Avec une épargne brute quasiment stable en 2021, les communes de moins de 5 000 habitants restent fragilisées à l’issue de la crise sanitaire, alors qu’elles étaient davantage épargnées que les communes de 5 000 à 25 000 habitants. C’est ce qui ressort du Regard financier sur les petites villes, étude annuelle effectuée par la Banque postale pour le compte de l’Association des petites villes de France (APVF), publiée le 6 décembre 2022. Des écarts qui devraient se creuser en 2022 et en 2023, notamment en raison de la crise énergétique. En effet, les dépenses d’énergie sont nettement plus élevées dans ces plus petites villes : soit 5,3 % des dépenses réelles de fonctionnement dans les villes de moins de 5 000 habitants, contre 3,8 % dans celles de plus de 15 000 habitants. Avec, en outre, des disparités importantes : la facture va de quelques euros et près de 200 euros par habitant. « Une attention particulière devra donc être portée à ces petites villes déjà ébranlées par la crise sanitaire », précise l’étude.
Le premier « filet de sécurité » énergie devrait bénéficier à un peu plus de 1 000 petites villes, sur un total de plus de 8 000 communes à l’échelle nationale. Rappelons que cette aide a été instaurée par la loi de finances rectificative (LFR) du 16 août 2022, pour compenser au bloc communal l’augmentation des prix de l’énergie, de l’électricité, du chauffage urbain et des produits alimentaires ainsi que la hausse du point d’indice. L’estimation a été réalisée sur la base d’une hausse de 50 % des dépenses d’énergie et de 20 % des dépenses d’achats alimentaires.
En 2021, les investissements des petites villes ont grimpé de + 4,3 %, et le niveau important des ressources leur a permis de se désendetter (l’encours de dette a baissé de 2,7 %, à 780 euros par habitant) et d’abonder leur trésorerie (dont le niveau a progressé de 13 %). Cette situation favorable fin 2021 constituait une base solide pour que les petites villes affrontent les aléas financiers : inflation, hausse du point d’indice, remontée des taux d’intérêts… Mais, étant donné le poids de la contrainte énergétique, qui représentaient déjà plus de 5 % des dépenses de fonctionnement en 2021 pour la plus petite strate, nombre d’entre elles ne seront pas à l’abri de difficultés budgétaires.
Les dépenses de fonctionnement, après une année 2020 atypique (- 1,9 %), sont reparties à la hausse en 2021 (+ 2,8 %). Idem pour les recettes de fonctionnement qui ont augmenté de 2,9 % en 2021 et diminué de près de 1 % en 2020, en raison des lourdes pertes de recettes tarifaires.
Le budget total hors dette des petites villes (budgets annexes inclus), s’élève à 36,5 milliards d’euros. Elles dépensent en moyenne 1 387 euros par habitant : une augmentation de 3,3 % par rapport à 2020. Quant aux dépenses de fonctionnement, elles atteignent 27 milliards d’euros (budgets principaux) en 2021. Soit 1 025 euros par habitant ; une somme en hausse de 2,8 % par rapport à 2020, mais un niveau seulement « très légèrement supérieur » à celui de 2019.
Avec 198 euros par habitant, l’épargne brute des petites villes compte 5,2 milliards d’euros en 2021. Elle finance les remboursements d’emprunts et les dépenses d’investissement (hors remboursement de la dette), ces dernières s’élevant à 8,3 milliards d’euros en 2021, soit 314 euros par habitant en moyenne.
Marie Gasnier
L’étude porte sur les comptes 2021 des 4 095 petites villes comprises entre 2 500 et 25 000 habitants qui totalisent 26,3 millions d’habitants (39 % de la population). |
Livre blanc
Entre inflation et sobriété énergétique : de quels leviers disposent les établissements publics ?
Les établissements publics et collectivités subissent de plein fouet les augmentations conséquentes de leurs factures d’énergie. Comment faire face, tout en alliant transition énergétique et transition écologique ? De quels leviers peuvent disposer les établissements publics pour ...