Nicolas Pernot : « Nous avons vécu la crise au rythme des saisons ! »

Publié le 28 janvier 2021 à 9h25 - par

Il y a quelques mois, durant le premier confinement, nous avions interviewé plusieurs acteurs publics pour qu’ils témoignent de leurs actions afin notamment de maintenir une continuité d’activité et protéger les agents. Quel regard portent-ils aujourd’hui sur leurs priorités, leurs inquiétudes ou leurs espoirs ? Entretien cette semaine avec avec Nicolas Pernot, DGS de la Région Grand Est.

« La crise a du bon : elle nous oblige à des remises en cause, à changer nos habitudes et à stimuler nos réflexions »

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Solidaire du service public
Covid-19 : des acteurs publics face à la crise sanitaire
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Nicolas Pernot, DGS de la Région Grand Est

Nicolas Pernot

L’été : l’impact du déconfinement

L’été fut le temps de l’urgence financière. Nos collectivités, et particulièrement les régions, risquaient une perte massive de leurs recettes. Pour nous, plusieurs centaines de millions. Nos prospectives entrainaient une réduction drastique de l’investissement au moment où tous les acteurs avaient besoin d’un soutien inédit.

C’est dans cette période qu’a été bâtie l’architecture du dispositif qui allait tout changer : remplacement de la CVAE par la TVA dans notre panier de ressource, enveloppe de 600 millions d’euros d’appui à l’investissement pour les régions, financements exceptionnels par les fonds européens Réact EU et fond de transition juste.

Nous étions armés pour accompagner ce qu’on espérait être la reprise après avoir écarté le risque de la panne sèche !

L’automne : préparer les grands chantiers à venir

L’automne sera donc la saison des plans. Nous nous sommes projetés pour préparer les grands chantiers à venir. En premier lieu, la finalisation du Business act qui avait rassemblé toutes les forces vives de la Région pour formuler des centaines d’idées d’actions concrètes à mettre en œuvre. Il fallait transformer ces intentions en projets concrets et financés.

En second lieu, nous avons bâti avec l’État en Région, le plan de relance (1,2 milliard) avec à la clé des projets lourds pour 2021 et 2022 pour la transition énergétique, les lignes ferroviaires de desserte du territoire, la transition numérique…

Enfin, cette période très active fut celle de la préparation d’un budget ambitieux, du cadrage du contrat de plan État/Région et des grandes lignes de la future programmation des fonds européens. Un vent d’espoir a soufflé avant que reviennent la Covid et son lot d’incertitudes.

L’hiver : « une guerre d’usure qu’il va falloir mener »

L’entrée dans l’hiver nous ramène aux effets de long terme de cette crise sanitaire, une guerre d’usure qu’il va falloir mener.

Les effets secondaires du télétravail massif se font sentir avec le risque de décrochage d’une partie de nos agents. Nous allons renforcer le soutien psychologique et organiser le retour régulier – une fois par semaine – pour garder les liens indispensables.

La collaboration avec l’État est plus tendue. Les difficultés d’organisation de la campagne vaccinale illustrent la contradiction d’un État plus vertical au fur et à mesure que la crise s’installe et le besoin de transversalité et de coopération que le terrain fait remonter, sans succès.

Enfin, l’incertitude sur les perspectives de sortie de crise sanitaire avec l’irruption des variants. L’impossibilité de baisser la garde épuise les énergies des acteurs dont le sens de l’initiative et l’esprit innovant avaient marqué le printemps dernier.

Les « acquis » de cette période hors norme demeurent des atouts pour aborder l’année incertaine qui s’ouvre.

Il nous faut remobiliser les énergies ce qui s’avère, pour l’échelon régional, plus délicat alors que le calendrier électoral fut d’abord décalé puis devint incertain.

Pour autant, les ″acquis″ de cette période hors norme demeurent des atouts pour aborder l’année incertaine qui s’ouvre.

La maitrise des outils de travail à distance, l’extrême réactivité pour répondre aux sollicitations, l’habileté à préserver des liens et des manières d’agir ensemble malgré les contraintes ont profondément fait évoluer le mode de rapport au travail. La capacité d’autonomie renforcée que j’évoquais il y a quelques mois est désormais une réalité qu’il faudra préserver et renforcer encore dans le futur.

De même, l’enjeu central du management est apparu à tous plus évident en raison même de devoir l’assumer en dehors de réunions physiques. Notre école interne de management va jouer un rôle plus fort encore en 2021 pour répondre aux attentes que la crise a exacerbées.

La cérémonie des vœux, cette année sous forme d’émission retransmise, a été suivie par un nombre plus important d’agents que lors des réunions présentielles. Et avec une grande satisfaction, comme la promesse d’un retour prochain à plus de visibilité et donc de perspectives.

Propos recueillis par Hugues Perinel