Management

Interview de Mathieu Lheriteau – DGS d’Agglopolys, Communauté d’agglomération de Blois

> Voir la fiche de l'émission 7min Publié le 27 janvier 2020

Entretien avec Mathieu Lheriteau, Directeur Général des Services d’Agglopolys, Communauté d'agglomération de Blois

Les élections locales de 2020 approchent et on annonce un renouvellement important des équipes d’élus. Quels sont les secrets du couple élu/DGS, en particulier dans les premiers temps du mandat ?

Je ne sais pas s'il y a un secret, il y a plutôt des petites techniques, des petits trucs. J'aime mieux ce terme truc que secret : le plus important c'est d'établir la confiance avec l'élu exécutif et les élus au sens au sens large.
Pour créer cette confiance, je mets en avant trois petits trucs :

  • la compétence ; le DG est évidemment quelqu'un de compétent et compétent non pas seulement au sens de sa technicité mais par sa capacité à mobiliser des équipes, à porter des politiques publiques. On attend ce supplément du DG par rapport à ses équipes.
  • la transparence : pour que les élus se sentent associés, impliqués, et en confiance, il faut que le DG puisse leur dire en toute transparence les difficultés, les points forts et les points faibles, ce qui sera réalisable ou non et c'est de cette façon qu'ils vont créer un lien. Si le DG est en position un peu renfermé ou au contraire se met trop en avant, ça ne peut pas être positif. Il faut qu'il y ait un ait un bon positionnement et ce positionnement c'est celui de la neutralité, de la transparence et c'est ce positionnement qui est une preuve de loyauté.
  • réaliser un audit de début de mandat : il faut faire un état des lieux de la collectivité aux élus qui arrivent dans la collectivité pour leur permettre de la connaître de l'intérieur et pas seulement avec leur vision extérieure de citoyens avant leur élection.
    Le pendant de cet audit, c'est un projet de mandat et dans les 6 premiers mois c'est construire ce projet de mandat en partant du projet politique pour le transformer en outil qui va servir pendant six ans sur la mandature.

Quels sont les enjeux majeurs des prochains mandats locaux ?

Pour moi le prochain mandat c'est une révolution totale, et qu'il y ait alternance ou pas alternance d'ailleurs. Nous sommes confrontés à deux sujets majeurs, le premier que je qualifierai de recentralisation. On a un  État qui dans la fin du mandat actuel continue de contrôler fortement les dépenses publiques avec la suppression de la taxe d'habitation, et donc perte d'autonomie fiscale et alourdissement des normes.
L'État qui ne sait pas gérer ses impôts, supprime la taxe d'habitation et bientôt va culpabiliser les collectivités locales sur le changement climatique. Il n'arrive pas à respecter les accords de Paris, et je prends le risque de dire aujourd'hui que ce sont les collectivités locales qui dans les six premières années vont être mises en cause et on le dit déjà aujourd'hui le gaspillage alimentaire c'est les cantines scolaires, le gasoil c'est les transports publics, etc. Et donc on met en cause les collectivités et je crois qu'effectivement ça va être ça notre défi de démontrer que nous sommes plus vertueux que l'on veut bien le dire et l'être encore plus.
C'est pour cela que c'est une révolution même pour les élus qui vont être en continuité et qui vont devoir changer de discours, et même pour les DG plus compliqué parce qu'il ne faudrait pas - et je le souhaite à aucun de mes collègues et pas à moi premier chef - que l'on soit le changement quand l'élu ne change pas et qu'il change son DG pour marquer ce changement. Ça peut être un risque et il faut qu'on l'assume collectivement.

Le thème de cette édition de Territorialis est : les « services publics et citoyens ». Quelles politiques publiques et citoyennes ont été engagées sur votre territoire ?

C'est le troisième défi que je n'ai pas cité dans cette révolution c'est le renouvellement de la relation citoyenne. À la communauté d'agglomération de Blois Agglopolys, nous avons terminé une enquête auprès des habitants sur les mobilités. On a lancé une nouvelle délégation de service public de transport public et avant de lancer cette délégation, on a fait deux outils de concertation, un sondage web sur les grands enjeux et des ateliers participatifs pour approfondir le contenu de ce sondage. La participation doit être au cœur des enjeux pour les collectivités et il faut que les DG se l'approprient et que ça ne soit pas une défiance.
Nous devons être les fers de lance de la concertation et de la participation citoyenne et pour cela il faut s'appuyer sur les outils numériques. Outre ma casquette Agglopolys, j'ai développé le livre blanc pour la transformation des collectivités locales qui met en avant que les outils numériques sont la solution pour facilement contacter le citoyen, avoir des retours et pouvoir effectivement être en interaction.

Propos recueillis par Nathalie Marthe-Bismuth, le 8 novembre 2019 à Territorialis.

Publié le 27 janvier 2020 7min

Share to Facebook Share to Twitter Share to LinkedIn