Services publics : que proposent les candidats au second tour des élections présidentielles ?

Publié le 20 avril 2022 à 7h45 - par

En période électorale, les promesses sont nombreuses. Décryptage de quelques propositions figurant dans les programmes de Marine Le Pen et Emmanuel Macron, candidats au second tour des élections présidentielles.

Services publics : que proposent les candidats au second tour des élections présidentielles ?

Après plus de deux ans de pandémie, la santé est bien évidemment au cœur des programmes. Le président Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, promet d’adopter un plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants à l’hôpital, et de lutter contre les déserts médicaux : assistants de médecins de ville, actes et prescriptions réalisés par les pharmaciens et infirmiers, articulation entre médecine de ville et hôpital (hôpital hors les murs, participation plus large aux gardes…), développement de la téléconsultation… Pour sa part, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), prévoit un plan d’urgence de 20 milliards d’euros pour la santé, la suppression des agences régionales de santé (ARS) et la réduction à 10 % des postes administratifs dans les hôpitaux, afin de libérer des moyens pour les soignants. Elle veut aussi s’atteler aux déserts médicaux, en créant des incitations financières « fortes » pour les soignants qui s’installent en zones sous-dotées et en augmentant le nombre des maisons de santé. La candidate du RN stopperait la fermeture de lits d’hôpitaux et revaloriserait les salaires des soignants.

Concernant l’éducation, Marine Le Pen promet de revaloriser les salaires des enseignants et de dédoubler les classes de grande section et de CP. Emmanuel Macron souhaite notamment « revaloriser » les professeurs en leur confiant de nouvelles missions, renforcer l’autonomie des établissements scolaires ou encore créer des contrats de 35 heures pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

En matière de sécurité, Marine Le Pen souhaite augmenter le budget de la sécurité et de la justice de 1,5 milliard d’euros par an, créer 7 000 postes de policiers et gendarmes et porter à 20 000 le nombre de magistrats. De plus, elle voudrait que les forces de sécurité soient créditées d’une présomption de légitime défense. Emmanuel Macron veut, lui aussi, renforcer les effectifs : recrutement de 7 500 policiers, 2 500 gendarmes et 8 500 magistrats et personnels de justice. En cas de réélection, il s’engage à créer 200 nouvelles brigades de gendarmerie et une « force d’action républicaine » (réunissant forces de sécurité, magistrats, équipes éducatives…) qui aurait pour mission de rétablir en urgence l’ordre dans les quartiers en crise. L’actuel président de la République envisage de faciliter le dialogue entre police, gendarmerie et population sur les priorités de sécurité et de proximité – par messagerie instantanée notamment. Le dépôt de plainte pourrait se faire en ligne pour de nombreux délits : piratage de carte bancaire, vol… En outre, les délinquants qui s’en prennent aux dépositaires de l’autorité publique se verraient privés de leurs droits civiques.

Emmanuel Macron, qui souhaite créer un guichet unique pour toutes les démarches des citoyens ainsi qu’un numéro de téléphone unique « avec une personne au bout du fil », prévoit de renforcer le réseau des sous-préfectures, continuer à développer les maisons France services, multiplier les tiers-lieux et renforcer l’offre éducative après la classe dans les quartiers et les zones rurales lorsque c’est nécessaire. Le président-candidat entend aussi achever la couverture en fibre optique du territoire en 2025, comme il s’y était déjà engagé. Marine Le Pen évoque surtout la résorption des zones blanches et grises de téléphonie mobile et la lutte contre l’illectronisme. Estimant que la dématérialisation des services publics ne doit pas conduire à exclure une partie des citoyens de l’accès à ces services, elle s’engage à maintenir une présence physique d’agents ou, au minimum, un numéro de téléphone de contact. La présidente du RN insiste sur la nécessité de préserver la souveraineté numérique : recours prioritaire à des entreprises françaises ou européennes pour les services et matériels informatiques dans la commande publique, hébergement de données (des Français, entreprises et services publics) confié obligatoirement à des entreprises françaises ou européennes, renforcement de la cybersécurité et maîtrise du cyberespace. Pour cela, elle augmenterait notamment les capacités de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) et de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure).

Sur l’organisation territoriale, Emmanuel Macron estime qu’il conviendrait de clarifier les compétences État collectivités, donner davantage de place au bloc communal et faire confiance aux territoires. Pour simplifier le « millefeuille » territorial, des « conseillers territoriaux » pourraient remplacer, à la fois, les élus départementaux et les élus régionaux, dans l’optique : « une mission, un responsable ». Et les projets gagneraient à être coconstruits plus en amont des politiques communes. Si elle exclut l’élaboration d’une nouvelle loi de réforme des collectivités, Marine Le Pen propose de simplifier, elle aussi, le « millefeuille » et d’ajuster certaines dispositions de la loi 3DS. Elle considère que la commune doit être libre de déléguer à l’intercommunalité les compétences les plus susceptibles d’y être exercées. Une concertation avec l’État serait nécessaire pour imposer aux collectivités des décisions à prendre localement afin de se conformer à la loi.

Marie Gasnier


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