce qu’ils vont économiser davantage avec ce nouveau tarif qui a une dimension punitive  ? Ça reste à voir », a jugé M. Sanchez.

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